Au Mali, la lutte pour le changement de mentalités est aujourd’hui plus complexe qu’hier. Il s’agit de mettre fin à la spéculation foncière. Malgré la tenue des Etats généraux sur le foncier, le problème reste entier.
La spéculation foncière est une pratique des plus hautes autorités qui exercent ainsi leur suprématie sur les plus démunies. Partant, les spéculateurs se servent du droit comme couverture.
La situation actuelle est une poudrière. Jusqu’à quand les déshérités accepteront-ils de patienter, d’espérer les changements concrets pour lesquels le coup de force du 22 mars a eu lieu ? La situation est donc mouvante, contradictoire, mais elle est surtout difficile à maîtriser par un gouvernement qui n’a pas toujours les moyens de sa volonté politique.
L’heure est grave monsieur le Premier ministre «Pleins pouvoirs» à cause de la spéculation foncière grandissante. La terre qui nous appartient tous et qui demeure le seul patrimoine restant est au centre d’une grave crise.
Le commerce de la terre est juteux mais pas très rentable, car dit le sage, la terre ne se vend pas, elle appartient à Dieu.
Depuis l’ajustement structurel commencé chez nous, toutes les sociétés et entreprises d’Etat ont subi les affres du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM) par une liquidation outrancière de nos usines. Ce fut une aubaine pour les Chinois de s’implanter sur les marchés maliens. Et depuis, le secteur du commerce connaît une crise sans précédent due à une mauvaise organisation.
Pour survivre, certains opérateurs économiques ont diversifié leur secteur par les cultures intensives, l’élevage, la pisciculture dans des fermes. Cela a été rendu possible par une expropriation des terres cultivables des villages environnants de Bamako.
Tous les villages compris dans un rayon de 60 km sont concernés. C’est le cas du village de Sirakoro-Niaré, situé dans la commune urbaine de Kati, où 700 hectares ont fait l’objet d’expropriation arbitraire par un opérateur économique très connu de la place.
A travers sept (7) sociétés immobilières qui sont entre autres : Kindy Mali Sarl, DAMOU-SO Sarl, SOBATIMA Sarl, WANDO Sarl, SEMA Sarl, SOMAPIM, Cabinet Géomètre Expert BEAT, Hamady Bathily se taille la part du lion dans un village fondé par des Bambaras dont les sociétés sont connues sous le label KINDY.
Ces sept (7) sociétés immobilières détiennent de vrais faux titres fonciers signés des mains du directeur régional des domaines et du cadastre et des décisions signées par le préfet du cercle de Kati.
Ce qui choque, c’est comme si tout le village de Sirakoro -Niaré est la propriété de l’opérateur économique H.B.
Sept cent (700) hectares représentent dans certaines localités la superficie d’un village. Il fallait un commandant de cercle véreux et un directeur régional des domaines et du cadastre crapule pour céder les terres d’un village entier à un opérateur économique. Avec cette nouvelle race de riches propriétaires terriens et ses exploitants, de la bourgeoisie avec ses modestes rentiers et ses gros capitalistes, les villageois seront dépossédés de toute leur terre cultivable dans un proche avenir.
Les cas GDCM, ODRS, les milliers d’hectares cédés à la Libye à l’Office du Niger et à des cadres de l’administration publique au détriment des paysans de Niono sont autant de bombes en attente d’éclater.
Si le gouvernement ne se ressaisit pas vigoureusement pour modifier radicalement le cap, s’il n’a pas le courage de parler enfin le langage de la vérité aux spéculateurs fonciers et leurs complices, alors ce sera un soulèvement général à Bamako et d’autres localités suivront.
Pour un gouvernement de transition, ce serait pire qu’un échec. Il est prévu à Sirakoro -Niaré la construction de la Cité universitaire (lettre N° 07-080 /MEN- CENOU-DC).
Brin COULIBALY
Commune rurale urbaine de Kati :
Village de Sirakoro-Niaré
Chef de village de Sirakoro Niaré
Objet : Demande de marche pacifique contre les lettres des Sociétés Immobilières à Monsieur le Maire du cercle de Kati.
Monsieur le Maire,
Nous, habitants et le chef de village de Sirakoro- Niaré, nous avons le regret de venir auprès de vous, pour déposer notre lettre de demande de marche pacifique contre les lettres de protestations de la société immobilière Kindy MALI-SARL, de la société immobilière Wando-SARL, de la société immobilière SEMA, de la société SOMAPIM, et du cabinet de géomètre Expert BEAT. Pour les titres de propriétés sur les parcelles du village de Sirakoro-Niaré.
Date de la marche : le jeudi 04 octobre 2012 de 9heures à 12heures. Départ de la marche : Sirakoro-Niaré au Camp Soundiata Keita. Du Camp Soundiata à la préfecture. De la préfecture au Domaine de Kati.
Dans l’attente d’une suite favorable, Veuillez agréer Monsieur le Maire, l’expression de nos sentiments les plus sincères.
Fait à Sirakoro, le 25 septembre 2012.
Le chef de village Adama Niaré
Et ses conseillers :
Michèle Niaré, Jacob Niaré, Modibo Niaré, Bourama Niaré