Expropriées les populations de Bourem Inaly de leur terre, tel est le vil dessein nourri par Baba Mahamane, un étranger venu de Tombouctou dont le défunt père doit son installation dans ce village à l’hospitalité et à la généricité des autochtones. Pour arriver à ses fins, il terrorise, tourmente, recense et s’accapare des terres du village au grand dam de ses habitants, vivants essentiellement de l’agriculture et de l’élevage, qui n’ont que leurs yeux pour pleurer.
Après 18 ans de silence qui leur a coûté les yeux de la tête, à savoir les 2/3 de leurs champs, les populations de Bourem Inaly, une localité située à 25 km de Tombouctou, ont enfin décidé de montrer leur muscle face aux agissements et aux exactions dont elles font l’objet de la part de Baba Mahamane. Face à la presse, le vendredi 16 Mai 2014 au siège du Conseil national de la Jeunesse, les villageois ont crachouillé toute leur indignation face à cette injustice qui compromet leur subsistance et leur survie. En effet, à en croire Abdoulaye Touré, un notable du village, le calvaire des habitants de Bourem Inaly ont commencé depuis 1996 lorsque les alentours de Fantankara (rizière de Bourem Inaly) avaient été donnés par Baba Mahamane aux habitants de Tindjambane pour en faire un périmètre irrigué. Le conseil du village au moment des faits ayant appris cela, s’était rendu sur les lieux demandant aux villageois de Tindjambane d’arrêter les travaux au motif que la zone était une propriété de Bourem Inaly. Pour avoir réclamer leur droit, s’indigne M. Touré, ces conseillers ont été attaqués à la justice et ont été enfermés. Et depuis ce jour, poursuit-il, les rizières, les pâturages (naturels et artificiels) et le bras du fleuve continuent d’être méthodiquement et progressivement recensés par Baba Mahamane pour en faire sa propriété sur la base du faux et de menace. Et cela, regrette le notable du village, sans consulter les autorités communales et avec la bénédiction et la complicité de certains responsables administratifs de Tombouctou et de Mopti. Une injustice que les villageois n’attendent plus avaler. Car, indique-t-il, depuis le 2 mai 2014, le village a porté plainte devant le tribunal de la Première instance de Tombouctou pour que justice soit faite. Mais, comme un château de cartes, cet espoir à peine caressé par les habitants du village est, aujourd’hui, en passe de laisser place au désespoir. Pour cause, explique Touré, le 14 mai 2014, 25 villageois de Bourem-Inaly ont reçu des convocations alors qu’un jugement était prévu entre Baba et le village. « prévu le 29 avril, le jugement a été reporté au 13 mai et puis au 27 mai prochain », précise-t-il. A l’en croire, la justice court toujours derrière Baba Mahamane afin qu’il apporte la preuve de ses allégations de propriétaire sur les terres, mais en vain. Le pire, explique Yacouba Mohamar, vice-président de la jeunesse de Bourem Inaly, c’est que, Baba Mahamane n’exploite même pas les 200 ha dont il s’est accaparé et laisse les villageois sans terre de culture. À l’en croire, Bourem-Inaly aspire aujourd’hui seulement à la restitution de ses terres, de ses bourgoutières et autres pâturages et la liberté de pouvoir pêcher sur ses fleuves.
Youssouf Z KEITA