Une attaque terroriste a fait, le mercredi 18 août, quatre-vingt victimes, dont soixante-cinq civils et quinze gendarmes, dans le nord du Burkina Faso. Ce même jour, une dizaine de militaires maliens, tombés dans une embuscade, ont perdu la vie. Dans ce pays sahélien, le bilan du terrorisme est aussi très lourd. Auparavant, le 16 août au Niger, dans le village de Darey-Daye trente-sept civils avaient été tués alors qu’ils travaillaient aux champs.
En l’espace d’un mois, quatre-vingt-dix-huit civils et dix-neuf gendarmes sont tués dans trois des six départements de la région des trois frontières. Ces actes terroristes visent notamment à déstabiliser les Etats du Sahel en sapant leur développement économique et social.
Ainsi dans de nombreuses zones agricoles du Burkina, Mali et du Niger, les agriculteurs et éleveurs, parce que harcelés par les forces terroristes (dont les membres sont majoritairement originaires des zones ciblées) qui brûlent constamment leurs champs ou enlèvent leurs animaux, n’arrivent plus à s’adonner à leur profession. Les écoles, sous la contrainte des mêmes terroristes, y sont totalement fermées. Pour échapper à des assassinats ciblés, ces populations, n’ayant plus d’espoir et d’autres choix, se sont massivement réfugiées dans les zones considérées comme moins dangereuses.
Face à cette recrudescence du terrorisme international dans les Etats du Sahel (Burkina Faso, au Mali et au Niger), notamment marquée par une hausse des attaques contre des civils, des responsables gouvernementaux, des forces de défense et sécurité, la seule solution militaire n’a-t-elle pas atteint ses limites ? Ne faut-il pas désormais mettre en question les facteurs endogènes pour mieux lutter contre ce terrorisme, lorsque l’on sait que les membres des mouvements terroristes sont majoritairement des locaux ?
Pour efficacement lutter contre le terrorisme international, il faut logiquement une forte coopération militaire entre les gouvernements nationaux mais aussi entre les États et les organisations régionales et internationales. Il faut également faire en sorte que les forces de défense et de sécurité soient capables de sauvegarder les personnes et leurs biens. Cela est une logique universelle. Toutefois, il sera difficile aux Etats du Sahel de relever le défi sécuritaire avec succès sans l’augmentation de la capacité des systèmes nationaux de justice pénale à fournir une justice équitable et efficace aux auteurs d’actes terroristes et à mettre en place des mesures préventives en conformité avec l’État de droit.
Mais ces Etats du Sahel doivent aussi s’évertuer à faire cesser notamment les injustices et les frustrations perpétrées par des agents gouvernementaux (forces de sécurité et administrations publiques) contre les populations de plus en plus démunies. Afin que ces dernières refassent plus de confiance aux Etats qu’aux mouvements terroristes.
En somme, les Etats doivent surtout privilégier les solutions locales et amoindrir l’ingérence de forces étrangères dans la région du Sahel. Ce point de vue est beaucoup partagé par la Chine et la Russie !
Gaoussou Madani Traoré
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