Pour un accord, celui dit de Ouaga est paradoxalement celui qui semble diviser les protagonistes de la crise malienne. En effet alors que les autorités nouvellement élues s’apprêtent à organiser des élections législatives et municipales, les mouvements rebelles eux ne l’entendent pas de cette oreille.
Par la voix du Mouvement national de libération de l’Azawad, le MNLA, ils estiment qu’il s’agit d’une interprétation unilatérale de la part du nouveau pouvoir en poste à Koulouba ; et pour cause celui-ci (l’accord en question) ne comporterait nulle part une référence à la tenue d’élections législatives ; tout juste était-il question d’une présidentielle, disent-ils.
« Faux problème », répond-t-on du côté des autorités de Bamako qui estiment au contraire que la mise en place d’un Parlement s’impose d’elle-même dès lors que le principe de la présidentielle était acquis.
Du reste s’interroge une élue malienne, comment le président Ibrahim Boubakar KEITA pourrait-il gouverner et faire exécuter son programme sans une assemblée nationale légalement élue et dotée de la légitimité requise ? Lui qui, à peine élu doit faire face à la fronde de certains maliens qui se disent déjà déçus.
Au MNLA, en tout cas, l’on ne se sent pas concerné par ces nouveaux scrutins à venir. Ce qui signifie de facto une non reconnaissance du scrutin malgré le fait que certains candidats seraient issus de ses propres rangs.
Présidentielle sans législatives ?
Selon toute vraisemblance, c’est la perspective d’un élargissement de l’autorité de Bamako qui inquiète les mouvements rebelles. Ces derniers, il faut bien l’admettre ont pris goût à une situation de ni paix ni guerre qui, de toute évidence, fait leurs choux gras.
Les regains de violences de ces derniers jours avec l’assassinat des journalistes de Radio France International les a contraint à faire quelques concessions sous la pression extérieure. Notamment celle de la France dont la bienveillance ne lui a que trop servi.
Considéré par les uns comme un accord d’étape et donc intérimaire et par les autres comme une base de résolution définitive au conflit malien, l’accord de Ouagadougou est tiraillé de manière directe et explicite.
De fait, entre le Médiateur qui estime qu’il s’agit désormais d’un problème malo-malien qui ne le concerne plus directement et les autorités de Bamako qui, elles, estiment que plus de pression sur les mouvements rebelles pourrait contribuer à davantage de clarification, l’on peut dire que le Mali est encore loin de la solution. Et toute la sous-région avec…
Juvénal SOME
Lefaso.net