Les populations de Marakodougou viennent de recevoir un soutien de taille dans le conflit foncier qui les oppose à Bakary Togola, président de l’Assemblée Permanente des Chambres d’agriculture du Mali (APCAM). Il s’agit des quatorze sous-sections de la section 3 du Rassemblement Pour le Mali (RPM) de Kati, dont des milliers de militants et sympathisants ont convergé vers le village de Bananzolé le mercredi 13 août dernier, pour exprimer leur soutien aux populations de Marakodougou et demander le déguerpissement, dans les meilleurs délais, de Bakary Togola de leurs terres.
Le mercredi dernier restera longtemps gravé dans la mémoire des populations du village de Bananzolé. Car, de mémoire de « Bananzoléka », jamais une cérémonie n’y avait réuni autant de monde.
En effet, sous l’impulsion de l’honorable Bourama Tidiane Traoré, natif du village de Bananzolé et député élu dans cette circonscription électorale, plusieurs milliers de personnes y ont convergé, mercredi dernier, pour exprimer leur soutien aux populations de Marakodougou dans le conflit foncier qui les oppose à Bakary Togola.
Un conflit dont la toile de fond est l’acquisition, dans des conditions lugubres, par le président de l’APCAM Bakary Togola, de plus de 300 hectares de leurs terres avec le chef de village de Massako, Balla Traoré.
Pour la circonstance, les populations essentiellement des militants RPM sont venues des 14 sous-sections de la section 3 RPM de Kati.
Il s’agit de la sous-section de Baguinéda, de Faraba, de Mountougoula, de Kourouba, de N’Gouraba, de Safébougoula, de Ouéléssebougou, de Tièlè, de Dankassa, de Sanankoroba, de Dialakoroba, de Niaganina, de Tiakadougou-Dialakoro, et de Sanankoro-Djitoumou.
Bakary Togola désormais dos au mur
Lors de cette assemblée générale de soutien, les militants des 14 sous-sections de la section 3 RPM de Kati ont parlé d’une même voix et se sont montrés intransigeants sur le déguerpissement de Bakary Togola des terres ancestrales des populations de Marakodougou.
Pour Mamadou Traoré de Kassana représentant de Marakodougou, Bakary Togola a trompé le chef de village de Massako pour lui acheter ces terres, qui n’appartiennent pas à ce dernier.
Le pire dans cette situation, ajoutera-t-il, c’est que M. Togola s’est empressé de les entourer avec des grillages, barrant du coup, les pistes rurales relayant les villages. Mais aussi, la rivière où les populations partent abreuver leurs animaux. Obligeant celles-ci à faire des détours de plus de deux kilomètres pour retrouver ces pistes.
Même refrain pour le représentant de Molobala, Dramane Doumbia qui explique que ces terres appartiennent à Marakodougou. Avant d’ajouter que tous ceux qui soutiennent Bakary Togola dans cette aventure machiavélique ont été achetés par lui. Et de poursuivre que sur la question, Bakary Togola a déjà perdu un procès à Wéléssébougou, mais n’a pas abandonné.
Pour le représentant de Solon, Tamba Traoré, les populations doivent se montrer unies et intransigeantes avec Bakary Togola qui ne va pas s’arrêter à Marakodougou s’il sort victorieux de ce litige foncier.
Et l’honorable Bourama Tidiane Traoré d’expliquer qu’il a été élu par les populations. C’est pourquoi, après avoir abordé le maire, le préfet et toutes les autorités administratives de la zone sur la question, sans succès, les populations ont décidé de saisir l’Assemblée nationale.
Selon lui, ces terres ont été achetées par Bakary Togola avec le chef de village de Massako Balla Traoré en 2010. Alors qu’il a été prouvé que ces terres ne lui appartiennent pas.
Aussi, cette affaire a été tranchée par la justice au tribunal de Wéléssébougou par le juge Dramane Diarra en faveur des populations de Marakodougou.
Mais, malgré cette décision de justice, Bakary Togola a continué à faire main basse sur ces terres. Avant de transférer l’affaire devant la justice à Bamako.
Face à cette situation, explique-il, il a exposé le problème devant les députés du RPM lors d’une réunion. Avant que l’envoi d’une mission soit décidé pour le 20 juillet dernier.
Une mission composée de cinq députés qui se sont rendus sur le terrain pour échanger avec la population. Les mêmes députés ont décidé de faire la négociation entre les deux parties.
Selon l’honorable Traoré, le 3 août dernier lors d’une autre mission des députés à Bananzolé, les populations ont exigé le déguerpissement de Bakary Togola de leurs terres.
Avant de conclure qu’en tant que premier responsable des paysans du Mali, Bakary Togola est mal placé pour être à la base d’un conflit foncier avec les populations d’une localité dont l’activité première des populations est l’agriculture et l’élevage.
Le parti présidentiel entre dans la danse
Face au refus de Bakary Togola de céder les terres aux populations de Marakodougou, les 14 sous-sections de la section 3 du RPM à Kati ont décidé d’exprimer leur soutien.
Dans un mémorandum, ils disent ce qui suit : « Nous militants, sympathisants et responsables des sous-sections du Rassemblement pour Ie Mali (RPM) de Ouéléssebougou, de Baguinéda, de Safébougoula, de Sanankoroba, de Dialakoroba, de Faraba, de N’Gouraba, de Tièlè, de Dankassa, de Niaganina, de Kourouba, de Mountougoula, de Tiakadougou-Dialakoro et de Sanankoro-Djitoumou, réunis en assemblée générale, Ie mercredi 13 août 2014, dans la cour de l’école fondamentale de Bananzolé,
Après avoir attentivement écouté les notables du village de Marakodougou, le représentant du chef de village de Molobala, village qui a installé l’ancêtre des Traoré de Marakodougou ainsi que les différents représentants des lignées du Djitoumou, appelées «Babon», du Safé, du Solon (en tout plus de 200 villages), préoccupés par les conséquences d’une telle situation pour le RPM aux prochaines élections communales, adhérons entièrement (après une analyse minutieuse de la situation) au contenu de la lettre ouverte du Marakodougou, adressée à l’Assemblée Nationale du Mali, Ie 20 juillet 2014 demandant Ie déguerpissement pure et simple de Bakary Togola de leurs terres agricoles pour la simple raison que le nommé Balla Traoré qui l’a vendu, n’a jamais été Ie propriétaire ».
Dans le même document, il est dit ceci : « Apportons notre soutien sans réserve aux dites populations dans leur· noble combat contre cette pratique mafieuse de Bakary Togola qui viole certaines dispositions du code domanial et foncier du Mali, demandons au Bureau Politique National du parti de tout mettre en œuvre pour que les pauvres paysans spoliées de leur terre puissent être remises dans leur droit… ».
G. Diarra, envoyé spécial à Bananzolé