Trouver une chambre ou une maison de location en parfait état relève d’une chance inouïe à Bamako. En plus, faire face au loyer reste un véritable parcours du combattant pour les nombreux chefs de famille qui se trouvent écartelés entre les charges domestiques et le règlement d’une location qui croît de jour en jour sur la base d’une spéculation impunie.
Dans le District de Bamako comme dans les capitales régionales, les chefs de famille souffrent beaucoup pour trouver une maison à louer. La démographie galopante et l’exode rural des jeunes ruraux vers la ville pèsent sur le coût des prix des maisons en location à Bamako car face à la demande croissante, les propriétaires se transforment tout simplement en vendeurs de sommeil. Les prix pratiqués sont usuraires, les locaux de simples poulaillers parfois et le locataire est traité en simple vache-à-lait. En effet, les locataires ont de quoi crier leur ras-le-bol parce que fatigués d’être taillables et corvéables sans coup férir.
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La loi ? Connais pas !
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Couramment, des conflits surviennent ça et là entre les propriétaires et les locataires. Du côté des locataires la pression fait craquer, alors que pour les propriétaires, «la loi ? Connais pas!». En effet, la plupart des bailleurs gèrent à l’amiable et surtout dans l’informel. Force est de constater que ces individus ignorent le Code foncier et le Code des obligations civiles et commerciales, seuls instruments qui régissent en principe la situation.
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Depuis quelque temps aussi, des agences immobilières poussent par ci par là, comme des champignons, sans la moindre qualité requise et par conséquent, ne respectant aucunement les règles et les conditions en vigueur. Elles en rajoutent à la confusion et la répression du locataire.
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A Bamako, les locataires sont donc exposés à tout risque. Les maisons à usage d’habitation coûtent plus chères dans les cités résidentielles, considérés comme les quartiers propres. Par exemple à l’ACI 2000, une villa composée de trois chambres, d’une cuisine, d’un magasin, de deux toilettes – intérieure et extérieure- coûtent entre 150.000 Fcfa à 200.000 Fcfa par mois. .Les fonctionnaires et autres cadres de l’Administration sont donc exclus du luxe d’habiter dans ces zones, si l’on considère leurs revenus et niveaux de traitements. Et pourtant, allez savoir qu’ils sont nombreux à y habiter. D’où tirent-ils de quoi engraisser les propriétaires et bailleurs à la fin de chaque mois ? Mystère et boule de gomme !
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150.000 FCFA et 200.000 F CFA
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Dans le centre ville ou existent encore de vieilles cités appelées quartiers populaires comme Bagadadji, Niaréla, Bozola, Quinzambougou, Médina coura, Bolibana, Dravéla, c’est-à-dire des parties considérées comme les quartiers sales du District de Bamako, on y trouve une pratique hybride : la même concession peut abriter à la fois des locaux à usage d’habitation et d’autres à usage commercial. Il suffit de traverser ces quartiers pour se rendre compte que des chambres sont louées à l’intérieur de la cour, mais les pièces qui font face à la route ou à la rue, les devantures donc sont réservées aux activités commerciales. Dans ces quartiers, le prix d’une chambre électrifiée sans véranda oscille entre 17.500 Fcfa et 20.000 F CFA. La chambre accolée à une anti-chambre se donne désormais, sans douche intérieure ni véranda, à 35.000 F CFA. Si c’est avec douche, véranda et magasin, il faut débourser mensuellement 45.000 F CFA. Ces deux pièces au quartier ACI 2000 s’acquièrent à pas moins de 50.000 F CFA.
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Par contre dans les quartiers périphériques et les quartiers anciens comme Taliko, Kalabanbougou, kabala, etc, où vivent les bras valides, le prix d’une chambre ou d’une villa reste très flottant. Par exemple, une grande chambre avec véranda peut y coûter 15 . 000 F CFA par mois chez un propriétaire alors que la même pièce chez un autre du même quartier ne peut être obtenue qu’à 25.000 F CFA.
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Pressés comme des citrons et jetés comme des ordures
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Dans tous les cas, les locataires restent entre les mains des propriétaires qui les pressent comme du citron avant de les jeter dehors comme des ordures. Il semble que le locataire, à Bamako, n’a aucun droit à faire valoir. Il doit seulement courber l’échine et se soumettre aux caprices de son logeur. «On a de sérieux problèmes à payer la location en fin de mois. Quand on ne paye pas cette location à la date prévue, on ne peut même pas préparer de bons repas dans sa famille car le propriétaire est prompt à rétorquer que vous mangez bien sans lui remettre son argent », a déclaré un chef de famille en location, résidant à Hamdallaye.
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L’appétit insatiable du gain montré par les loups de la location à Bamako, rime avec leur insouciance des conditions de vie des locataires. En effet, « faute d’aménagements, les eaux usées sont versées partout : dans la cour des habitations, devant les portes des maisons, tout le long des carrés, etc. Il est impossible de traverser les rues sans rencontrer les ordures à la devanture de leurs portes », dénonce Ahmadou Goïta du quartier de Lafiabougou.
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«Nous avons de sérieux problèmes pour payer les fais de location, il y a des gens qui demandent leur argent au premier jour du nouveau mois, on dirait que la tolérance n’existe pas à Bamako. Alors on nous fait savoir toujours à la télé ou à la radio que la Mali est un pays solidaire. Réellement, les locataires sont traités comme des prisonniers dans les maisons d’arrêt. On en a mare de cette situation, nous demandons aux autorités en place de revoir la souffrance des locataires », telle est la déception de Abdoulaye Sangaré, réparateur de moto résidant à Dravéla.
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Un poulailler pour une fortune
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Ce cri de cœur est la dénonciation du quotidien de violations de leurs droits et intimités dont sont victimes les locataires de la part des propriétaires et gérants de maisons. S’y ajoutent les agressions verbales et parfois physiques, sans compter le manque de respect de l’intimité et de la tranquillité. Chacun aménage un poulailler et réclame une fortune par mois pour y loger d’honnêtes citoyens, profitant de la situation de spéculation, consécutive à la demande excessive face à une offre limitée. A quand prendra fin le calvaire des locataires à Bamako ! Les pouvoirs publics sont en tout cas interpellés.
rnYamalou DOLO
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