« Evitez à tout prix des propos qui fâchent, car la paix dans ce terroir est à ce prix- là !»
En effet, suite à notre article intitulé « Conflit Dankassa-Niagadina dans le Mandé : statu quo ante », l’honorable député de la localité Lansana Saran Traoré a bien voulu nous livrer sa « version » sur certains faits qui se sont déroulés avant et après son élection.
Dans le souci de ne pas jeter de l’huile sur le feu dans ce conflit « fratricide » et éminemment sensible, nous vous ferons l’économie de certains passages développés et abondamment commentés par un des premiers responsables politiques de la localité. Il s’agit notamment de l’arrivée du fameux convoi de gendarmerie à Dankassa, un épisode bien malheureux qui suscite encore de part et d’autre des versions fortement contradictoires. « Au moment où des bonnes volontés se manifestent pour explorer les meilleures voies susceptibles de nous conduire à la paix, il ne sert à rien de soulever des questions ou d’ouvrir des dossiers qui seront de nature à retarder ce processus. Nous avons fait venir la gendarmerie, le maire aujourd’hui décédé (paix à son âme) et moi, dans le seul et unique objectif d’éviter un affrontement sanglant et aux conséquences catastrophiques entre ces deux villages », dit Lansana Saran Traoré toujours convaincu qu’à « cette époque-là, c’était la seule solution raisonnable pour éviter une situation tragique, un inévitable bain de sang dans la localité. La tension était arrivée à son paroxysme et, en tant que responsable politique et natif de Niangadina, chef lieu de la commune, il était devenu impératif pour moi de faire quelque chose afin de mettre en place une force d’interposition. Mais s’il y a eu par la suite quelques actes déplorables sur le terrain, à mettre au compte de certains activistes. Pour ma part, je n’ai jamais agi par un quelconque sentiment de représailles contre ces villages pour avoir refusé de voter pour ma liste aux élections législatives. La preuve ? A Niagadina ma liste a aussi été battue au premier tour, mais c’est au second tour que le sursaut d’orgueil dont vous parlez a bel et bien lieu. Dans tous les cas, l’écart qui existait déjà entre notre liste Adema-URD et la liste concurrente RPM-CNID était telle que nous ne nous faisions aucun souci pour passer haut les mains ce challenge. Mon problème était surtout d’ordre psychologique, car si je ne réussissais pas à obtenir le maximum de voix dans mon propre village, ma victoire aurait eu un vilain goût d’inachevé ou d’une remorque faite par mes colistiers. Voilà la vérité. Il est vrai que revenir dans les colonnes de journaux, sur le déroulement d’un tel scrutin le jour-même du vote, relèverait sans doute d’un pur non-sens. »
Sur le processus de médiation en cours, l’honorable Lansana Saran Traoré est resté assez optimiste tout au long de notre conversation, tout en choisissant soigneusement ses mots pour le commenter. « Le village de Dankassa dont la bonne foi ne fait aucun doute a de nouveau fait appel aux « Tiramakan-Si », pour une relance d’échanges « fraternels » autour de cette douloureuse affaire .Une première tentative de cette association s’était soldée il y a quelques mois par un cuisant échec, suite à des propos malencontreux prononcés par un habitant du village. Mais, après moult atermoiements, nous pensons aujourd’hui que le climat qui prévaut sur le terrain est plutôt favorable à une réconciliation entre les deux parties », dira finalement le député.
A Niangadina, il est quasiment impossible de trouver une famille où il n’y a pas une fille de Dankassa et vice-versa. Peut–on alors trouver meilleur argument pour la paix ?
Par Bacary Camara