Rien ne va plus entre les habitants de “Dollarbougou”, un tout nouveau quartier situé juste à côté de Mamaribougou, dans la Commune rurale du Mandé, et le Maire Mamourou B. Kéita de ladite commune. Au centre de la polémique, la volonté affichée du maire de démolir toutes les maisons de “Dollarbougou”. Il faut dire que la valeur desdites constructions est estimée aujourd’hui à plusieurs milliards de Fcfa. Le Maire Mamourou B. Kéita s’était même empressé d’entamer la démolition du site avant d’être stoppé net dans cette entreprise aux contours sombres par le Procureur de Kati.
Les faits. Depuis trois ans que des chefs de famille, soucieux d’avoir un “chez soi”, ont acquis des parcelles sur le site qu’ils ont appelé “Dollarbougou”, se sont installés sur cette enclave jouxtant Mamaribougou, et des maisons ne cessent d’y pousser. Des maisons de fortune à celles de haut standing, on n’en trouve tout à n’en pas finir.
Aussi n’était-il pas rare de voir des visiteurs de terrain, qui pour faire voir son trouvaille à sa famille, qui pour encourager les maçons à finir vite les travaux, le loyer à Bamako étant un véritable “enfer” terrestre.
Ce beau spectacle a pris un sérieux coup quand un beau jour, sur instruction du Maire, des bulldozers ont commencé à casser tout sur leur passage. Toute attache prise et qui de droit informé, le Maire Mamourou Kéita est sommé par le procureur de Kati d’arrêter cette horreur. Qu’est-ce qui a donc pris le Maire pour oser une telle bravade ? Bravade, parce que si le Maire avait été dans ses droits, le Procureur de Kati ne se serait pas donné autant de peine pour arrêter à tout bout de champ la casse
En fait, selon nos informations, dans l’entendement du Maire Mamourou B. Kéita, il a à faire à un terrain vide, inoccupé… Mais question: qu’est-ce que des bulldozers ont à faire sur un espace vide ? Et de quel espace vide parle-t-on, tous les occupants de Dollarbougou ayant des notifications à eux délivrées par les chefs coutumiers, avec signature, il est important de le souligner, du 2è adjoint du Maire en charge des affaires domaniales de la Mairie de Ouenzzinbougou, chef lieu de la Commune du Mandé.
Regroupées en collectif des habitants de Dollarbougou, ces victimes potentielles du Maire Mamourou B. Kéita organisent la résistance et saisissent les autorités compétentes. Car, même sommé d’arrêter son projet de démolition, le Maire du Mandé ne s’avoue pas vaincu. Il veut remettre cela en dépit de la procédure en cours.
Pour flouer ceux qu’il veut déguerpir à tout prix, il affirme que le gouvernorat de Koulikoro lui a imposé un plan concernant le site en question, et qu’il appliquera ce plan, que cela plaise ou pas aux habitants de Dollarbougou. “Rien que des histoires… le rôle du gouvernorat n’est pas d’imposer un plan, mais d’approuver le plan de morcellement à lui envoyer par le Maire, après délibération du conseil communal”, s’indigne un membre du collectif des habitants de Dollarbougou, très au fait des affaires domaniales et foncières.
En dépit du fait qu’il se dit que le Maire Mamourou B. Kéita veut plutôt chasser les habitants de Dollarbougou pour conforter des gens, à qui il aurait pris de “gros sous” contre des lettres d’attributions, des questions subsistent. Des questions auxquelles le Maire Mamourou B Kéita, en fonction depuis 2009, doit apporter des réponses: pourquoi il a laissé des gens s’installer à partir de 2011 à Dollarbougou ? Pourquoi les a-t-il laissés investi leur argent dans leurs parcelles sans dire un mot ? Le Maire, qui n’est pas un handicapé, ni physique, ni auditif, encore moins visuel, peut-il dire qu’il n’a pas vu des gens s’installer à Dollarbougou, et des maisons y pousser comme champignons ? Que fait-il de la signature de son adjoint chargé des affaires domaniales et foncières de la Mairie ?
En attendant que le Maire Mamourou B. Kéita trouve des réponses à ces questions, les habitants de Dollarbougou, par la voix du Président de leur collectif, déclarent qu’ils ne bougeront pas d’un cran de leurs terres, dans lesquelles ils ont investi tous leurs biens.
“ C’est l’occasion pour nous de remercier tous ceux qui, de près ou de loin, se sont impliqués pour que force reste à la loi. Il s’agit entre autres du gouverneur de Koulikoro, du Procureur de Kati, sans lesquels nous aurions perdu ce que nous considérons comme le bien le plus précieux que nous avons, à savoir nos maisons. Nous demandons aux bonnes volontés de nous aider, de nous assister et de nous accompagner. Nous sommes des Maliens comme tout le monde, et on ne saurait nous chasser de nos maisons au profit d’autres maliens. Nous nous confions à Dieu, nous nous confions aux plus hautes autorités du Mali. Nous avons la conviction que l’injustice ne saurait prospérer sous le Président IBK, et nous avons confiance en la justice de notre pays”, tel est le cri de cœur de Abdoulaye Touré, président du Collectif des habitants de Dollarbougou.
Assane SY DOLO