Bamako a abrité le lundi 6 février 2017 le 3ème sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement du G5 Sahel. Et c’est le Centre international de conférence de Bamako (C.I.C.B) qui a servi de cadre pour cette rencontre qui a débattu de la situation sécuritaire au Mali et de ses conséquences directes sur les pays voisins, la bande sahélo-saharienne et l’Afrique. Tous les chefs d’Etat ont répondu à l’appel de Bamako.
C’est à la veille de la rencontre que les différents chefs d’Etat ont été accueillis par le président IBK. Lequel leur a offert un dîner au Palais de Koulouba. Ibrahim Boubacar Keïta, président de la République du Mali, était entouré de Mahamadou Issoufou, président de la République du Niger, Idriss Deby Itno, président de la République du Tchad, Mohamed Ould Abdel Aziz de la République islamique de Mauritanie et de Rock Marc Christian Kaboré, président de la République du Burkina Faso.
Ce 3ème sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement du G5 Sahel, avait pour ordre du jour la situation sécuritaire au Mali et ses conséquences directes sur les pays voisins, la bande sahélo-saharienne et l’Afrique. Le G5 Sahel a tenu précédemment deux sommets extraordinaires en février et décembre 2014 à Nouakchott et un sommet ordinaire à N’Djamena le 20 novembre 2015.
Soucieux de mettre une dynamique de solidarité à profit et conscients des enjeux communs (la stabilité de la région et du monde), les dirigeants des Etats du Sahel ont donc décidé d’engager un processus d’identification et de mise en œuvre des actions requises pour relever les grands défis qui se posent à la région. Ainsi, les objectifs de ce Sommet étaient entre autres le renforcement de la paix et de la sécurité, le développement dans les zones à faible densité humaine, la sécurité alimentaire et le pastoralisme et le développement des infrastructures (transport, énergie, hydraulique, télécommunications), les changements climatiques et la gestion de l’eau, la prise en compte du défi démographique et des questions de santé, l’effectivité de la présence de l’Etat et le renforcement de la décentralisation.
Ce sommet de Bamako était motivé par la nécessité d’examiner les voies et moyens utiles à une sortie durable du Mali d’une pernicieuse crise pour assurer une paix et une sécurité devant garantir le développement durable des Etats membres. L’un de ses temps forts a été la cérémonie d’ouverture.
Dans son discours, le président malien a salué tous ses hôtes et les partenaires du G5 Sahel. Selon IBK, leur rencontre se tient dans un contexte instable, où les enjeux liés à la sécurité collective justifient plus que jamais «l’existence du G5 Sahel, en tant qu’initiative sous-régionale favorisant la concertation permanente entre nos pays». Selon le président IBK, ce 3ème sommet extraordinaire a un triple objectif : procéder à une analyse objective de la situation sécuritaire au Mali et son impact sur l’espace commun ; faire l’état des lieux de la mise en œuvre des promesses de contributions faites par les partenaires du Mali, notamment, aux plans des instruments financiers et techniques, ; et identifier des pistes concrètes d’action pour les semaines et mois à venir, en vue de promouvoir la paix et le développement durables.
«À ce niveau, permettez-moi de saluer les efforts de la force Barkhane et des armées nationales qui planifient et mènent régulièrement des opérations aux résultats appréciables dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière», a déclaré IBK. En gros, le président malien mise sur une coopération régionale renforcée et l’aide internationale qui seront nécessaires pour lutter efficacement contre le terrorisme, la radicalisation religieuse, les trafics d’armes illicites, le blanchiment d’argent et les risques sanitaires.
Dans son discours d’ouverture, Idriss Deby Itno, président en exercice du G5 Sahel, dira que la tenue de ce sommet extraordinaire intervient dans un contexte sécuritaire fortement critique. «Nous assistons ces derniers mois à une recrudescence inquiétante des actes terroristes dans notre espace commun comme l’attestent les attaques à répétition dans le Nord du Mali et au Niger». Cette multiplication des attaques terroristes montre, si besoin en était, l’ampleur de la menace, a-t-il ajouté. Une situation qui met au devant la responsabilité des dirigeants du G5 Sahel, expliquera-t-il, en leur rappelant l’urgence de la lutte. Et de poursuivre : «Je voudrais plutôt dire la permanence de la lutte».
Pour le président Deby, il est indéniable que les terroristes se sont organisés pour les conduire dans une longue et éprouvante guerre d’usure et de nerfs. «Ces attaques qui visent les camps et casernes militaires ont pour seul but de saper le moral de nos forces de défense et de sécurité et de briser la psychologie de nos populations». C’est pourquoi, dira-t-il, que leur rencontre doit sonner l’alerte et donner une impulsion nouvelle à la guerre asymétrique «que nous menons contre le terrorisme et la barbarie. Nous devons nous donner les moyens et les ressources nécessaires pour livrer une guerre sans merci contre ces obscurantistes qui veulent nous ramener au moyen-âge. À cet égard, le renforcement du dispositif de défense et de sécurité du G5 Sahel est éminemment important. Nous devons rendre opérationnel au plus vite le processus de Nouakchott qui est d’ailleurs en totale adéquation avec l’Architecture Africaine de Paix et de Sécurité».
Le président tchadien a enfin invité le Conseil des ministres de tutelle, le Comité de défense et de sécurité et le Secrétariat permanent du G5 Sahel à créer un cadre adéquat pour le développement et la bonne conduite de ce dispositif.
Après la cérémonie d’ouverture, les chefs d’Etat ont eu des travaux à huis clos, qui ont été sanctionnés par l’adoption d’un communiqué final. Les invités à ce sommet étaient les Nations-unies, l’Union africaine, l’Union européenne et des institutions internationales, les pays européens contribuant aux fonds fiduciaires et soutenant le G5S, et autres pays et Organismes régionaux de coopération.
Kassim TRAORE