Scandale foncier à Marakodougou : La population exige le départ de Bakary Togola, les députés proposent son maintien sur 30 hectares

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Campagne agricole 2014-2015
Bakary Togola le patron de l’APCAM

Le scandale foncier qui éclabousse le Président de l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture du Mali (APCAM), Bakary Togola, dans le Marakodougou, Commune de Ouéléssebougou, a pris un nouveau tournant avec l’implication, par solidarité, aux côtés des Traoré de Marakodougou, d’une bonne partie des villages du Djitoumou, du Safé et du Solon.

Venus faire la restitution des concessions faites par Bakary Togola, les députés du groupe parlementaire RPM ont été surpris par une immense foule, plus d’un millier de personnes, qui avait répondu à l’appel du chef de village de Bananzolé, Oumar Traoré.

Après les mots de bienvenues, la parole a été donnée aux invités du chef de village. Tour à tour, les représentants de Fourabala (Ouéléssebougou, Séguessona, Ntentou, Morodjanbougou, Sirmambou et Tintoukoro), de Noumouniziela (Mpiebougou, Tenkélen, Zélabougou, Mpana et Ndabougou), de Somala (Sikoro, Dialakoro, Tamala, Dinfara, Kodjalan et Mana), de Sirimana (Férékoroba, Denfara, Bénéco, Koléna, Djémené et Sounsoukoro) et de Ngolobala ont sans ambages apporté leur soutien indéfectible à Marakodougou.

Au-delà du soutien, le représentant de Ngolobala, un vieux village qui a installé Marakodougou, a tenu à apporter des clarifications. «La terre litigieuse n’a jamais été une propriété de Massako, encore moins de Balla Traoré, celui qui l’a vendue. Ce problème ne date pas d’aujourd’hui. Quand il a éclaté, nous avons dit à Balla Traoré qu’il n’avait pas raison. Mais il a campé sur sa position. Nous sommes catégoriques. A chacun son pouvoir. Il faut que Bakary Togola nous remette nos terres. Sinon…» a-t-il averti

A la différence des vieux, les jeunes ont été plus agressifs. Par le biais de leurs représentants, ils ont lancé un ultimatum au Président de l’APCAM pour qu’il quitte la zone, faute de quoi ils vont démolir ses installations. C’est après que les députés venus à cette assemblée se sont succédés au micro pour lancer des mots d’apaisement.

Vers une solution à l’amiable?

Si le litige entre Bakary Togola et Marakodougou perdure depuis plus de 3 ans, il devrait trouver bientôt un dénouement heureux, si les populations acceptaient les concessions faites, semble-t-il, par le Président de l’APCAM.

Appelant les populations au calme, l’honorable Boubacar Sissoko a expliqué que Bakary Togola serait d’accord sur un certain nombre de points pour faire baisser la tension. Il s’agit de la libération des voies d’accès des villages qui passent par le site en cause, de la levée de la barrière qu’il a construite sur le cours d’eau de la rivière Massakè Ka Ko, de la libération du site du tombeau de l’ancêtre des Traoré et de son maintien sur l’espace qu’il a pu cultiver cette année, soit 30 hectares.

La Commission Administration du territoire et de la décentralisation de l’Assemblée nationale se saisit du dossier

Saisie officiellement par une correspondance en date du 20 juillet 2014, la représentation nationale n’entend pas laisser la seule initiative au groupe RPM d’intervenir dans le litige foncier qui oppose Bakary Togola aux populations du Marakodougou.

La Commission Administration du territoire et de la décentralisation a, selon nos informations, écrit au Président de l’institution, pour qu’on lui transmette le dossier. Cette décision serait motivée, explique-t-on dans les couloirs de l’Assemblée Nationale, par le double jeu de certains députés, qui interviennent déjà dans ce différend.

Bakary Togola désormais militant RPM

Nous annoncions dans notre livraison du jeudi 31 juillet 2014 que le Président de l’APCAM avait déclaré devant un groupe de députés «qu’il est RPM depuis 2002». Eh bien, les faits nous donnent aujourd’hui raison. Bakary Togola a décidé d’aller trouver refuge auprès du parti présidentiel.

L’information, même si elle n’est pas officielle, a été confirmée par l’Honorable Boubacar Sissoko, député élu dans la circonscription électorale de Kéniéba, dimanche dernier. C’était en marge du Cadre de concertation initié par le groupe parlementaire des Tisserands pour désamorcer la crise qui oppose le richissime paysan à Marakodougou.

«Le conflit oppose deux membres d’une même famille. Bakary Togola est un militant RPM. L’Honorable Bourama Tidiane Traoré aussi. Le linge sale se lave en famille. Nous sommes venus pour trouver ensemble une solution à un problème familial» a déclaré le député élu à Kéniéba, sous les regards étonnés d’une foule qui a encore en mémoire la présence de l’homme dans le Bureau exécutif national du PDES d’ATT.

Maintenant que Bakary Togola a viré à 180°, que vont devenir ses sbires qui militent dans d’autres partis? Vont-ils lui emboiter le pas? Après le RPM, ce sera le tour de quel autre parti, pour rester dans le giron du pouvoir et échapper de facto à une éventuelle poursuite, au cas où sa gestion de l’APCAM serait décriée?

Bakary Togola se ravise

Il était annoncé pour prendre part à la rencontre des députés avec les populations. Mais il n’a pas été suffisamment courageux pour s’y rendre et les affronter, afin de leur dire en face qu’il est légaliste dans cette affaire, comme il le prétend à Bamako sur certaines antennes.

Ayant eu vent de la forte mobilisation, Bakary Togola a tout simplement décidé, (à la demande des députés, si l’on en croit l’Honorable Aboubacar Sissoko), de faire demi-tour devant l’hôtel Faso de Faladié, ratant ainsi une première occasion de prendre langue avec les populations dans cette rocambolesque affaire.

Le rachat de l’Honorable Seydou Coulibaly

Il avait été aperçu parmi les gens que Bakary Togola avait fait venir sur le site litigieux le 20 juillet dernier, lors de la première mission des élus RPM dans le dossier de l’accaparement des terres à Marakodougou. Toutes choses qui nous avaient amené à titrer que les élus ADEMA de Kati se trompaient de combat.

Pour cette seconde mission, l’Honorable Seydou Coulibaly, puisque c’est de lui qu’il s’agit, s’est racheté. Bien que n’étant pas au programme, il a forcé pour accéder à la tribune pour prêcher la bonne parole. Mieux vaut tard que jamais.

Tant mieux pour le député ADEMA et paysan bon teint, qui a, semble-t-il, compris enfin que la question de la nation et du terroir ne le discute à aucune autre ambition, personnelle ou partisane.

Yaya Samaké

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