« …Il y aura des attaques d’ampleur, c’est une certitude. Cet hyper terrorisme est là pour durer, même si nous devons le combattre avec la plus grande détermination… ». Si ces appréhensions de Manuel Vals, lors de la Conférence sur la Sécurité de Munich, ont des fonds de vérité, cependant le Premier ministre français devait-il se convaincre à la fatalité du phénomène terroriste ? Certainement pas, parce que l’honnêteté intellectuelle voudrait qu’il admette également que le phénomène terroriste, loin d’être une fatalité, n’est pas sorti du néant. Il est surtout la conséquence manifeste de l’enlisement actuel des situations conflictuelles à travers le monde.
Des conjonctures désastreuses actuelles au Moyen Orient, dans la Corne de l’Afrique et au Sahel attestent clairement que les puissances occidentales, en l’occurrence la France sont, à cause de leur politique d’hyper ingérence militaire dans ces régions (désormais détruites et vidées de leurs populations pour faits de guerre), grandement responsables de la montée en puissance de cet hyper terrorisme (hélas devenu par leur modus operandi, fou et aveugle). Dont le remède nécessite forcément un changement notoire et sans complexe de leur politique d’intervention extérieure militaire dans les zones de conflit. Toute chose qui contribuerait indubitablement à la réduction considérable de l’impact du terrorisme.
Ainsi au Sahel, notamment au Mali, la France et les Nations-Unies devraient, au lieu de s’entêter à y maintenir une présence militaire excessive et laxiste n’ayant jusque-là pas permis d’endiguer le phénomène terroriste, plutôt s’atteler à renforcer des pouvoirs locaux afin qu’ils puissent asseoir véritablement leur souveraineté sur l’intégrité des territoires nationaux. Or, cela exigerait des puissances extérieures qu’elles fournissent franchement aux différentes armées nationales des moyens militaires ainsi que le transfert d’expertises militaires adéquates. D’autant plus que les expériences d’intervention ont toujours prouvé qu’une puissance militaire, quels que soient ses moyens, n’est jamais parvenue à se substituer aux forces locales, pour remplir convenablement leurs missions de défense et de sécurité.
Dans cette logique, l’opération Barkhane et la Mission des Nations-Unies pour la Stabilisation du Mali (MINUSMA) doivent sans complexe se remettre en cause, pour enfin reconnaître qu’elles n’ont, en trois ans, ni réussi à endiguer le terrorisme, encore moins permis à stabiliser notre pays. Les divers attentats meurtriers qui continuent malheureusement d’être perpétrés par les forces terroristes sur les soldats onusiens, français, maliens et les populations civiles innocentes sont la raison évidente de cette remise en cause.
Toute chose qui ne pourrait se réaliser urgemment, tant que les autorités des pays sahéliens concernés par le désastre sécuritaire et le phénomène terroriste ne s’efforcent pas à convaincre leurs partenaires militaires extérieurs que toutes les limites de leur présence sont atteintes. A l’effet d’imposer le retrait progressif de leurs forces. Ce, au profit des forces locales. Lesquelles devant dorénavant assurer pleinement la sécurisation des citoyens et de leurs biens.
Une logique de retrait qui sied naturellement au cas de Kidal. Une région où l’opacité de la présence militaire étrangère doit forcément cesser. Cela est d’autant plus nécessaire que la survie du Mali, en tant que pays souverain, en dépend considérablement.
Gaoussou M. Traoré