S’il y a un aujourd’hui des secteurs « juteux » au Mali, surtout à Bamako, ce sont ceux du foncier et de l’habitat. Avec la grande expansion que connaît la ville des « trois caïmans » (Bamako), les acteurs de ces secteurs se frottent les mains. Mais à quel prix, puisque les dits secteurs sont de nos jours envahis par des sociétés et des agences immobilières et par n’importe quel individu qui se prétend agent immobilier, mais travaillant sans aucune réglementation adéquate ? Les pratiques de certaines de ces « sociétés » et « agences » sont tout simplement contraires à toute orthodoxie en la matière. Et dans tous les cas de figure, ce sont les victimes qui en payent les pots cassés.
Durant ces dernières années, Bamako a connu une expansion fulgurante des secteurs du foncier et de l’immobilier qui, du coup, ont provoqué une « explosion » avec la création ça et là de sociétés et agences immobilières dont certaines se sont spécialisées dans la vente de terrains, l’aménagement de sites à usage d’habitation, la gérance et la vente de maisons, entre autres. Toutes choses qui donnent lieu à une spéculation foncière sans précédent dans la capitale.
Depuis maintenant quelques mois, les agences immobilières se sont multipliées, et on peut très facilement les trouver dans chaque quartier.
Cependant, la multiplication de ces agences et sociétés immobilières, qui devrait pourtant permettre de mettre fin aux innombrables problèmes fonciers dans notre pays, est loin de répondre à l’objectif recherché.
Cela est dû au comportement de certains agents immobiliers qui ont opté pour le gain facile. Du coup, ces derniers sont prêts à passer par n’importe quelle combine pour arriver à bout de leurs victimes.
En effet, après avoir acheté leur parcelle, certains clients se trouvent confrontés à toutes sortes de problèmes, car les promesses tenues par l’agent immobilier ne sont qu’utopies et duperies. Des agences immobilières se sont également spécialisées dans la gérance de maisons à usage d’habitation. Mais si certaines d’entre elles font leur travail avec honnêteté, le comportement d’autres agences immobilières laisse à désirer, car elles se sont plutôt spécialisées dans la duperie, la supercherie et le mensonge.
En témoigne ce Malien de l’extérieur qui raconte sa mésaventure. Il s’agit d’un Soninké vivant en Espagne et qui dit en voir fait les frais de par la confiance aveugle qu’il avait placée en une agence immobilière pour la gérance d’une villa qu’il avait acquise. Selon le contrat qui le liait à cette agence, il devait mensuellement lui verser un pourcentage des frais de location pour sa gérance. Selon ses explications, toute sa famille se trouve au village, et il n’a que son jeune frère à Bamako, mais qui gérait mal sa maison puisqu’il « bouffait » chaque fois les frais de location que ses locataires lui versaient mensuellement. Aussi, c’est sur le conseil d’une de ses connaissances qu’il a décidé de confier la gérance de sa maison à cette agence, moyennant le versement d’un pourcentage mensuel des frais de location à l’agence.
Au bout de quatre ans, il décida de rentrer au bercail pour y passer des vacances d’un mois. Mais quelle ne fut sa surprise lorsqu’il découvrit que durant tout ce temps, l’agence avait donné sa maison en location à 200 000 FCFA, mais ne lui avait parlé que de la moitié de cette somme, soit 100 000 FCFA.
Cet autre client d’une agence immobilière de la place témoigne également de la souffrance que lui fait subir une agence. Selon lui, il y a de cela plus d’un an, il avait acheté une parcelle avec ladite agence qui lui avait promis son titre foncier avant la fin de l’année 2010. Mais cette agence n’a pas tenu promesse. Et les nombreux clients de ladite agence se trouvent aujourd’hui désemparés car ils ne savent plus à quel saint se vouer, chacun d’eux étant las d’attendre son titre foncier.
Par ailleurs, les membres d’une famille de Faladié à la recherche d’une villa en location disent avoir été à plusieurs reprises victimes d’arnaques venant de plusieurs agences immobilières de la place. De leurs explications, il ressort que depuis plusieurs semaines, ils sont en train de chercher une villa où ils pourront déménager. Aussi étaient-ils aller consulter dans plusieurs agences. Selon un des membres de cette famille, il s’est rendu plusieurs foi dans des agences qui lui font savoir qu’elles ont des villas, mais que la visite de ces maisons est conditionnée…au paiement de leurs frais de déplacement.
C’est ainsi qu’ils ont payé plus de cinq fois, mais chaque fois qu’ils décident de conclure le contrat de location, l’agence en question les informe en dernière minute que…la maison est déjà prise par un autre client. Selon les membres de cette famille, ces agences travaillent en complicité avec des démarcheurs communément appelés « coxeurs » et qu’on peut trouver aujourd’hui à chacun coin de rue de la capitale.
Ce jeune, à la recherche d’un « deux pièces », déclare également avoir été arnaqué par des « coxeurs » qui lui ont plusieurs fois extorqué des frais de déplacement (2 500 FCFA) sans qu’il n’ait jamais obtenu gain de cause. Selon lui, il est allé voir plusieurs « coxeurs, mais chaque maison qu’on lui a montrée ne remplissait pas les conditions qu’il avait expliquées au préalable à ces derniers.
Tout cela pour dire que les secteur du foncier, de l’immobilier ou de l’habitat sont aujourd’hui « pourries jusqu’à la moelle » par le comportement peu orthodoxe de certains acteurs qui, au lieu de mettre le citoyen lambda à l’abri des problèmes, l’exposent plutôt à ces problèmes. Les dits secteurs ont donc a besoin d’être règlementés. Cependant, les autorités observent un silence coupable, en dépit des litiges fonciers dont elles sont informées en longueur de journée du fait de certains de ces acteurs qui sont prêts à passer par toutes sortes de combines pour se faire de l’argent.
Par Dieudonné Diama