Faut-il se réjouir de la reconduction de Mohamed Ali Bathily dans le dernier gouvernement en date de Modibo Kéita ? Pas vraiment. Il est indéniable que M. Bathily, malgré tout ce qu’on peut lui reprocher, est animé de bonne foi dans l’assainissement du secteur du foncier au Mali.
Malheureusement, c’est la solidarité gouvernementale qui manque le plus à ce ministre téméraire, lâché dernièrement pas ses collègues, voire tout le gouvernement (à commencer par le Premier ministre, Modibo Kéita) dans la décision de démolitions d’habitats à Souleymanebougou, comme s’il était le seul à avoir pris la décision. Ce qui est d’ailleurs impensable pour qui connaît le fonctionnement d’un gouvernement, d’un appareil étatique.
Les Maliens ont pu se rendre compte de ce lâchage lors de l’audition du ministre par l’Assemblée nationale. Il est évident que Me Bathily ne pouvait s’attendre à un quelconque soutien des élus de Bagadadji pour la simple raison que le désordre du secteur foncier ne peut être que le fait de personnes haut placées.
Mais le véritable handicap de Me Bathily, de notre point de vue, se situe ailleurs. D’abord le ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières ne semble pas avoir les mains libres dans son entreprise. Le gouvernement veut tout simplement donner l’impression de vouloir assainir le secteur foncier, mais au même moment rechigne à donner les pleins pouvoirs à M. Bathily.
La Cour suprême, une véritable embûche pour déblayer le terrain
L’autre handicap pour Me Bathily, c’est la Cour suprême qui a récemment et de façon scandaleuse annulé certaines décisions prises par le ministre. Au profit d’opérateurs économiques douteux disposant de titres fonciers sur des villages entiers. Incroyable mais vrai. Et dire que l’instance suprême de notre justice suit ces gens dans une entreprise aussi honteuse que scandaleuse. Au risque de provoquer une émeute populaire qui reste la seule option pour ces pauvres gens sans autre recours après l’arrêt de la Cour suprême.
Une chose est sûre, la Cour suprême du Mali se rend tristement célèbre avec la prise d’un certain nombre de décisions fort controversées. En effet, outre l’annulation de décisions prises par Bathily, la Cour suprême du Mali, sous la transition, a tristement surpris plus d’un Malien en donnant raison aux 200 et quelques diplômés ayant frauduleusement intégré la fonction publique.
La décision de la Cour suprême était d’autant surprenante que les conditions d’intégration de la fonction publique sont claires et précises : il faut passer par un concours direct. Cette règle a été foulée au pied et la justice malienne a estimé que ce n’était pas suffisant. Et pour une fois qu’un ministre avait eu le courage de mettre tous les fils du pays sur le même pied d’égalité, la justice malienne brisait cet élan. Une des explications est tout simplement que les fraudeurs en cause sont tout sauf des fils de paysans.
Le hic dans cette histoire est que c’est le même Bathily, qui était l’avocat de ces fraudeurs, avant d’être ministre de la Justice, sous lequel est intervenue leur réintégration. Par la suite une fraudeuse a commencé à servir à la présidence de la République. Comme quoi, le combat pour la justice était difficile à gagner.
Me Bathily, malgré sa reconduction, devra faire face à ce même combat difficile pour la justice. Mais depuis un bord tout à fait différent, Bathily aurait dû rester à la Justice (où tout se règle au finish) si l’on voulait vraiment qu’il réussisse sa mission. Mais cela ne suffirait pas si on ne mettait pas de véritables “réformateurs” à la Cour suprême.
La Rédaction