Depuis 2009, les habitants de la Cité Mali Univers, regroupés au sein de l’Association pour le développement et la solidarité entre les habitants de la Cité Mali Univers de Sotuba ACI (Adss), et ceux du Village CAN sont engagés dans un bras de fer avec l’opérateur économique libanais, Alain Achcar, promoteur de l’usine de fabrication des détergents du Mali. La raison: le promoteur de la Société des détergents du Mali (Sodema) veut réaliser une usine dans une zone à usage d’habitation. Toute chose qui a provoqué le courroux des habitants de ladite Cité et leur opposition à ce projet depuis 2009.
Contre toute attente, le maire de la commune I, Mamadou B Kéita, vient de réveiller ce vieux dossier en accordant une autorisation de construire un mur de clôture du site de l’usine, objet de la parcelle TF N°524/CI-DB. A l’évidence, le maire de la commune I ne maîtrise pas ce dossier et étale son ignorance crasse dans cette affaire. Car, dans son autorisation, le maire fait comme s’il s’agissait d’une simple clôture d’une parcelle. Alors que la réalité est toute autre. Ce que le maire ne sait pas, c’est qu’en accordant son autorisation pour la réalisation d’un mur de clôture sur la parcelle du TF N°524/CI-DB, il marque illico son accord pour l’achèvement de la construction d’une usine de fabrication de détergents dans une zone à usage d’habitation. Ce que refuse catégoriquement les membres de l’Adss qui ne veulent pas se voir exposer aux substances nuisibles liées à la fabrication des détergents. C’est pourquoi, dans une lettre qu’ils ont adressé au maire de la commune I le 11 février dernier, ils revendiquent plus que jamais leur doit constitutionnel à un environnement sain et sollicite à nouveau les mesures suivantes : « la délocalisation pure et simple de l’usine de la Sodema, y compris l’ensemble des infrastructures attenantes, sur un site approprié, la délimitation de la parcelle de terrain, objet du titre foncier N°524/CI sis à Sotuba, à l’effet de récupérer les 6 mètres indûment pris sur la voie publique et la démolition des infrastructures édifiées illégalement, en dernier ressort et conformément aux procédures en vigueur en la matière ». Dans la correspondance qu’elle a adressée au maire de la commune I, l’ADSS estime que « le jugement N°260 en date du 2 juin 2011, par lequel le Tribunal administratif de Bamako a censuré la décision N°550/GDB-CAB du 8 décembre 2010 relative à l’annulation par le Gouverneur du district de Bamako de l’autorisation qu’il avait accordée à M. Alain Achcar pour construire une usine et des bureaux sur le TF N°524/CI sis à Sotuba, ne peut pas changer la vocation de la parcelle concernée, qui est et demeure exclusivement à usage d’habitation ».
L’entêtement d’Alain Achcar
Mieux, en 2012, une commission interministérielle, composée des ministères de l’Administration territoriale, du Commerce et de l’Industrie, de la Santé et de l’Environnement et de l’Assainissement, avait planché sur ce dossier. A la fin de leurs travaux, le ministre délégué chargé de la Décentralisation d’alors, Me Demba Traoré, dans une correspondance adressée à Alain Achcar, a relevé que le terrain sur lequel est située l’usine se trouve dans une zone d’habitation conformément à sa vocation prévue dans le plan régulier du lotissement de ce secteur. Dans cette correspondance, il a été aussi établi que « ni l’autorisation de construire accordée par le Gouverneur du district de Bamako pour la construction de l’usine par lettre N°133/GDB-CAB du 6 mars 2008 annulée par la lettre N°550/GDB-CAB du 8 décembre 2010 de la même autorité, ni le jugement N°260 du 2 juin 2011 du Tribunal administratif de Bamako qui annule l’annulation de l’autorisation de construire délivrée par le Gouverneur du District, ne sauraient changer la vocation de la zone d’habitation en zone industrielle. Pour la construction d’une usine, il faut une zone industrielle et l’accomplissement des formalités liées à l’Etude d’impact environnementale sanctionnée par un permis environnemental ». Avec cette correspondance des autorités malienne, normalement, les débats sur la réalisation de cette unité industrielle dans cette zone d’habitation étaient clos. Mais à travers cette nouvelle autorisation qu’il a accordée au directeur général de la Sodema, le maire prête le flanc à Alain Achcar dans son aventure de vouloir construire coûte que coûte une usine dans une zone d’habitation. Ce sont deux choses incompatibles dans le plan d’urbanisation d’une ville. Pire, en accordant cette autorisation, le maire de la commune I cautionne imprudemment une occupation illicite du domaine public. Ce qui peut paraitre incroyable. En effet, quand un maire donne son autorisation pour occuper le domaine public, il peut prétendre assurer quel ordre public dans sa commune ? Affaire à suivre.
Correspondance particulière