Sevré de leur terre depuis le 20 avril 1995 par le gouvernement Ibrahim Boubacar Kéïta alors Premier ministre à l’époque sous le prétexte d’un besoin aéroportuaire, la colère et l’amertume des déguerpis de Niamakoro sont restées intactes 20 ans après leur déguerpissement. En désespoir de cause de se voir un jour recasés comme prévu et assistant, aujourd’hui la mort dans l’âme, à toutes sortes de tentatives de violation sur leur parcelle par des spéculateurs fonciers, les déguerpis déclarent la guerre et somment le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta à venir réparer la faute qu’il a commise il y a de cela 20 ans.
A en croire les responsables de l’association, sur les 800 000 hectares de maisons démolies, l’ASECNA n’en a utilisée que 750 000 hectares. « Et depuis, toutes les tentatives ont été entreprises pour utiliser les 1500 hectares restants à d’autre fin au moment où les vrais propriétaires rasent le mur», a expliqué le Président de la coordination des associations des déguerpis de Niamakoro, Daouda Diarra. C’était le dimanche 19 avril 2015 lors de la conférence de presse organisée par l’association « Union » sur le site démoli à l’occasion du 20ème anniversaire du déguerpissement. En effet, tout a commencé le 20 avril 1995 par une opération de démolition avec de grandes perches tenues par des autochtones du quartier en compagnie des techniciens et des conseillers. Selon le Président de la coordination des associations des déguerpis de Niamakoro, cette opération démolition était menée suivant les rapports et les liens avec le pouvoir. « Car telle ou telle maison pouvait être déviée selon qu’on est parent ou ami des autochtones, des techniciens ou proche du pouvoir d’alors », a expliqué Daouda Diarra. Le même jour, les opérations de démolition ont commencé par les maisonnettes inhabitées comme convenu entre nos médiateurs et les autorités du District. « Mais subitement et contre toute attente les bulldozers ont tourné les dents vers les maisons habitées. Ainsi le rasage systématique commença avec une ardeur incroyable des conducteurs. Une semaine durant le sinistre a continué dans le seul quartier de Niamakoro devant l’œil hagard des victimes », s’est indigné M. Diarra. Et cela, poursuit-il, parfois des malades et leur lit ont été vidés pour démolir. Selon lui, le corps de Sitan Diakité dite Bata une fille de 6 ans tiré sous les décombres du WC de l’école communautaire témoigne de l’atrocité de cette casse. Conséquences : 4712 concessions ont été démolies et rasées par les bulldozers, 30000 personnes (enfants, femmes et vieux) jetées dans les rues avec lits, meubles et ustensiles, 6 écoles de base 10 medersas et 12 lieux de cultes (mosquées et églises) détruits. Et depuis, les déguerpis de Niamakoro ont attendu 20 ans pour être recasés en vain. « Au même moment toutes les tentatives de vente ou de bail des parcelles sont mises en œuvre par les autorités », a déploré Daouda Diarra. A en croire Oumar Konta, secrétaire général de la Coordination, l’objectif de la conférence de presse est de rappeler au gouvernement du fait d’injustice que les déguerpis de Niamakoro ont subi et demander la réparation. « Nous demandons le recasement des victimes n’ont encore installés sur les 1626 hectares restants annoncés par le décret N° 99-252P-RM du 15 septembre 1999 », a demandé Oumar Konta. Avant de dire que les déguerpis sont lassés de rester derrière la justice pour faire valoir leur droit.
Youssouf Z KEITA