Le maire de la Commune VI, Souleymane Dagnon, et son 1er adjoint ont accusé samedi dernier le service des domaines d’avoir dépouillé la Commune VI de ses réserves foncières. Une situation qui se greffe à une autre dite « affaire Minagourou Daou », un opérateur économique, pointé du doigt dans un autre litige foncier qui défraie la chronique. Mais ce dernier, apparemment, a les bras longs et ne se pose pas de question lorsqu’il s’agit d’écraser les moins nantis sur son chemin.
S’il y a une situation qui coupe le sommeil au Conseil municipal de la Commune VI, c’est bien celle qui a trait au foncier. Ce problème, le commun des Maliens le croyait résolu définitivement après les conclusions d’une commission ad hoc chargée de la gestion des litiges fonciers et la mise à disposition des Communes des réserves foncières pour résoudre les cas litigieux.
Mais las. Le maire Souleymane Dagnon et son 1er adjoint, Amadou Sawadogo, affirment que la distribution des parcelles aux ayant droit est devenue un casse-tête dans leur circonscription. Ils pointent un doigt accusateur sur le service des domaines qui est en train de créer à tort et à travers des titres sur tout ce qui est censé être une portion de terre. Même les zones de recasement ne sont pas épargnées par la propension à tout mesurer et à tout vendre par un service, censé être le rempart contre la spéculation foncière.
Pour Amadou Sawadogo, il y a de nos jours une quarantaine de titres créés sur les réserves foncières communales. Un record, surtout que les titres, selon lui, sont établis dans un délai de moins de 15 jours, sans enquête commodo et incommodo dans le quotidien national comme c’est le cas en la matière et sans l’avis des maires et chefs de quartier.
Les quartiers concernés par « ces titres scélérates » sont Missabougou, Sénou, Sogoniko-Village et Yirimadjo. Un phénomène dénoncé par les chefs de quartier qui ont pris part à la conférence de presse.
L’affaire communément appelée « affaire Minangourou Daou » du nom d’un opérateur économique lui aussi accusé de spéculation foncière n’est que l’illustration de ce phénomène décrié plus haut. Dans ce cas, 110 chefs de famille, déguerpis de Niamakoro se plaignent d’être spoliés par M. Daou sur le site de recasement de Yirimadjo derrière le Stade du 26-Mars.
Excès de pouvoir
La zone litigieuse connue du nom de « ZRNY » est devenue inaccessible pour les bénéficiaires à cause de la prétendue superposition des TF 4222 du cercle de Kati et 4837 de Bamako appartenant à Minangurou Daou. De l’avis du président de l’association des victimes de M. Daou, une enquête foncière a été faite sur le terrain par l’Institut géographique du Mali (IGM), qui a conclu que le TF de M. Daou se situerait à Djankabou dans le cercle de Kati et non en Commune VI. De plus, les techniciens de l’IGM ont démontré avec des équipements comme le GPS que si M. Daou doit avoir un titre qu’il se trouverait sur le site actuel du Stade du 26-Mars.
Selon le maire Sawadogo, des inspecteurs de l’intérieur dépêchés sur place sont parvenus à la même conclusion. Ils ont apporté un démenti à la prétention de M. Daou qui avait pourtant trompé la vigilance des domaines en mentionnant dans son dossier de TF qu’il est propriétaire d’un verger et d’un bâtiment pour l’élevage de volaille. Mieux, ont expliqué les inspecteurs, sa demande de TF date de courant 2000 alors que la construction du Stade du 26-Mars a commencé en 1998. Les inspecteurs ont alors conclu, selon M. Sawadodo, que Minangourou Daou ne possède pas un centimètre carré et qu’il est du lot des grands spéculateurs fonciers.
Malgré ces conclusions, la surprise de la mairie et des bénéficiaires des parcelles de la « ZRNY » a été grande d’apprendre des services des domaines, qu’ils ont reçu de la présidence de la République et de la Primature des correspondances leur demandant de mettre M. Daou dans ses droits.
Selon le président des victimes de Minangourou Daou, la direction des domaines les a même traités « d’égoïstes et de méchants » enclins à empêcher un citoyen à jouir de sa propriété. Selon les premiers responsables de la mairie de la Commune VI, M. Daou serait à la solde d’une tierce puisqu’il est même en train de vendre au mètre carré les parcelles litigieuses mises à sa disposition au moment où des citoyens bénéficiaires courent derrière leurs dus.
Abdrahamane Dicko
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