Litige foncier : Bakarybougou, un quartier dans un cul de sac

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La population de Bakarybougou a pris d’assaut Mardi, le 10 Décembre 2014, l’artère principale allant du champ hippique au Camp I de la gendarmerie nationale où, a été convoqué le chef de quartier Elhadje Oumar Kéïta âgé de 95 ans. De quoi s’agit-il ?

Le motif évoqué par le plaignant, prétendant propriétaire du titre foncier N° 13080, porte sur le fait que la population veut se frayer une voie sur sa parcelle, chose qu’il juge anormal.

D’après Mamadou Kéïta, fils et  représentant du chef de quartier de Bakarybougou, «traditionnellement, cette route servait de passage à la population depuis des générations. Elle a été dégagée par les services de l’urbanisme en toute légalité conformément à la loi. Cette route constitue la seule issue pour que la population puisse accéder dans le quartier. En aucun cas, il ne saurait être barrée par une quelconque personne que se soit. Nul ne doit être au-dessus de la loi».

Suivant la version des faits, la population, le collectif des jeunes de Bakarybougou (Cojeb), l’Association malienne des artisans Seko ont obtenu une décision de justice annulant trente deux titres fonciers. Cependant, la décision N° 463 du 28 octobre 2010  du Tribunal administratif et l’arrêt N° 66 du 08/03/2012 de la Cour suprême annulent la décision N° 396 du 24 Aout 2010 par laquelle le gouverneur du district de Bamako, en son temps Ibrahim Féfé Koné, demanda au maire de la Commune II de l’époque, Youssouf Coulibaly, de procéder au déguerpissement de la zone des immeubles de l’hippodrome longeant les rails.

L’association malienne des artisans Seko, par la voix de son président, Drahamane Diakité, affirme «que ses membres, dont fait partie le chef de quartier, exercent depuis des décennies des activités artisanales sur cette partie de la zone de servitude de Bakarybougou longeant les rails. Et, ils se sont toujours conformés à la loi».

Dans un climat pacifique, le chef de quartier de Bakarybougou, représenté par son fils Mamadou Keita, ira en compagnie d’une foule nombreuse répondre à la convocation de la gendarmerie. Après un quart d’heure d’entretien avec le colonel chargé de l’affaire, il rejoint la foule pour rappeler que «la manifestation n’a d’autre sens que d’avoir une voie pour bien circuler. Parce que la seule route qui vient d’être mise en chantier obstrue l’accès principal du quartier. Pour parer à l’urgence, les habitants circulent à travers la voie traditionnelle tracée par les services d’urbanisme, qui fait aujourd’hui  l’objet de litige». En outre, la population, par la voix du président du collectif des jeunes, Oumar Samaké, réclame «les lots prévus pour les espaces verts, qui sont occupés anarchiquement par des gens qui se croient au-dessus de la loi. Les habitants demande l’appli­- cation des décisions de justice par rapport à l’annulation des titres fonciers qui obstruent le passage afin de contribuer à l’amélioration du cadre de vie du quartier par une bonne aération. Le cas n’échéant pas, le collectif des jeunes demande un cadre de concertation pour dissiper tout malentendu».

Pour sa part, un ancien député s’insurge contre ces titres fonciers qui ont refait surface au lendemain du push. Il affirme «que cette affaire de titres fonciers sur le passage, la route principale de Bakarybougou, a fait l’objet d’interpellation des ministres de tutelle en 2010. C’était du  temps de Féfé Foné et de l’ex-ministre de l’Administration territoriale, Kafougouné  Koné. Faute d’avoir eu  gain de cause, ils ont profité du coup d’Etat de 2012, pour faire un titre foncier sur les lieux de passage des habitants de Bakarybougou». Encore des poux sur la tête du capitaine général Sanogo.

Selon toute vraisemblance, tout le quartier de Babiabougou, habité depuis plus de 80 ans, n’avait qu’un titre foncier. Il a faillu la détermination de ses habitants pour le faire voler en éclats.

Comment une telle chose peut arriver dans un pays de droit ?

De toute façon, les habitants de Bakarybougou sont décidés à aller très loin. Alors, que force reste à la bonne application bienveillante de la loi. Au vu des différentes décisions de justice et des arrêtés, les hautes autorités sont interpellées pour que les habitants de Bakarybougou puissent bénéficier de voies d’accès et d’espaces verts afin de respire à plein poumon et circuler librement. Si -non… Affaire  à suivre !

Daouda MAIGA

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