Hippodrome : Un espace très convoité

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Les jeunes du quartier et la marie sont à couteaux tirés avec un opérateur économique pour une parcelle qui faisait partie du domaine public.
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rnLes litiges fonciers défraient régulièrement la chronique dans notre capitale. La moindre portion, le moindre lopin de terre suscite convoitise chez les uns et jalousie chez les autres. Dans nombre de cas, ces litiges débouchent sur des actes de violence. Surtout quand la jeunesse est impliquée. C”est le cas dans le différend opposant les jeunes de la Commune II du district de Bamako à l”homme d”affaires, Zoumana Traoré dit "San Zou", opérant dans les hydrocarbures.
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rnComme la plupart des litiges fonciers, l”affaire paraît complexe. Car il implique la mairie de la commune, les Domaines de l”État, les populations, notamment la jeunesse. Les usagers de la voie perpendiculaire à la "rue "Bla-Bla" située à l”Hippodrome ont été témoins, il y a une dizaine de jours, d”échauffourées qui ont opposé des jeunes aux forces de l”ordre.
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rnAu coeur du litige : un projet de construction de station d”essence sur un terrain que les jeunes de l”Hippodrome et de Médine revendiquent. "Nous ne voulons pas d”une station d”essence ici dans notre quartier", scandaient les jeunes armés de pioches, de houes, de branches d”arbres, de barres de fer. Ils avaient coupé la rue en plusieurs endroits, dans l”après-midi du mardi 19 septembre. L”espace litigieux aurait été acheté par l”opérateur économique Zoumana Traoré qui veut y construire une station d”essence.
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rnLe promoteur des stations "Sanké" aurait acquis ce terrain en 2002. Dès le départ, les populations riveraines du terrain se sont montrées très hostiles au projet. La parcelle, argumente-t-on, a toujours appartenu à la jeunesse qui en bénéficiée à la suite de la mise en oeuvre du programme de lotissement de l”Hippodrome.
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rnDans le cadre de ce projet, un certain nombre de parcelles avaient été réservé pour servir de domaine public, notamment d”espaces verts. Comment avait-on alors pu vendre la parcelle en question ? Voilà toute la question.
rnDeux ans après la vente du terrain, dans une lettre datée de janvier 2004, la Délégation spéciale qui dirigeait alors la mairie de la commune appelait les autorités locales, à la vigilance contre d”éventuelles spéculations sur les parcelles destinées aux espaces verts et autres infrastructures publiques. Une liste de dix espaces verts dans le quartier fut adressée au Conseil à cette fin.
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rnCes équipements font partie du domaine public immobilier de l”État. Régis par l”article 27 du Code domanial et foncier, les domaines publics immobiliers sont juridiquement "inaliénables", "imprescriptibles" et "insaisissables".
rnLes problèmes commencèrent quand l”opérateur économique entreprit de faire creuser les fondations de la future station. "Ce projet est une violation des textes. Cet espace ne peut servir ni de marché, ni d”endroit pour des entreprises privées. Nous mettons au défi toute personne de prouver le contraire", lance Ousmane Sylla, un jeune de Médine. Selon lui, l”opposition de la jeunesse à la réalisation de ce projet est d”autant plus justifiée que les espaces verts constituent les poumons du quartier. "Nous vivons dans des quartiers surpeuplés. Les quartiers ont besoin de ces espaces pour respirer. Ils sont indispensables à notre cadre de vie", plaide-t-il.
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rnLa lettre d”attribution et l”autorisation de construire de "San Zou" sont-elles authentiques ? Ousmane Sylla répond par l”affirmative en assurant avoir vérifié le fait au niveau de la mairie.
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rnEt ici, on dégage toute responsabilité en expliquant que l”équipe actuelle est arrivée bien après la vente du terrain. "Nous sommes venus quand l”affaire était scellée. Nous n”y sommes donc pour rien", explique le deuxième adjoint au maire, Abdoulaye Sissoko. L”édile impute, au contraire, la responsabilité aux Domaines de l”État pour avoir donné son feu vert au permis de construire. Or poursuit-il, il se trouve que la parcelle en question avait été réservée pour y construire un nouveau commissariat de police, le 3è Arrondissement ne suffisant plus pour bien assurer la sécurité dans la commune.
rnQui a fait intervenir des forces de l”ordre le 19 septembre dernier ? La mairie, assure Abdoulaye Sissoko, n”a rien à voir dans cette intervention. Celles-ci auraient été réquisitionnées par le procureur à la demande de l”opérateur économique. Nos différentes tentatives pour rencontrer celui-ci étant restées infructueuses, il nous est impossible d”exposer ses arguments dans cet article.
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rnLe deuxième adjoint au maire assure, toutefois, que des pourparlers sont en cours pour le convaincre de renoncer à réaliser son projet. La construction de cette station, prévoit-il, pourrait même favoriser les inondations dans le quartier, le site figurant dans une sorte de ravin. Dans le projet de construction du nouveau commissariat, la mairie avait envisagé des mesures spécifiques pour permettre l”écoulement des eaux de pluie. Tel ne serait pas le cas avec la station.
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rnEt si les pourparlers n”aboutissent que ferait la mairie ? "Nous faisons pression sur les Domaines. Les textes domaniaux, indique Sissoko, donnent la possibilité aux autorités d”annuler des ventes de terrain. Dans ce cas, l”État indemnise le propriétaire du titre en lui accordant un autre. Cette procédure peut être mise à profit pour résoudre le problème". Abdoulaye Sissoko, précise qu”à défaut d”un commissariat, la mairie est bien déterminée à réaliser un espace vert sur le site pour la jeunesse.
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rnLes démarches de la mairie semblent avoir rencontré des échos auprès des pouvoirs publics. En effet, le service des Domaines vient de demander à l”opérateur d”arrêter les travaux. En attendant que la situation soit tirée au clair.
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rnL. DIARRA
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