C’est le titre du site d’information burkinabé WakatSéra qui constate que la force française au Sahel « a encore été attaquée. C’était hier lundi, dans le nord du Mali, à 160 kilomètres de Gao. Des militaires français et des civils maliens ont été blessés dans une attaque attribuée à de présumés djihadistes, dans la localité de Gossi, à la frontière avec le Burkina Faso. Il y a des morts du côté des assaillants qui ont fait exploser leur pick-up bourré d’explosifs contre un véhicule des militaires de la Force Barkhane. La veille de cette énième attaque contre Barkhane, poursuit WakatSéra, ce sont cinq blessés qui ont été évacués par la Minusma. Les victimes, au total six morts, selon certaines sources, sont des habitants de Dinangourou, un village malien sous contrôle djihadiste. L’acte sanglant porterait la griffe de la katiba Macina, affiliée au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans de Iyad Ag Ghaly. La liste des assauts meurtriers des terroristes, djihadistes, comme des bandits et trafiquants de toutes sortes, est loin d’être exhaustive (…). Pourtant, pointe encore WakatSéra, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Tchad, ces quatre pays d’un Sahel africain, sanctuaire des terroristes, se préparent à faire le deuil de la force française, qui est en train de faire son paquetage. Et s’il est important pour les pays africains de prendre en main leur sécurité et leur défense, domaines éminemment dits de souveraineté, la question du timing du départ de Barkhane se pose, implacable. »
Empêcher que les terroristes occupent le terrain
En effet, complète Aujourd’hui, toujours à Ouaga, « le Mali, le Niger et le Burkina doivent se préparer, anticiper, et profiter du fait que la force Takuba (coalition de forces spéciales européennes) sera toujours présente pour passer à la vitesse supérieure en offensive. Car ce départ annoncé des 5.100 soldats français, la nature ayant horreur du vide, sera propice à l’occupation de l’espace par les terroristes et ses conséquences sanglantes. Solhan au Burkina avec ses 132 tués, le 4 juin dernier, est encore sanguinolent dans les esprits. Empêcher que les terroristes occupent le terrain est un impératif vital pour le Sahel, à l’orée du pliage de bagages de Barkhane. »
Pas que dans la région des Trois frontières
Et c’est ce qui est pourtant en train de se produire… Et pas seulement dans la zone des trois frontières. Exemple, « à Nioro du Sahel, non loin de la Mauritanie, la situation sécuritaire s’est dégradée à vitesse grand V, relèveLe Républicain à Bamako. Tous les signaux venants de cette région sont au rouge. Selon des sources locales, c’est toute la bande Nara-Ballé-Alahina-Biné Fissirou-Troungoumbé qui est aujourd’hui sous la menace des terroristes. Dans ces localités, des écoles ont été fermées par les terroristes et les enseignants se sont repliés dans la ville de Nioro du Sahel. À travers des prêches, les terroristes appellent les habitants à coopérer et à respecter la charia. »
Tactique de la terre brûlée ?
Qui plus est, relève le quotidien en ligne Malikilé, « les groupes djihadistes semblent adopter une stratégie de pression et de harcèlement, une tactique du genre “terre brûlée” en vue de précipiter le départ annoncé de Barkhane. À noter que le nouveau chef de l’Etat islamique appelait, il y a peu, ses combattants à multiplier et à accentuer les attaques contre Barkhane. Moins de 24 heures après, intervenait l’attaque à la voiture piégée que Barkhane vient de subir à Gao. Une attaque d’un genre très rare, pour ne pas dire une première, qui risque d’être le nouveau mode opératoire des terroristes pour harceler les troupes françaises. »
« Un vide difficile à combler »
Enfin, pour Marc-André Boisvert, chercheur au Centre FrancoPaix, interrogé par Jeune Afrique, « le vide laissé par la France sera difficile à combler : la présence française était très importante avec Barkhane, surtout sur le plan logistique. La France est le centre névralgique de la lutte contre le terrorisme dans le pays. Ce vide sera donc difficile à combler. Il y a de belles intentions sur le papier, mais, s’interroge le chercheur, qui, concrètement, va remplacer la puissance logistique et militaire française ? (…) Quelles que soient les options choisies, elles ne se réaliseront pas du jour au lendemain. D’autant qu’il y a une absence d’intérêt de la communauté internationale au sujet de la situation sécuritaire du Mali. »
SOURCE: https://www.rfi.fr/fr/afrique