« Lorsque l’enfant parait, le cercle de famille applaudit ! » disait l’autre ; « Lorsque Amadou Koufa est mort, le cercle des soldats applaudit », se dit – on à Bamako et à Paris. Le contexte n’a rien d’analogue mais disons tout simplement que le soulagement et la fierté sont les deux éléments déterminants de cette affaire. Tout comme dans la famille, à Bamako et à Paris, on est soulagé et fier d’avoir passé un cap, de tourner une page et d’envisager le futur avec quiétude.
Le soulagement et la fierté, c’est d’abord du côté des forces armées maliennes et françaises (Barkhane). Des mois et mois de traque, avec des revers et autres sacrifices, ont finalement permis aux militaires des deux forces d’avoir la peau de celui était devenu leur ennemi numéro Un ; disons plutôt l’ennemi numéro UN de toute une nation : Amadou Diallo de Koufa.
Soulagement et fierté, c’est aussi du côté des populations du centre du Mali. Cette population, est – il besoin de le dire, souffre le martyr à cause des agissements de cet homme qui s’était converti en pyromane. Pyromane ? Oui, parce que depuis l’apparition de son groupe de radicaux, les violences intercommunautaires se sont multipliées dans le centre du Mali. Et Amadou Koufa ne se faisait pas prier pour souffler sur la braise, côté Peuls. Cela, il le faisait notamment avec des discours bourrés de propagande, de haine et autres menaces à l’endroit des autorités maliennes et de toute personne qui daignerait se dresser sur son chemin.
Bref, Amadou Koufa avait trouvé les moyens de se positionner en Robin des bois des Peulh, cette communauté qu’il disait défendre contre l’injustice sociale, surtout. Son discours passe facilement dans un certain milieu avec les conséquences que nous vivons aujourd’hui: interminables conflits entre éleveurs Peul et agriculteurs bambara et dogon. Bilan, plus 500 morts civils depuis le début de l’année, selon l’ONU.
La mort d’Amadou Koufa est –il suffisant pour crier victoire ? La réponse est évidemment non. L’histoire a toujours retenu que dans le milieu Djihadiste, la mort est vue comme une résurrection. Un chef mort est un chef immédiatement remplacé. C’est comme le mythe du Serpent du Ouagadou bida, au temps de l’Afrique médiévale. Ce serpent ne cessait de pousser une nouvelle tête chaque fois qu’il lui arrivait d’en perdre une. C’était à la suite du duel qui l’a opposé au fiancé de la jeune dame, désignée par les siens comme sacrifice communautaire pour s’adjuger les faveurs du fameux Serpent. Le monde Djihadiste évolue au même rythme. Rendons nous à l’évidence qu’un nouveau Amadou Koufa est déjà prêt à poursuivre le combat au centre du Mali.
« Lorsque Amadou Koufa est mort, le cercle des soldats applaudit ». Mais pour combien de temps ?
Bayini KEITA
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