Expropriations, déguerpissements et spoliations foncières : Les victimes haussent le ton

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Un forum des sans voix sur la problématique foncière et une manifestation populaire pour exprimer leur ras-le-bol en septembre prochain, les expropriés, déguerpis et spoliés  fonciers entendent montrer à la face du monde que le cinquantenaire de l’indépendance du Mali a de véritables pages noires pour les pauvres.

D’ores et déjà, on envisage d’instituer la journée du 15 novembre «journée des déguerpis». Cela en hommage à un jeune du nom de Issa Diarra, mort assassiné le 15 novembre 2009 à la faveur d’un conflit foncier à Kognoumani en commune I du district de Bamako. Par ailleurs, le 22 septembre prochain, une manifestation est prévue contre les problèmes fonciers au Mali. Mais la nature de la manifestation n’est pas encore déterminée. Avant tout cela, un forum, auquel participeront tous les acteurs impliqués dans le phénomène de spéculation foncière, se tiendra du 17 au 19 septembre 2010, sur le thème «expropriation, spoliation, déguerpissement, quelles alternatives ?». A l’appel de l’union des associations et coordinations d’association pour le développement et la défense des droits des démunis (Uacdddd), ces différentes initiatives ont pour objectif de «montrer les pages sombres» de la gouvernance démocratique du Mali. Les responsables ont organisé, le 24 juillet 2010, à N’Tabakoro, une conférence de presse pour annoncer leur intention. Pour le secrétaire aux relations extérieurs de l’union, le forum, dont les conclusions sont destinées au premier ministre, doit réunir des membres de l’administration, des déguerpis, des chefs coutumiers, entre autres. Réseau d’association de victimes de déguerpissement, d’expropriation foncière, l’Uacdddd, selon son secrétaire général, Famory Kamissoko, ne regroupe que des victimes d’abus de pouvoir.  Toutes les communes du district de Bamako et le cercle de Kati sont concernés par ces litiges fonciers. L’examen de ces doléances foncières a été confié, le 10 mars 2010, c’est-à-dire au lendemain de la marche réprimée du 9 mars, à une commission interministérielle conduite par le ministère de l’administration territoriale et des collectivités locales. Cette commission interministérielle a suggéré d’étudier les litiges au niveau des mairies. Selon Famory Kamissoko, le gouvernorat du district a établi un calendrier de rencontre avec les autorités municipales pour discuter  de ces problèmes mais les conclusions ont été décevantes : à part la commune I aucune autre commune n’a pu établir de rapport à l’intention du gouvernorat. «Cela nous prouve un manque de volonté politique pour le règlement des problèmes fonciers»,  a souligné l’union dans un mémorandum élaboré à cette occasion.

«L’injustice a été trop grande. Nous avons rencontré les maires, les gouverneurs, les ministres et même la justice. Aucune de ces autorités n’a pu résoudre notre problème»,  s’est indigné Famory Kamissoko. Pour le responsable du réseau d’association, il est hors de question pour eux d’abandonner la bataille. Au niveau de ce collectif, on envisagerait déjà les voies et  moyens pour attaquer l’Etat malien à la juridiction de la CEDEAO (communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) pour abus de pouvoir. Il faut dire que l’union a déjà introduit, il y a un an, une requête d’abus de pouvoir contre l’Etat à la cour suprême du Mali au sujet de l’expropriation de centaines d’hectares de titres fonciers au profit de la construction des nouveaux logements sociaux de N’Tabakoro, situé à la périphérie de Bamako.

Seydou Coulibaly

 

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