Prolifération d’agences immobilières au Mali : Les temples de l’usure

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Initialement destinées à faciliter l’accès à l’achat et à la location d’immeubles ou autres habitats, les agences immobilières qui, depuis une décennie envahissent progressivement le pays, sont, de nos jours devenues de véritables bureaux légaux d’escroqueries, de surenchère et de spéculations de tous genres. L’absence de réglementation appropriée aidant, l’anarchie et les abus se sont installés dans le secteur.

Les Bamakois ainsi que les Maliens vivant dans nos régions le vivent et le savent bien : les coûts de location d’immeubles à usage d’habitation ne sont pas à la hauteur de leurs bourses.

Et pour cause. Traditionnellement, les propriétaires d’immeubles traitaient directement avec les locataires. Ces derniers s’acquittaient de leurs loyers auprès du bailleur. Bien que simple, cette procédure s’est avérée peu efficace, suite notamment, aux défaillances de certains locataires.

Les agences immobilières ont alors fait leur irruption pour proposer aux propriétaires d’immeubles l’alternative idione. Désormais, le propriétaire d’immeuble s’efface, au profit de l’agence qui s’occupe de recouvrement des créances, des éventuels contentieux de paiement, bref de la gestion.

Très vite, ces services proposés par les agences immobilières ont séduit les propriétaires d’immeubles notamment les « gros bonnets » qui ont construit des quartiers entiers avec l’argent volé au contribuable.

Outre la location, d’autres agences achètent des terrains, des maisons, qu’elles mettent en valeur en vue de les revendre ou de les louer.

L’activité s’étant avérée juteuse, les agences immobilières se sont alors multipliées à travers la capitale. Mais le constat est triste et scandaleux.

En effet, en plus des frais de leurs prestations qui oscillent entre 5 et 10% des immeubles loués ou vendus, très souvent, les agences spéculent sur les loyers. Concrètement, le propriétaire fixe son prix, l’agence fixe le sien qui peut souvent atteindre le double de celui fixé par le propriétaire. Pis d’autres termes, les conséquences de cette spéculation grotesque sont supportées par le locataire qui parfois, après avoir passé près d’une décennie en location moyennant le payement des mêmes frais, est désagréablement surpris d’apprendre par l’agence que les prix ont grimpé. Ce, indépendamment de toutes modifications ou réaménagements des locaux.

Et ces abus ne préoccupent guère les autorités publiques qui semblent plutôt les cautionner. Cela, dans la mesure où, aucune réglementation ne détermine un plancher pour la fixation des locations d’immeubles. Il en est de même pour les transactions (achats ou ventes) d’immeubles qui n’obéissent à aucune norme. Les prix étant arbitrairement fixés par les propriétaires ou promoteurs immobiliers, ce sont les pauvres populations qui payent les frais, nourrissent les propriétaires des « vaches à lait », les animateurs des agences et même… les coxeurs.

 

Malick Camara

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