On s’en souvient encore. En 2009, l’affaire, digne d’un scénario de film d’action, avait fait grand bruit : un avion en provenance du Venezuela atterrit en plein désert malien. Comme on peut s’en douter vu son origine sud-américaine, le cargo fantôme est bourré de cocaïne et d’autres produits illicites.
Pour brouiller les pistes, l’appareil est prestement vidé de sa cargaison, ultrafrauduleuse, et aussitôt incendié. C’est ainsi qu’est née l’affaire du « Boeing de la coke » ; un vaisseau fantôme venu pointer du doigt les difficultés que bon nombre de pays rencontrent lorsqu’il s’agit de surveiller des territoires immenses et des frontières poreuses.
Les choses auraient pu en rester là sans la détermination des autorités maliennes à laver cet affront, en faisant toute la lumière sur cette ténébreuse affaire. Plus d’un an après ce rocambolesque épisode, un pan du voile vient d’être levé avec l’inculpation d’un Français, d’un Malien et d’un Espagnol pour « trafic international de cocaïne ». C’est ce qu’a annoncé lundi le procureur anticorruption, qui a bénéficié du « feu vert » du palais de Koulouba. Les investigations se poursuivent donc en étroite collaboration avec le Maroc, par où la marchandise transitait avant d’atteindre sa destination finale, le marché européen.
On ne peut que se féliciter de la pugnacité des enquêteurs qui, malgré les fortes pressions et les nombreux écueils dressés ça et là, sont parvenus à épingler quelques suspects sérieux dans une affaire pourtant mal partie.
Une pêche quasi miraculeuse quand on imagine l’importance des moyens dont disposent les narcotrafiquants qui, pour faire atterrir leur coucou bourré de coke au nez et à la barbe de Bamako, auraient bénéficié de « protections en haut lieu ».
Après avoir obtenu, il y a quelques jours, l’inculpation de l’ancien ministre de la Santé pour détournement de fonds destinés à la lutte contre le Sida et la tuberculose, le procureur anticorruption a encore beaucoup de pain sur la planche.
Malgré ce dernier succès et le soutien affiché du président Amadou Toumani Touré, il lui faudra encore batailler pour mettre au jour tous les dessous obscurs de cette fâcheuse affaire de poudre blanche.
Source L’Observateur Paalga