L’affaire est aujourd’hui si sérieuse qu’elle défraie la chronique à Missabougou en Commune VI. Au centre de la polémique, se trouve le Gouverneur du District de Bamako, Ibrahim Féfé Koné. Ce dernier est accusé d’avoir mis à la rue 168 chefs de famille qui ne savent plus aujourd’hui à quel saint se vouer. Mais les “délogés” se disent confiants en la justice. Cette même justice qui aurait été mise à mal par le Gouverneur. Comment ?…
A Missabougou, ceux qui, aujourd’hui, se disent victimes du système, ont acquis, au prix d’énormes sacrifices, leurs lots à usage d’habitation dans la zone sise entre la SEMA-SA et le site réservé à la construction d’un nouvel hôpital à Bamako rive droite. Ces 168 familles étaient parvenues à s’y caser, jusqu’au jour où le promoteur de l’Agence Immobilière “Sahel” décida d’arpenter le site. En effet, Djibi Yattassaye, puisque c’est de lui qu’il s’agit, aurait mis ces familles en demeure de quitter les lieux. Il détiendrait, au nom de son agence, des titres fonciers. Mais les habitants du site auraient acquis leurs parcelles des mains des propriétaires de champs qui les exploitaient avant.
Pour quitter donc les lieux, les habitants auraient exigé que l’Agence Immobilière, “Sahel” prouve sa possession du site par des preuves matérielles, soit des titres fonciers. Chose que “Sahel” n’a pu prouver jusqu’à ce jour. La tension serait ainsi montée d’un cran entre les deux parties, il y a de cela plus de deux mois. Ce qui aurait poussé l’Agence à porter l’affaire devant le tribunal de première Instance de la commune VI. Ledit tribunal, qui devrait statuer sur l’affaire, le 24 juillet dernier, a renvoyé son délibéré au 31 juillet, le temps de permettre à l’Agence Immobilière “Sahel” de lui faire parvenir les justificatifs de sa paternité du site litigieux.
Mais coup de théâtre, pendant que les belligérants étaient en justice, les habitants apprennent, ce même 24 juillet, que des bulldozers sont en train de démolir leurs maisons, sur ordre du maire de la commune VI, M. Souleymane Dagnon. Ainsi se rabattront-ils sur ce dernier, avec à leur tête, le Procureur de la République près le tribunal de la Commune VI. Peine perdue, puisque le maire Dagnon leur dira ce qu’ils ne voulaient pas entendre.
En effet, l’édile de la commune leur apprendra qu’il a reçu l’ordre de démolition du gouverneur, Ibrahim Féfé Koné. Il devait donc s’exécuter et il l’a fait. La question qui se pose maintenant est de savoir si le Gouverneur du District devait donner cet ordre de démolir le site litigieux avant le délibéré du tribunal.
Selon les personnes ressources, Ibrahim Féfé Koné devait plutôt attendre le délibéré du tribunal, quelle que soit la justesse de sa décision. Pour la simple raison qu’il détient, de par son statut, le devoir d’inscrire ses actions dans le cadre de la promotion de l’Etat de droit. En attendant, les victimes, qui se veulent légalistes, ont déjà introduit une requête auprès du tribunal de première Instance de la Commune VI qui, d’ailleurs, doit délibérer demain si oui ou non le site litigieux est propriété de l’Agence “Sahel”.
Pour eux, le préjudice causé par cet “acte autoritaire” du gouverneur Ibrahim Féfé Koné se chiffre à plus 400 millions de FCFA. “Le dernier rempart pour nous reste la justice”, clament-ils en choeur. Espérons simplement que le droit sera dit. En effet, un cas similaire continue de défrayer la chronique à Sogoniko. Là aussi,Ibrahim Féfé Koné, malgré la désapprobation du ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires Foncières, et celle du Directeur des Domaines du District et du Cadastre, aurait arbitrairement autorisé la mairie de la Commune VI à attribuer la zone concernée.
Il s’agit ici des titres fonciers n° 4982, 4712, 5663, 5346 de Bamako et de l’îlot BQ de Sogoniko-Sud extension. Avec la nouvelle brèche ouverte à Missabougou, loin de Sogoniko, les langues commencent à se délier.
Ibrahim Féfé Koné serait-il porté sur les espaces de la Commune VI (elle est la seule à en avoir maintenant dans le District) au point de risquer son poste de gouverneur ? Quel deal y aurait-il entre lui et les autorités municipales de la Commune VI ?
Ce sont là des questions qui brûlent les lèvres dans ladite commune.
Hady Barry
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