Après l’interpellation du ministre Kafougouna Koné à l’Assemblée nationale, le 16 juin dernier, L’Indépendant a mené l’enquête : Les populations de Fana n’ont pas été expropriées au profit du footballeur Frédérick Oumar Kanouté

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Après l’interpellation du ministre de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales, le Général Kafougouna Koné, par le député élu à Dioïla, Konimba Sidibé, à propos d’expropriation de terres des pauvres paysans de Fana au profit des nantis parmi lesquels le député a cité, volontiers, le nom du célèbre footballeur international malien, Frédérick Oumar Kanouté, qui évolue en Espagne à FC Séville, un climat d’indignation règne dans cette ville. Pour en savoir plus, L’Indépendant est allé mener une enquête au cours de laquelle des élus communaux, chefs de villages, un ancien député et un ex-conseiller communal ainsi que des particuliers se sont prononcés sur le phénomène de vente de terres à Fana. Selon la plupart des personnes interrogées, documents à l’appui, "il n’y a pas d’expropriation de terres en tant que telle décrite par le député Konimba Sidibé et,  s’agissant des 14 hectares, au lieu de 10 ha, attribués à l’international footballeur malien, Frédérick Oumar Kanouté, il ne s’agit nullement d’un cas d’expropriation ".

La sortie médiatique du député Konimba Sidibé, élu à Dioïla, un cercle de la région de Koulikoro, lors de l’interpellation du ministre de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales, le Général Kafougouna Koné, le 16 juin dernier, à propos d’expropriation de terres à Fana a suscité  l’indignation au sein des populations de cette localité. Face à la situation, des voix se élevées pour dénoncer la pratique de l’honorable Konimba Sidibé qui, selon elles, n’a écouté qu’un seul  son de cloche : celui des militants et élus communaux de son parti, le PARENA, qui forme une véritable opposition au sein de la mairie de Fana.

Ainsi, après les  débats à l’Assemblée nationale, le collectif des huit chefs de village de la commune de Guégnéka ont adressé une lettre au ministre de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales, en date du 22 juin 2011. Dans cette missive, les chefs de village de Fana (Banou Traoré)  de Ballan (Niamatji Traoré)  de Yolla (Doma Konaté) de Dien (Koniba dit Bourama Fomba) de Wérékéla (Nama Traoré) de Warsala (Zoumana Bagayoko)  de Gouana (Nianzou Diarra) et N’Djinina (Fayiri Coulibaly) s’inscrivent en faux contre les propos du député Konimba Sidibé, élu à Dioïla, qui avait soutenu qu’il existe des pratiques d’ "expropriation forcée  de paysans de leurs champs dans la commune de l’ex-arrondissement de Fana".

Selon les huit chefs de village, les propos de l’honorable Konimba Sidibé ne visent qu’à tenir l’image des Chefs de villages, du Sous-préfet et  du Maire de Fana dans un but purement politique.  "A quelques encablures  des élections générales de 2012, Konimba cherche à reconquérir la commune de Guégnéka qu’il a perdue lors des élections communales de 2009 au cours desquelles son parti, le PARENA, n’a eu que 2 petits Conseillers sur les 23 qui composent le Conseil communal de Fana" soutiennent les huit chefs de village. Ils se sont  également indignés en ces termes : Comment comprendre que de telles pratiques que dénonce le député Konimba puissent  avoir lieu, dans un Etat de droit comme le Mali, sans réaction de notre part, du Préfet et du Gouverneur ?.

Des paysans responsables de la vente des terres

En réponse à l’honorable Konimba Sidibé, le ministre de l’Administration Territoriale et des Collectivités Locales, le Général Kafougouna Koné, a indiqué ceci devant les députés, le 16 juin dernier : "Au Mali, la terre appartient à l’Etat. Les paysans peuvent avoir des droits de jouissance, ce sont des propriétaires coutumiers. Personne ne peut faire l’objet d’expropriation forcée sans dédommagement. Seul le Titre foncier constitue un titre définitif".

Sur le terrain à Fana, les avis des uns et des autres que nous avons rencontrés corroborent cette assertion du ministre Kafougouna Koné. Selon Alpha Nouhoun Camara, Conseiller communal chargé de la Jeunesse, Art de la  Culture au niveau de la mairie de Fana et président de la Commission Finances du Conseil de Cercle "on ne saurait parler d’expropriation des terres, dans le cas évoqué par le député Konimba Sidibé, dans la mesure où celles-ci sont vendues à la demande expresse des paysans eux-mêmes". Même son de cloche chez le chef de village de Fana, Banou Traoré, qui ajoute que "les paysans proposent leurs parcelles à la vente afin de subvenir aux besoins familiaux".

Les mêmes thèses sont défendues par Hamidou Doumbia, un militant de l’ADEMA,  ancien Conseiller communal qui a fait deux mandats au sein de la mairie. Dans le même  ordre d’idée, l’ancien député de Fana, Boubacar Boiré, celui-là même qui a été à la base de l’alimentation de Fana en adduction d’eau potable en 2003 grâce à un reportage que L’Indépendant, à travers votre fidèle serviteur, a réalisé  sur la crise de l’eau, a, quant à lui, déploré le fait que l’honorable Konimba Sidibé a osé interpeller le ministre Kafougouna Koné sur la vente des terres à Fana sans réunir toutes les informations en la matière. "La triste vérité,  est que ce sont, bel et bien, des paysans qui proposent leurs champs à la vente afin de pouvoir faire face aux charges familiales" soutient-il.

A propos des 250 ha  «arrachés»  à Warsala évoqués par le député Konimba Sidibé, lors de l’interpellation du ministre Kafougouna, des notables, en l’occurrence Sinaly Bagayoko, fils du chef de village, qui agit au nom de celui-ci et Nama Bagayoko,  se sont inscrits en faux contre les propos du député de Dioïla. Ils soutiennent qu’ "on ne peut même pas avoir 200 ha à Warsala sans tomber dans les champs de quelqu’un". Tous ces responsables  ont manifesté leur indignation face à de tels propos venant de la bouche d’un responsable du PARENA, dans la mesure où le jeune frère du chef du village, Mamady Bagayoko, est le Secrétaire général du parti du bélier blanc.

Pour ce qui est du domaine de l’international footballeur  malien, Frédérick Oumar Kanouté, qui joue en FC Séville en Espagne, il n’appartient  à personne, selon nos enquêtes. Celles-ci  nous ont  conduits  sur le site en question, situé à Dien, à moins d’une dizaine de kilomètres au départ de Fana pour Dioïla, chef-lieu de Cercle.

Selon Amadou Nékéta Fomba, originaire de Dien, "les 14 ha, au lieu de 10 ha comme soutenu par l’honorable Konimba Sidibé, ne font l’objet d’aucun litige. C’est en accord avec les populations du village que la parcelle lui a été attribuée pour la construction d’un centre d’accueil des enfants défavorisés comme c’est le cas à N’Gabacoro Droit à la périphérie de Bamako où l’international footballeur malien, Frédérick Oumar Kanouté, a érigé un village d’enfants dénommé Sakina, un joyau architectural inauguré par le président de la République, Amadou Toumani Touré en fin mars de cette année». Mieux, selon des sources concordantes, Kanouté serait même prêt à réhabiliter une pompe d’adduction d’eau en panne depuis plusieurs années afin de pourvoir alimenter le centre qu’il s’apprête à construire. Déjà, il a envoyé des experts pour évaluer le coût de la réhabilitation de ladite pompe. 

S’agissant des parcelles de la Faya, des sources concordantes soutiennent qu’elles avaient été réellement vendues par une autorité coutumière de Koulikoro. Cependant, après constat, la vente de ces parcelles a été annulée par l’actuel Sous-préfet de Fana, Zanga Diarra.

A propos de la fermeture de l’usine d’huile

Au cours de l’interpellation du ministre Kafougouna Koné, le député de Dioïla, Konimba Sidibé,  a également évoqué la fermeture d’une usine de régénération et de valorisation énergétique des huiles usagées de la Société GTIM SA qui étaient devenues nuisibles pour la santé des citoyens de Fana.  A ce sujet, il a indiqué que "le ministre de l’Environnement et de l’assainissement a ordonné la fermeture de ladite usine et que le Sous-préfet Zanga Diarra n’a pas fait  respecter cette décision".

Selon nos informations, la lettre du ministre de l’Environnement  et de l’Assainissement, Tiémoko Sangaré, en date du 30 novembre 2010, demandait au Sous-préfet de prendre des dispositions pour la fermeture de l’usine incriminée. Au même moment, la Direction nationale de l’Assainissement et du Contrôle des Pollutions et des Nuisances demandait, à travers une lettre signée de Félix Dakouo, un transfert de site de l’usine en question.

Face à la situation, la Directeur  général de l’usine en question, Famori Kéïta,  a demandé qu’on accorde un temps afin que les machines puissent se vider de leur contenu. Toute chose qui a facilité le transfert de l’usine à Kita, en juin 2011.  

Alassane DIARRA

Envoyé spécial à Fana

 

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