Contre les multiples atteintes portées aux servitudes des rails, conférées par l’Article 10 du Décret N°05-113/P-RM du 09-03-2005, fixant les règles spécifiques applicables aux différentes catégories de servitudes en matière d’urbanisme, un risque réel de soulèvement existe aujourd’hui dans le quartier de Titibougou, dans la Commune rurale de N’Gabacoro Droit de la Préfecture de Kati.
Si les espaces verts, aires de jeu et autres lieux publics font l’objet de toutes les convoitises dans le district de Bamako, ceux des communes riveraines de la capitale ne font pas non plus exception à cette gourmandise foncière des élus véreux. A N’Gabacoro Droit, ce sont les servitudes des rails, telles que définies par le Décret N°05-113/P-RM du 09-03-2005, relatif à la distance à respecter entre les concessions et les voies publiques, qui posent problème. Pourtant le texte est clair. «Les servitudes de marges latérales pour la sécurité de la circulation le long des voies routières sont des distances pouvant aller jusqu’à 20 mètres selon l’envergure de la route», stipule l’Article 09, tandis que l’Article 10 du même texte apporte des précisions quant à la distance légale. «Les servitudes de marges latérales pour la sécurité de la circulation le long des voies ferroviaires sont égales à 50 mètres de part et d’autres de l’axe de la voie ferrée et 25 mètres dès l’entrée des centres urbains».
De façon plus explicite, ce texte fait interdiction au maire Malick Keïta de borner, à fortiori, de mettre en vente l’espace existant entre les rails et les premières concessions. Pourtant, depuis 2009, lesdits espaces, qui s’étendent le long du quartier de Titibougou, sont morcelés et mis en vente illégalement par le Conseil communal. Face à cette flagrante violation de la réglementation de l’urbanisme dans la commune, la population n’entend point se laisser faire. Regroupée au sein du Comité pour la protection des servitudes de Titibougou, elle envisage de s’opposer fermement à la volonté plus que jamais affichée de Malik Keïta de mettre à sac les espaces verts et lieux publics de leur quartier.
Déjà, elle a adressé des correspondances aux ministres de l’Equipement et des Transports, de l’Urbanisme et de l’Habitat et de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales, pour attirer leur attention sur le problème. Au-delà de ces actions intellectuelles, le Comité pour la protection des servitudes de Titibougou menace de passer à d’autres actions, comme les marches et sit-in. «Nous n’allons pas nous laisser faire. Nous n’accepterons jamais le morcellement de ces espaces, qui ne nous laissera que des couloirs pour rentrer chez nous. Nous ne cherchons pas à nous rendre justice nous-mêmes. Nous voulons tout simplement qu’on mette fin à ces pratiques, car nul n’est au dessus de la loi» clame un responsable du comité qui ne comprend pas l’acharnement du Conseil Communal sur ces espaces alors même que le quartier mère de Titibougou n’est pas viabilisé.
En attendant que les autorités ne prennent leur courage à deux mains pour désamorcer cette bombe sociale, un certain nombre d’interrogations brûlent les lèvres à Titibougou. A quoi bon élaborer des textes si on ne les applique pas? Comment comprendre que le maire spéculateur puisse continuer à défier les autorités après que le ministre Séméga ait déclaré que ces morcellements étaient illégaux, en mettant une croix lui-même sur les premiers murs déjà construits? Il faut par ailleurs signaler qu’au-delà de ces servitudes des rails, le terrain de football de Titibougou, sur lequel prient les fidèles de Fombabougou, Bamakobougou et Souleymanebougou, est aussi dans le viseur de Malik Keïta.
Yaya Samaké