Annoncée en grande pompe à la prise de fonction de Mamadou Tiéni Konaté, la promesse de restructuration de l’Agence de Cessions, Immobilières tarde à se faire jour et se fera sans doute davantage attendre, tant elle s’apparente à une chimère. Et si bien que des interrogations commencent à fuser de toutes parts quant à l’aptitude du nouveau PDG à se hisser au niveau des missions les plus élémentaires de la structure ainsi que du mode de gouvernance correspondant.
Pas d’opérations de vente, pas de lisibilité des orientations, un fonctionnement au rabais, une navigation à vue, etc. Voilà une année environ qu’il assure la responsabilité de l’ACI et le PDG Mamadou Tiéni Konaté s’illustre pour l’heure plus par le spectacle et les annonces fanfaronnades que par des prouesses et une exemplarité dignes d’envie. Comme aux époques révolues des cultes de personnalité, les merveilles qu’il a fait miroiter ressemblent à un canular et auront surtout consisté – pour un départ en tout cas – à révéler le nouveau occupant des lieux sous ses facettes atypiques, l’étrangeté de sa méthode et de son style personnel. À un point tel que nombre de ses collègues contiennent à peine leur agacement, leur lassitude vis-à-vis des spectaculaires lourdeurs et restrictions fantaisistes. Les usagers sont tout autant dépaysés par un nouveau décor tape-à-l’œil fait d’encombrantes barricades magnétiques et d’ennuyeux dédales administratifs. Des mesures en définitive plus coûteuses qu’efficientes et dont l’irrationalité tranche manifestement avec l’esprit de restructuration qui les sous-tend, a fait remarquer un vétéran de l’Agence.
En s’évertuant à ne mettre en relief que ses marques propres, le nouveau PDG ne s’y est pas moins pris avec un remue-ménage assez impopulaire pour déboucher sur une atmosphère d’insalubrité irrespirable dans les relations avec le personnel et un malaise peu propice à la convivialité et au rendement. «L’expérience et la compétence sont visiblement reléguées au profit de la dévotion et des complaisances très peu désintéressées», a susurré un autre responsable, allusion faite à une réorganisation inopérante du directoire que le PDG s’est empressé d’effectuer sans discernement et sans le round d’observation habituel. Une attitude ayant eu l’effet désastreux, poursuit notre source, de démotiver les cadres et d’assener un coup d’arrêt abrupt à l’envol de la boîte, laquelle subit de plein fouet un détricotage à la Donald Trump dans tous les compartiments où cela est encore possible. Si la grande opération des «anciens bâtiments administratifs» a pu échapper au revirement à la renverse, il en est différemment des opérations de cession de certaines parcelles. Des ventes régulièrement conclues sont en effet suspendues ou arrêtées, arbitrairement annulées, puis réaffectées en violation des règles et procédures d’équité et de transparence en vigueur à l’Agence de cessions immobilières. Et sans avis de retrait aux acquéreurs dont la plupart seraient très avancés dans les actions judiciaires contre l’ACI. La vague ne tardera pas à être déclenchée et pourrait contribuer à faire sortir du bois un mystérieux bénéficiaire miraculeusement attributaire de la quasi-totalité des parcelles extorquées. En attendant, les commérages sur fond de présomptions de retraits motivés par des intérêts mercantiles personnels alimentent la chronique et sont corroborés pour le moins par la substitution opaque d’acquéreurs officiellement retenus par des bénéficiaires soupçonnés de proximité avec les décideurs. La même énigme aux relents affairistes entoure le traitement de certains contentieux judiciaires de l’ACI. Laxisme, naïveté ou prévarication ? Il nous revient en tout cas qu’un particulier, propriétaire de parcelle à ACI Sotuba, est tombé sur un jack-pot de rêve aux dépens de l’Agence, paradoxalement à un moment où son impasse trésorière était chantée sur tous les toits. L’intéressé, selon notre confidence, a été précipitamment gratifié de la rondelette de 120 millions de nos francs dans le cadre d’une transaction en rapport avec un litige pendant devant la Cour suprême et finalement tranché en ultime instance en faveur de l’Agence. Et que dire de cette intrigante décision de rembourser à un promoteur immobilier de la place 100 millions en compensation de la voie publique d’accès à l’ACI Kati-Samakébougou réalisée dans le cadre du marché des logements sociaux.
A cette nébuleuse viennent s’ajouter les motivations opaques ayant prévalu au morcellement de l’espace viabilisé de Daoudabougou. Léguée par le directoire précédent avec des conditions d’accessibilité plus démocratique et au maximum de preneurs, la zone ne sera finalement à la portée que des seuls acquéreurs opulents en étant hors de la portée des bourses moyennes avec ses tranches de 800 m2 en raison de 400 000 francs le mètre carré. Pendant ce temps, les titres pour lesquels
En définitive, à défaut d’initiatives et de conceptions susceptibles de révolutionner le rôle de l’ACI dans le concert des outils du développement national, les curiosités auront été plutôt servies en pratiques qui jurent avec la gestion orthodoxe devant y concourir.
Conséquence : le fleuron de l’aménagement urbain et des cessions immobilières est au bord d’une chute abyssale qu’annonce l’imminence de sagas judiciaires que lui attirent forcément les mesures impopulaires du directoire.
À suivre
A Keïta