Evolution des systèmes fonciers au Mali : Le décryptage du Pr Bakary Camara en 350 pages

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Les éditions du Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA)  de Dakar, viennent de publier un ouvrage portant sur «Evolution des systèmes fonciers au Mali: cas du bassin cotonnier de Mali sud, zone Office du Niger et région CMDT de Koutiala». L’ouvrage est une participation du Pr Bakary Camara, Doyen de la Faculté de Droit Public (FDPU) à l’Université des sciences juridiques et politiques de Bamako (Usjpb). Le dit ouvrage a fait l’objet d’une présentation officiel le 23 juillet 2016, par le Rectorat de l’Usjpb. D’éminentes personnalités qui travaillent sur les questions foncières, les Recteurs, Doyens, professeurs, directeurs, des universités et grandes écoles, ont pris part à la cérémonie placée sous la présidence du Pr Moussa Djiré, vice Recteur de l’Usjpb. Le modérateur était le Pr Doulaye Konaté, historien, Pr Chéibane Coulibaly, président fondateur de l’Université Mandé Boukary, Pr Ousmane Traoré, chercheur, Pr Nafet Kéita, anthropologue.

Le but de l’exercice, indique d’entrée de jeu le modérateur, est de donner envie au public à aller chercher le livre et à le lire, viendra ensuite les débats. Avant le vice Recteur Pr Moussa Djiré, a souligné toute l’importance de la présentation de l’ouvrage. «Son importance se situe dans le fait qu’on montre à la société le problème et on propos des solutions à son bon fonctionnement. En plus de l’enseignement sur lequel on se focalisait plus, s’ajoute la recherche », déclare le vice recteur.

Selon l’auteur, le Pr Bakary Camara, l’ouvrage de 350 pages, explore l’évolution de systèmes fonciers dans le bassin du fleuve Niger au Mali. il analyse, dit-il, les fondements de la tenure foncières et les différentes perturbations culturelles que les systèmes fonciers de cette région a connu depuis le IXe siècle. De son point de vue, malgré la résistance des logiques paysannes, le processus d’individualisation de la propriété foncière amorcé depuis la colonisation continue et a commencé, ces vingt dernières années, à s’accélérer à cause des nouvelles politiques de développement de l’Etat. Ce phénomène, ajoute l’auteur, est mis en évidence par la multiplication et la complexification des différents acteurs qui interviennent  dans le foncier. Les grandes familles, poursuit-il, connues sous le nom de Kabila se disloquent suite à des contradictions liées au partage des revenus des cultures. « Les conflits fonciers  se transportent de plus en plus devant les tribunaux qui montrent le plus souvent leurs limites car les décisions de justice ne peuvent pas le plus souvent être appliquées sur le terrain. A côté, des traditionnels agriculteurs et pasteurs, apparaissent des organisations non gouvernementales nationales et internationales, des associations, des collectivités territoriales et des grands et petits privés exploitants agricoles », appuie le maître de conférence agrégé des facultés de droit. L’émergence de ces acteurs et les politique de réformes institutionnelles de l’Etat qui se résume à la décentralisation et au toilettage et création de textes juridiques, souligne l’auteur, contribuent inexorablement à promouvoir la concertation et à renforcer la démocratie basée sur le libéralisme économique et l’individualisme. « Situation qui favorise non seulement la destruction du foncier coutumier, mais aussi la reconnaissance partielle ou totale de certaines règles coutumières relatives au foncier », martèle le Doyen de la FDPU. Pour terminer, il indique que l’ouvrage met en évidence, le changement progressif du statut de la terre et des rapports à la terre au Mali en général et dans le bassin du fleuve Niger en particulier. Il est suggéré que malgré ces transformations inévitables, accentue le Pr Camara, les réformes institutionnelles doivent être mesurées. « Elles doivent se faire d’une manière prudente, méthodique avec patience et détermination tout en prenant en compte certaines réalités pour atténuer son impact sur les populations rurales », conclu t-il. « C’est la densité de l’ouvrage qui frappe. Car pour parler du foncier, il abordé trois choses : l’organisation, les questions de la terre, les aspects de production et de système de production», indique le Pr Chéibane Coulibaly. Par rapport à l’office du Niger, dit-il, l’auteur nous rappelle dans cette zone, la flexibilité des systèmes fonciers et la rigueur dans leur gestion. Sur la question de droit, le Pr Ousmane Traoré a souligné que c’est un ouvrage hautement scientifique fait par un malien au moment où la question foncière est plus que d’actualité. Sur le plan socio anthropologique, le Pr Nafet Kéita dira  qu’avec ce livre, il y a une fierté pour dire que le malien travaille et que ceux qui travaillent sont cités, reconnus par des maliens.

Hadama B. Fofana

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