«Habiter au Mali, enjeux et perspectives de l’architecture de terre» est le thème de l’édition 2007 de la semaine nationale du patrimoine culturel qui a démarré hier au Palais de la culture de Bamako. A travers ce thème, la direction nationale du patrimoine culturel veut mettre en exergue tous les avantages liés au patrimoine bâti en terre et amener les experts à réfléchir sur les dangers qui planent sur la survie de l’architecture en banco.
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Il n’y a aucun doute, le riche patrimoine malien bâti en terre est menacé. Kléssigué Sanogo, directeur national adjoint du patrimoine culturel a sa conviction toute faite sur la question. Selon lui, l’élévation au quotidien d’immeubles aux standards importés, l’élan porté au parpaing et à la tôle ondulée dans nos villes et campagnes modifient, presque de façon irréversible, les manières de construire et d’habiter. C’est conscient de ces menaces que la direction nationale du patrimoine culturel a placé l’architecture de terre au centre de la semaine nationale.
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Cependant, il faut reconnaître que notre pays n’est pas la seule partie du monde victime de cette situation. Le recul de l’architecture de terre est une réalité universelle. Les experts sont unanimes sur la question et le problème est pris à bras-le-corps depuis de longues années au niveau international. Depuis 1972, la communauté des spécialistes en architecture de terre du monde organise régulièrement sous l’égide du Comité international des sites et monuments, des conférences sur la conservation de l’architecture en terre.
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Notre pays s’apprête à accueillir, du 1er au 5 février 2008, la 10è conférence internationale sur l’étude et la conservation du Patrimoine bâti en terre. Selon Mohamed El Moctar, ministre de la culture, c’est en prélude à cet évènement qui aura lieu pour la première fois dans un pays africain, que le Mali a choisi de réfléchir sur les enjeux et les perspectives de son architecture en banco. Il a estimé que l’édition 2007 de la semaine du patrimoine culturel national marque le retour à la mise en valeur de notre bâti en terre.
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L’architecte Abdoulaye Deyeko, chargé d’animer la conférence inaugurale, a expliqué que le secteur de l’habitat au Mali est confronté à un certain nombre de contraintes : la fourniture des services urbains de base, la production de logements et de matériaux locaux de construction, l’accès au foncier et la recherche dans le domaine de l’architecture de terre et ses applications. En ce qui concerne l’architecture de terre, il dira que la satisfaction des besoins en logement du plus grand nombre passe par la valorisation et l’utilisation de cette architecture. Mieux, il a estimé que l’architecture de terre est l’une des manifestations les plus représentatives de la capacité humaine à créer un environnement construit avec les ressources disponibles. Abdoulaye Deyeko a mis en relief les menaces qui planent sur l’architecture de terre. Ce sont : les catastrophes naturelles, l’influence humaine et le manque de formation. Mais, surtout, selon lui, le Mali connaît une particularité grave et rare dans le monde : la non adhésion de la majorité des professionnels du bâtiment et de certains architectes à la promotion de l’architecture en banco.
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«A chaque rencontre, les professionnels s’appesantissent sur les aspects négatifs du matériau terre et non sur les côtés positifs et les perspectives», a-t-il regretté. Or, des experts internationaux sont unanimes sur les qualités de l’architecture en terre. Selon eux, elle offre un confort thermique notable, d’autant plus que le matériau assure une régulation naturelle et optimale entre les températures extérieures et intérieures. Plusieurs spécialistes sont convaincus que la construction de terre permet aussi de faire des économies importantes et autorise une liberté de création. Ajoutées à tous ces avantages, les valeurs culturelles qui entourent l’architecture de terre, les conservateurs de notre diversité culturelle y verraient des arguments justifiant sa préservation. Pour sensibiliser les populations maliennes, les organisateurs, en plus des conférences débats, ont programmé une exposition photo sur le thème «Habiter au Mali».
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Assane Koné
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