L’homme est connu dans le domaine du foncier. Il faisait l’intermédiaire entre les Maliens vivant au Gabon et les vendeurs de parcelles à Bamako. C’est ainsi qu’après avoir gagné la confiance d’un agent immobilier, il disparait avec des permis d’occuper d’une valeur de 4,5 millions de FCFA.
Dans notre pays, le foncier est un marché juteux. Et comme la merde attire les mouches, l’odeur de l’argent attire beaucoup de personnes dans le foncier. Parmi elles, des individus peu recommandables. Des géomètres aux courtiers ou “coxeurs” comme on les appelle ici, en passant par les propriétaires terriens et les acheteurs, tout le monde tire son épingle du jeu dans ce gigantesque marché qui est devenu en quelques années un casse-tête pour les autorités. Sur ce marché, tout se vend, rien n’est trop petit et rien n’est trop grand. Du moindre lopin de terre au village tout entier. Tous les coups y sont permis et on ne le dira jamais assez, la corruption et la fraude y ont élu domicile.
Depuis deux décennies maintenant, Daha Dao c’est le nom de notre “coxeur”, en tout cas, c’est le nom qu’il a donné à ses victimes, vit au pays des Bongo. Notre expatrié s’est spécialisé dans l’intermédiation dans les affaires foncières entre les Maliens du Gabon et les vendeurs de parcelles à Bamako. C’est ainsi que D. Dao a fait la connaissance d’une société immobilière sise à Sénou en Commune VI du district de Bamako. C’était l’année dernière, lors d’une première affaire de vente de terrain qui s’est bien terminée.
Au début de cette année, le « Gabono-malien » vient voir son partenaire d’affaires et lui informe qu’il a des clients qui veulent des parcelles sises à Niamana. Doté de la confiance acquise par le premier «deal» qu’ils avaient mené à bien ensemble, l’agent immobilier lui remet trois permis d’occuper dont la valeur totale s’élève à 4,5 millions de FCFA. Un, deux, trois mois après son départ avec les documents, le coxeur n’a donné aucun signe de vie. Après le quatrième, sans voir ni D. Dao, ni l’argent, l’agent immobilier tente de récupérer ses permis d’occuper. Peine perdue. Son partenaire ne répond plus son téléphone qui sonne dans le vide. Récemment, c’est sur le répondeur qu’il tombe dès qu’il compose le numéro. Et cela dure deux mois maintenant.
Le foncier au Mali n’a pas fini de faire ses victimes et malgré les promesses des autorités administratives et judicaires de sévir, les prédateurs fonciers continuent de se dévorer et de dévorer tout ce qui se rapporte au foncier dans notre pays. Jusqu’à quand encore.
Mamadou TOGOLA