Tout malien épris des valeurs patriotiques doit désormais se poser ces questions, au regard de ce scandale du siècle qui couve sous les cendres au niveau des services des Domaines et du Cadastre et pour lequel on s’agiterait de toutes parts (du Palais de Koulouba aux autres compartiments de l’État) en vue d’étouffer le poisson dans l’eau.
Et de quoi s’agit-il ? D’un cas de flagrant délit de vol, de faux et usage de faux, de falsification de documents administratifs d’autrui, et dont le coupable n’est autre que le secrétaire général du Syndicat des services des Domaines et du Cadastre, Lassana Djourté… Celui-là même qui, il y a peu de temps, s’érigeait en donneur de leçons de morale et d’intégrité à la Directrice Nationale des Domaines et du Cadastre, à travers des grèves répétitives, sur fond d’harcèlements et de chantage aux plus hautes autorités.
En effet, profitant de l’absence du Directeur des Domaines de l’époque pour raison médicale, Lassana Djourté a abusé de son statut de secrétaire général du Syndicat pour mettre en branle un plan à plusieurs contours pour s’accaparer des titres fonciers d’honnêtes gens. La phase “A” de son plan, bien mûri, a été de “fabriquer” lui-même de faux actes de naissance aux noms de ses victimes dont il connaissait déjà le nom à travers les archives des Domaines.
Cette première phase accomplie, il s’attaqua à son plan “B”, qui a consisté à établir des cartes d’identité Nationale à partir de ces vrais faux actes de naissance. Et la phase “C” du plan a été d’envoyer quelqu’un retirer les copies des titres fonciers ainsi frauduleusement soustraits de leurs propriétaires, mais comme si c’était eux-mêmes qui avaient retiré leurs TF. Un plan parfait, faut-il convenir, mais pas très parfait, car un détail important avait échappé à notre syndicaliste spéculateur foncier.
En effet, ayant pris l’un des bénéficiaires pour un homme, il s’est avéré que celui-ci, disons celle-ci, était plutôt une femme. Et c’est cet indice important qui va permettre aux vrais bénéficiaires venus chercher leurs sésames de comprendre qu’ils avaient été floués et roulés dans la farine. L’autre détail qui échappa à Lassana Djourté, c’est que l’une de ses victimes est un magistrat. Ce dernier n’aurait pas attendu longtemps pour déposer plainte contre le commandant de la Brigade de Gendarmerie qui a délivré les cartes d’Identité à l’escroc Lassana Djourté.
Ainsi de fil en aiguille, le circuit est remonté jusqu’au vaillant secrétaire général du Syndicat des services des domaines et du Cadastre. Interpellé par sa hiérarchie, il reconnut les faits et s’engagea à ramener les titres fonciers usurpés. Ce qu’il fut d’ailleurs en un temps record.
Dans le collimateur de la justice depuis, le puissant secrétaire général du syndicat des Domaines, Lassana Djourté, tape à toutes les portes et il a apparemment trouvé des répondant dans les segments de l’Etat, même à… Koulouba. Depuis c’est le branle-bas de tous genres, des pressions de toutes sortes sur le parquet de Kati au niveau duquel le dossier est instruit.
Nos différentes tentatives pour essayer d’en savoir plus sur cette affaire au niveau tribunal de Kati sont restées vaines. Nous avons beau fait, nous sommes toujours tombés sur un mur de béton. Quand au syndicaliste spéculateur foncier, il n’est nullement inquiété, fort des soutiens occultes dont il bénéficie. Mieux, il serait en train de défier la justice, arguant qu’il est intouchable et que beaucoup de personnalités insoupçonnées tomberaient certainement si lui il devait tomber. Le parquet de Kati serait-il en train de travailler à étouffer l’affaire ? Si oui, à quand donc l’indépendance de la justice vis-à-vis des politiques et de l’argent…? Comme à son habitude, “ Le Soir de Bamako” suivra pas à pas, pour vous chers lecteurs, le déroulé et les dessous scabreux de cette affaire en passe de devenir un “secret d’Etat” !
Assane SY DOLO