Les Niaré de N’Gomi sont en colère contre le député de la commune II, en l’occurrence l’honorable Hady Niangadou. Ce dernier, à travers son agence Banga immobilier, vient de créer un titre sur l’espace de culture pour ne pas les champs des familles Niaré de N’Gomi. Selon les familles Niaré, il a mis le titre sur environ 40 hectares de leur champ, à l’insu de tous les membres de la famille et continue de faire des menaces contre les vrais propriétaires. D’après les Niaré, l’espace concerné est resté tel depuis plusieurs années maintenant et plus d’une vingtaine de familles travaillent là-dessus pour faire vivre leurs progénitures.
Banikélé, il y a des siècles
Le premier nom de l’espace concerné est Banikélé. Tama Niaré est le premier habitant de ce village. C’est à la suite que les Niaré se sont retrouvés à N’Gomi. Banikélé est devenu leur lieu de culture des vivres comme le riz, le mil, le maïs etc. Chose qui continue jusqu’à nos jours. Selon Dougouné Niaré, c’est bien avant l’arrivée des blancs, encore bien avant la colonisation qu’ils sont installés sur cette terre. Leurs aïeuls qui leur ont laissé cet espace qu’eux-mêmes sont aujourd’hui en train de cultiver pour pouvoir nourrir leurs familles. Mamadou Niaré est revenu des champs, quand nous étions en train d’échanger avec Dougouné Niaré.
«Nous continuons le travail ; je viens de mon champ de mil et bientôt ce sera la récolte. Mais ce que Hady Niangadou a fait nous fait peur parce qu’on se demande s’il ne va pas morceler nos terres après la récolte de cette année», s’interroge t-il. Selon Dougouné Niaré, la parcelle concernée est située à 1Km au nord du centre Emetteur de Kati. Elle est limitée au Nord par une servitude de passage, à l’Est par un ravin, au Sud par un espace au ravin et à l’Ouest par une servitude de passage. Actuellement, Banikélé des Niaré est appelé Kati Sananfara II extension et fait partie du cercle de Kati.
Expropriation de la parcelle par Hady Niangadou
Après nos échanges avec les Niaré, nous nous sommes rendus sur le terrain pour voir ce vaste espace, sur lequel les Niaré nous ont montré la tombe de leur aïeul Tama Niaré, qui y est enterré. Nous avons constaté des poteaux de balises et des places sur lesquelles on voit des noms et des numéros de téléphone de Banga Immobilier. Pourtant, comme nous l’avait annoncé Madou Niaré, il y a des paysans qui ont fait la culture de maïs, d’autre le sorgho, ou encore le petit mil.
L’espace couvre une superficie de 40 hectares, 02 ares et 00 centiare. Selon nos interlocuteurs, après traitement des données au niveau du CARPOL, «il ressort à la suite de notre enquête que ladite parcelle a été déjà attribuée car dans le fichier est sur un dossier technique du titre foncier sous le numéro DT : 21427/DRK du 19/01/2012 suivant la réquisition numéro 3487/BK du 30/12/2011 délivrée par le chef du bureau des domaines de Kati. Dont les travaux topographiques ont été exécutés par le cabinet BEAT de Monsieur Aly Waigalo».
Une autre source ajoute que «cet expert géomètre président de l’Ordre des experts géomètres du Mali, Aly Waigalo, est actuellement en prison. Il avait été enfermé, mais suite à une intervention de l’honorable Hady Niangadou, il avait été libéré, puis arrêté». Voilà ce qu’un élu de la nation fait aux populations qui l’ont élu comme député en commune II du district de Bamako. Parce que, pour ceux qui le savent pas, N’Gomi fait partie de la commune II. Mieux, Hady Niangadou dit à qui veut l’entendre qu’il ne craint rien tant qu’il est avec le fils d’IBK, Karim Keïta.
Toute chose qui n’effarouche guère les familles Niaré de N’Gomi, pour lesquelles Karim Keïta ne constitue pas un problème, d’autant qu’elles le connaissent bien. Elles savent par ailleurs que Hady Niangadou fait du trafic d’influence avec le nom de Karim, alors qu’il n’en est rien. « Nous ne voulons que nos terres, parce que nous sommes des milliers de familles à gagner notre vie en cultivant chaque année cet espace. Nous ne sommes même pas contre la tenue d’une rencontre avec les détenteurs du titre foncier afin d’obtenir un consensus», explique Dougouné Niaré. Au demeurant, affirme-t-il, « Nous avons tous les documents nécessaires pour faire face à Hady Niangadou». Lequel, semble-t-il, ne recule devant rien.
Affaire à suivre…
Sinaly KEITA