Spoliation foncière au point-G : Les habitants, vent debout contre le Maire Abdel Kader Sidibé, lancent un cri de cœur aux ministres en charge de la Justice et des Affaires Foncières

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Depuis un certain temps, le torchon brule entre la population du Point-G et le Maire de la Commune III, M. Abdel Kader Sidibé. En effet, les notifications de plus d’une cinquantaine de familles déguerpies suite au lotissement du quartier ont été vendues à M. Aly Niangadou, un richissime commerçant très connu au Mali. Comme si cela ne suffisait pas, l’espace destiné à l’école communautaire ainsi que quelques espaces publics du quartier ont été également détournés de leur vocation et vendus.

Ne sachant plus à quel saint se vouer, la population du Point-G a officiellement saisi le ministre des  Domaines de l’État et des Affaires foncières. Sur les antennes d’une radio locale (Nièta) et lors d’une interview sur Radio France Internationale, ce dernier avait évoqué le sujet tout en promettant que le Maire Sidibé sera châtié. Un châtiment annoncé qui avait donné beaucoup d’espoirs aux habitants et qui est de plus en plus en train de laisser la place au désespoir.

Le quartier du Point-G, à titre de rappel, est situé en commune III du district de Bamako. Il a été viabilisé en 1996. Une viabilisation qui avait été saluée à sa juste valeur par tous les habitants du quartier à l’époque. Parce qu’il était question de rendre le quartier plus viable par la création de plusieurs voies, mais aussi et surtout la mise à la disposition du quartier des équipements sociaux de base (terrain de football, foyer des jeunes et espaces verts). Hélas, la montagne tant attendue n’aura accouché que d’une souris tant la cupidité de certains hommes est sans limite.

Selon M. Moussa Macalou, enseignant domicilié au Point-G, la situation est plus qu’alarmante. « Plus de dix ans après la fameuse viabilisation qui a été faite au détriment des plus démunis, les problèmes persistent encore, parmi lesquels, la délimitation des parcelles de l’ancien site. Cela fait sans nul doute partie des raisons de dislocation des liens entre plusieurs familles qui vivaient en parfaite symbiose depuis belle lurette. De nos jours, nombreuses sont les familles du quartier qui ont déjà fait le tour de tous les tribunaux de Bamako pour trouver une solution définitive à leurs problèmes. En plus de ces problèmes qui empêchent plusieurs chefs de famille d’avoir le sommeil, il y a aussi ceux des déguerpis. En effet, elles sont encore très nombreuses, les familles déguerpies qui ne savent même plus à quels saints se vouer. Ces dernières doivent quitter leurs places initiales pour élire domicile dans la zone de recasement située derrière le CHU du point-g. Mais cependant, les notifications destinées à ces dernières se sont ont volatilisées dans la nature», a-t-il dit.

A la suite de M. Macalou, le Président de la jeunesse du quartier mettra l’accent sur d’autres réalités. « Presque toutes les infrastructures destinées au Point-G ont été détournées au profit de quelques individus. Par exemple, il a été découvert que l’espace destiné à la construction de l’école communautaire, l’Ilo CE/2C.1800 hm (2) dont tous les droits d’hérédité avaient été payés sur fonds propre du quartier a été détourné, morcelé et attribué aux plus offrants. Un autre fait très remarquable est l’attribution contre nature de 52 lots à M. Ali Niangadou, un richissime de la place. Il a justement été constaté que parmi les 52 lots vendus à ce dernier moyennant plusieurs millions de nos francs, se trouvent les parcelles de plusieurs déguerpis », a évoqué Dramane Keita. Et d’ajouter que les espaces vides qui restent dans le quartier, notamment les alentours de la mairie et de la forêt classée de Koulouba vers le Centre de Recherche et de Lutte contre la Drépanocytose (CRLD), font actuellement l’objet de convoitise.

Les populations du quartier ne sont pas vent debout que contre le Maire de la Commune III dans cette affaire de spoliation. Ils accusent les sieurs Ibrahim Coulibaly, ancien Maire de la Commune III, et M. Togo, topographe, d’être les chevilles ouvrières de cette manigance. Face à cette injustice, les habitants lancent un appel aux plus hautes autorités du pays ainsi qu’aux ministres en charge de la justice et des affaires foncières. Tout ce qu’ils demandent, c’est d’être mis dans leurs droits.

En attendant, il convient de rappeler que les responsables de cette affaire vaquent librement à leurs occupations et sans inquiétude aucune comme de véritables saints. Pour plus d’équilibre dans le traitement de cette information, nous avons tenté sans succès et à plusieurs reprises de recueillir leurs versions des faits. Que nenni ! Nous n’avons eu en retour qu’un mépris et le rejet systématique. Comme pour dire que les auteurs de cette spoliation insouciante, au-delà de se reprocher quelque chose, se sont renfermés dans un déni total. Nous y reviendrons.

KANTAO Drissa

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