Il s’agit d’un scandale latent qui ne tardera sans doute pas à rebondir à la figure du nouveau PDG de l’ACI, Mamadou Tiéni Konaté, précédemment président intérimaire de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali. Et pour cause, l’acquéreur d’une très stratégique parcelle ACI dans le site de l’ancien Aéroport de Bamako, la BNDA en l’occurrence, a hâte et trépigne d’impatience de jouir d’une propriété foncière attenante à son siège et probablement obtenue au prix de plusieurs centaines de millions. En atteste tout au moins l’insistance de son Directeur général, à coups d’échanges épistolaires, pour se doter d’une autorisation de construire que les services de l’urbanisme du District lui refusent avec autant d’opiniâtreté, non sans raisons défendables. Il se trouve, en effet, qu’en examinant la demande de la BNDA, plan d’aménagement à l’appui, les services techniques de la Direction régionale de l’Urbanisme sont tombés sur un pot-aux-roses difficile à masquer. Il concerne un domaine destiné aux bureaux, parkings et autres annexes de la Banque et qui correspond à une rue dans le plan d’aménagement initial de l’ACI. C’est l’argument évoqué, en tout cas, par le Directeur régional de l’Urbanisme dans une missive adressée au Gouverneur du District auprès de qui le PDG de l’ACI a vaillamment insisté pour aider son client à exploiter son acquisition. «Au regard de l’urgence du projet, la qualité du requérant (…), nous avons l’honneur de vous demander de bien vouloir intervenir auprès de la Mairie de la Commune IV et les services compétents pour faciliter la délivrance de l’autorisation de construire sur ladite parcelle», a plaidé Mamadou Tiéni Konaté au profit de la Banque, en expliquant que l’obtention du titre foncier afférent à la parcelle sans référence est en voie au niveau des Domaines et du Cadastre. Quel intérêt un PDG de l’ACI a-t-il à puiser dans ses talents d’avocat pour accélérer un processus de délivrance d’autorisation de construire pour le compte d’un client ? Allez-y savoir. Toujours est-il qu’à la différence de M Konaté, les services de l’Urbanisme n’ont fait aucune rétention ni mystère des équivoques et irrégularités pour lesquelles le titre afférent à l’espace convoité par la BNDA n’est pas disponible. Les motifs réels ont fait l’objet d’une description au détail près par les services compétents et il apparaît clairement que la parcelle concernée demeurera une servitude de passage aussi longtemps que le Plan du site de l’ancien Aeroport de Bamako n’aura pas fait l’objet d’une mise à jour, conformément à la Phase 2 du lotissement de l’ACI 2000 et à l’Arrêté numéro 050/GDB-CAB du Gouverneur du District en date du 25 octobre 2018. Or il ressort des échanges de missives que l’ACI est la seule structure concernée n’ayant pas donné un avis favorable au projet dont est tributaire l’exploitation de la parcelle qu’elle a cédée à la BNDA. C’est dire que le PDG a fait des opérations sur un domaine dont il a lui-même refusé le plan.
Abderhamane Keita