Si rien n’est entrepris d’ici là, l’Agence de cessions immobilières (ACI) risque sous peu d’être l’ombre d’elle-même car de la date de sa création à ce jour, l’Agence semble ignorer les missions qui lui ont été confiées, notamment l’aménagement de terrains, la vente de parcelles, la promotion immobilière (construction de bâtiments à tout usage). La vision de l’ancien Président Alpha Oumar Konaré était de permettre aux Maliens d’avoir un toit à un prix décent. Mais au jour d’aujourd’hui, peut-on seulement connaître le nombre de maisons construites par l’Agence et destinées à ces citoyens aux revenus modestes ?
Plus préoccupée par la vente de parcelles, l’actuelle Direction générale de l’ACI accorde peu d’importance au troisième volet de sa mission. C’est pourquoi elle accélère le processus des aménagements de terrains pour l’offrir finalement aux plus offrants. Et le hic, c’est qu’en plus du coût élevé des parcelles, les travailleurs de la « boîte » broient du noir avec des salaires miséreux. Aussi, le Gouvernement doit prendre ses responsabilités afin d’œuvrer pour une gestion plus saine de l’Agence et lui éviter la faillite. Le sujet n’est pour personne : l’ACI est victime d’une gestion calamiteuse, et ses travailleurs sont maintenus depuis belle lurette dans le dénuement. De 1992 à nos jours, aucun engagement contractuel n’a jamais été respecté, et le gouvernement malien, qui devrait pourtant prendre toutes ses responsabilités, observe au contraire un mutisme aussi complice que coupable.
Les terrains sont cédés aux acheteurs selon leurs affinités avec le vendeur. Et à défaut d’affinité, les prix proposés à la clientèle sont à vider tout un compte bancaire. En plus de la confiscation des acquis des travailleurs et des mauvais traitements infligés aux agents occasionnels et subalternes (entre autres), l’Agence végète dans une gestion criarde et catastrophique. D’importantes sommes d’argent sont transférées vers des destinations inconnues et aucun investissement ne se fait pour assurer la promotion immobilière de l’Agence où l’on assiste plutôt à une sorte de « jonglage ». La vie des travailleurs et de la clientèle est ainsi dangereusement menacée.
Au niveau dela Directiongénérale, les responsables se sont octroyés des salaires mirobolants, augmentant ainsi la masse salariale et les charges de la société. Face à ce sombre tableau, comment les travailleurs de l’ACI pourront-ils sauver leurs emplois et l’avenir de la société ? L’ACI ayant été vidé de son charme et son prestige, ses responsables n’attendent que sa faillite pour pouvoir se la couler douce avec les sous qu’ils ont amassés et cachés en lieu sûr.
Du mépris envers les travailleurs
En décidant de la création de l’ACI en 1992, l’ancien Président Alpha Oumar Konaré avait rêvé beau et grand pour le Mali. Mais aujourd’hui, c’est la colère, la tristesse et la désolation qui se lisent sur le visage de plusieurs agents de l’Agence. En dépit de la mauvaise gestion actuellement décriée de maintes sociétés d’Etat, la Directiongénérale de l’ACI n’a pas su limiter ses objectifs du fait de l’improvisation et de la gabegie qui y sont devenues des principes de sa gestion. Aujourd’hui, au sein de l’Agence, c’est une sorte de « sauve qui peut » qui condamne au supplice beaucoup de Maliens désireux d’un toit. La situation économique et sociale s’annonce infernale tant pour les travailleurs et les classes moyennes que pour les couches socioprofessionnelles les plus vulnérables. Cette situation fait que c’est le peuple qui en paie un lourd tribut.
Au début du renouveau démocratique, les citoyens étaient confrontés à la précarité. A présent, ils doivent affronter la paupérisation. Ainsi, en plus de ne pas bien manger et se soigner, ils sont réduits à être privés d’un toit à moindre coût pour se loger, tout simplement parce que l’ACI les a complètement oubliés, toute préoccupée qu’elle est de vendre aux enchères parcelles et terrains, plutôt que de construire des maisons pour les revendre ensuite à des prix raisonnables.La Directricegénérale adjointe de l’ACI doit-elle justifier son incapacité à concevoir une politique sociale d’accompagnement permettant aux plus pauvres d’être soulagés et de pouvoir supporter des coûts de location exorbitants et la cherté d’une vie sans cesse galopante?
On n’a pas besoin d’un constat d’huissier où d’une enquête de l’Organisation internationale du travail (OIT) pour se rendre à cette évidence : la plupart des Maliens sont englués dans le dénuement et la précarité, des dirigeants, ils n’attendent donc qu’un simple geste de générosité. Mais tout porte à croire que ce n’est que le début du psychodrame, surtout que les caisses du Trésor sont quasiment maigres, l’inflation devient de plus en plus inquiétante, et le pouvoir d’achat des travailleurs devient de plus en plus faible : donc pas de terrain ou de parcelle pour eux, encore moins de maison !
Une clientèle flouée
Au lieu de reconnaître sa grande part de responsabilité dans la situation actuelle de l’ACI, sa Direction générale ne fait que verser dans l’identification de…boucs émissaires tant au niveau de l’Agence que dans les autres régies financières. En fait, à défaut d’une bonne gestion, on a recours au « mystère » pour cacher les défauts de l’esprit. Et le peuple assiste, impuissant, aux méfaits de cette mauvaise gestion. Au regard des difficultés actuelles de trésorerie, le gouvernement de Mme Cissé Kaïdama Sidibé ne pourrait et ne devrait-il pas garder un œil plus attentif sur cette Agence, sinon « extirper la gangrène de la plaie » ? Mais cela passe nécessairement par la fin du gaspillage des ressources publiques. Il faudra alors mettre un terme à l’intention de la Directricegénérale adjointe « d’étouffer » les travailleurs de l’Agence et bien des citoyens en quête de toit, mais qui ne savent plus à quel saint se vouer. Enfin, beaucoup de Maliens sont en train de comprendre que la création de l’Agence de cessions immobilières (ACI) était aussi chimérique qu’inutile.
Paul N’guessan