Litige foncier à l''Hippodrome I : San Zou sème le désarroi

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Bamako est en passe de devenir le champ de prédilection des prédateurs terriens. C’est du moins le cas du pétrolier Zoumana Traoré, plus connu sous le surnom de “San Zou”. Après Faladié, Sogoniko, Niaréla, c’est au tour de Hippodrome I de subir les exactions du milliardaire de San qui tient à y placer des stations d’essence, au grand dam des pauvres populations. Le hic, c’est que ces stations d’essence sont situées en plein coeur de la ville, d’où le danger permanent qui plane sur les paisibles citoyens.

De quoi s’agit-il ?

Ce 21 septembre 2007, aux environs de 14H30, des échauffourées avaient éclaté entre les habitants du quartier, plus particulièrement entre la jeunesse de l’Hippodrome I et les forces de l’ordre. Le litige concernait l’espace vert situé sur l’avenue Bazoumana Sissoko, en face de l’UFAP.

Cet endroit, qui avait été légué à la jeunesse du quartier pour servir d’aménagement, s’est brusquement transformé en une propriété privée de San Zou, où le milliardaire sanois a décidé de construire une station d’essence. Aussi, la jeunesse décida de lui faire comprendre que l’endroit leur appartient. Mais la surprise sera au comble lorsque San Zou exhiba des documents administratifs prouvant qu’il l’a acheté avec la mairie de la commune II.

Pourtant, ledit espace faisait l’objet de convoitises de beaucoup d’opérateurs économiques. Mais après s’être imprégnés de la réalité des choses, ils ont décidé de mettre fin à leur intention de s’approprier le lieu.

Aussi, l’on se pose la question : pourquoi San Zou s’est-il entêté à acheter cet endroit, sachant bien que la jeunesse du quartier s’opposera à toute utilisation contraire aux projets des jeunes ? Selon nos sources, San Zou aurait déclaré qu’à Bamako, rien ne peut lui résister, et qu’il est bien vu par l’administration.

Pourquoi la mairie n’a-t-elle pas informé la jeunesse de cette nouvelle donne, c’est-à-dire qu’elle a concédé cet espace vert à San Zou? Malgré les rumeurs qui avaient circulé sur cette concession par la mairie de la Commune II , la jeunesse n’en était toujours pas convaincue.

Pour elle, la mairie ne pourrait vendre le lieu sans l’aviser. Erreur ! le soubassement, la clôture, bref, le début des travaux fut entrepris par San Zou dès ce 21 septembre vers 14h30. Dès lors, ce fut une protestation spontanée des jeunes du quartier qui tenaient à obtenir des explications sur les motivations du nouvel acquéreur des lieux. Mais ils avaient oublé que San Zou était décidé à construire sa station et avait mobilisé, pour la cause, un nombre impressionnant d’éléments des forces de l’ordre.

Sans chercher à comprendre, les policiers commencèrent à mater tous ceux qui bougeaient. Toutes les rues contiguës à l’espace litigieux étaient bouclées. Et gare à celui qui se hasardait ce jour- là à emprunter ces rues. C’est ainsi que de simples ménagères qui quittaient le marche de Médine pour rentrer chez elles, en ont eu pour leur compte : elles étaient obligées de traverser l’espace dangereux.

Elles furent toutes matraquées jusqu’au sang, ce qui ne contribua qu’à électrifier davantage la tension parmi les jeunes. Et ce fut une bataille rangée entre les populations de l’Hippodrome I et les forces de l’ordre qui étaient obligées de demander de nouveaux renforts.

Après deux heures de confrontation entre les deux parties, plusieurs blessés furent enregistrés dont des femmes. Une vieille femme de 75 ans a été prise à partir par les forces de l’ordre. Malgré l’intervention des sages du quartier, elle fut terrassée et tabassée à sang.

Il a fallu finalement faire appel aux notabilités du quartier pour calmer les ardeurs des deux camps. Les jeunes, réunis autour d’un collectif de défense de cet espace vert, ont juré de perdre leur vie s’il le faut pour être en possession dudit espace.

Selon nos sources, un jeune frère à San Zou aurait affirmé que rien ne pouvait les empêcher de construire leur station. “Même s’il faut le faire sur le cadavre de quelqu’un, nous allons construire notre station. Rien ne pourra nous empêcher. Qu’ils aillent au diable !”, avait-il fulminé.

Les autorités communales fortement indexées

Pourquoi les autorités communales ont-elles vendu cet endroit à San Zou, alors qu’elles avaient refusé de le vendre à des opérateurs économiques qui voulaient aussi l’acquérir ?

Au cours des échauffourées, aucun responsable de la mairie n’a daigné venir sur les lieux, malgré des appels incessants à leur endroit. Aussi, les langues se sont déliées, accusant les responsables de la vente. D’aucuns pointent du doigt l’actuel maire Gaoussou Ly. D’autres accusent un autre ancien maire. Toujours est-il que les documents administratifs brandis par San Zou prouvent, à suffisance, que la mairie de la Commune II est complice.

En tout cas, les dernières informations font état de l’arrestation et l’emprisonnement de plusieurs personnes, dont des vieilles femmes qui avaient voulu défendre leurs enfants.

L’appel au calme lancé par les notables du quartier

Jusqu’à 18 heures, la tension était perceptible. Une expédition punitive avait été organisée par les jeunes contre le commissariat du 3e arrondissement et la famille du milliardaire. Mais l’intervention des notables et des leaders religieux du quartier est parnenu à ramener les jeunes à la raison.

Selon le porte-parole des notables et des leaders religieux, il est urgent de faire appel au Président de la République.“Vous êtes le seul à n’avoir pas pris de pots-de-vin à qui que ce soit. Car vous êtes déjà ce que tout le monde pense de vous, c’est-à-dire un rassembleur, un bâtisseur juste et humble. Nous comptons beaucoup sur vous pour qu’on nous restitue notre espace vert” , déclare le porte-parole du collectif des jeunes de l’Hippodrome à l’adresse du Chef de l’Etat.

En tout cas, la jeunesse du quartier Hippodrome I entend utiliser toutes les voies de recours pour parvenir à un dénouement rapide et heureux de cette nouvelle crise à relent de spéculation foncière, véritable source d’enrichissement de certains maires.
Au lieu d’une fête, cette veille du 22 septembre 2007 s’est plutôt transformée en désarroi de toute une population, causé par la volonté d’un seul homme qui ne se fie qu’à sa fortune pour plonger ses semblables dans la désolation.
Affaire à suivre

Sadou BOCOUM

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