Suite à notre livraison du mardi dernier titré : « Vente anarchique de la zone aéroportuaire : L’ex Ministre David Sagara et des complices sous les verrous », nous avons pu joindre l’intéressé qui est sortie de la garde à vue du « Pole Economique » après cinq jours de privation de liberté. C’est un cadre combattif et serein de la CODEM qui a accepté s’expliquer, sans ambages, ni hésitations aux accusations gravissimes dont il fait l’objet et la tournure qu’un travail transparent qui a respecté les règles, notamment le Programme de développement Intégré PDI) , adopté en conseil des Ministres sous l’ère ATT. « Je suis victime de ma méthode de travail qui n’a violé aucune procédure », a-t-il dit.
Homme politique avisé mais très discret, républicain puisque respectueux des textes, donc des lois, l’ancien Ministre des Logements sous la Transition, n’arrive toujours pas à comprendre ce qui vient de l’arriver après cinq jours de garde à vue au « Pôle Economique » de Bamako. Selon lui, « le domaine domanial est très complexe et sensible. Sachant cela, il s’est battu à respecter les procédures d’attributions des parcelles avec des facilitations pour les citoyens. Et puisque, dit-il, le contexte de crise et de pressions, étaient tels que son département était dans l’obligation d’écourter la procédure mais respectant scrupuleusement le PDI, qui est devenu notre boussole». « Si en respectant ce PDI qui me vaut des soucis, je suis prêt à répondre puisque sachant que l’emprise de la zone aéroportuaire est inviolable et que rien ne pourra être signé comme contrat bail sans respect des textes qui concède la zone aéroportuaire comme patrimoine immobilier public de l’Etat. Le Code foncier me permet de donner des autorisations et le décret du PDI donne la compétence à chaque département de travailler dans ce sens », a expliqué Sagara.
Crise financière aigüe : 94 milliards de FCFA pour faire marcher la Transition
Selon notre interlocuteur : « Les autorisations que j’ai donné sur la zone aéroportuaire étaient motivées par uen crise financière aigüe où notre pays avait besoin de 94 milliards de FCFA. Et il se trouve qu’après avoir compris que les mines devant fournir les 70% des recettes avaient des difficultés dues à la chute du prix du métal jaune, le Président de la Transition m’avait même demandé de diligenter les procédures d’autorisation afin de renflouer les caisses de l’Etat. Aussi, les procédures d’obtention des Titres Fonciers (TF) étaient concernées».
Application stricte du code foncier pour les baux
S’agissant des baux ou occupations temporaires de la zone aéroportuaire explique le Ministre Sagara : « Je n’ai fait qu’appliquer le code foncier assorti d’un arrêté ministériel en synergie avec la Direction Nationale des Domaines et du Cadastre (DNDC). Ce qui est clair, les projets d’arrêtés ont été élaborés à la Direction Nationale de l’urbanisme et de l’Habitat (DNUH) à un rythme infernal de telle sorte que j’avais demandé d’amener mes conseillers à six (06) au lieu de cinq (05). Les projets d’arrêtés sont valables avec les visas du Segal. Ce qui a été accepté par le PM Diango Sissoko. C’est au stade de signature des baux que tous les acteurs seront invités à apposer leur signature ».
Pour ce qui est de la construction de la route Bamako-Ségou, ou de Kabala tout comme le troisième pont, nous avons abattu un gros travail pour mettre les personnes concernées dans leurs droits, c’est-à-dire indemnisées même si elles se cachaient.
Les plans
Parlant des plans, notre interlocuteur a expliqué sont rattachés au PDI qui a été validé en Conseil des Ministres. Donc, ils sont conformes au PDI. C’est ce qui explique la présence de sociétés telles que Bolloré, Air France, station d’essence. Ces sociétés sont installées avant mon arrivée dans ce département. Selon David Sagara, les enquêteurs du Contrôle Général des Services Publics se sont plantés dans leur rapport de mission car, nous avons mis des gardes fou pour que l’Etat ne perde pas un Kopeck dans cette opération », a laissé entendre l’ex Ministre du Logement. Aussi a-t-il tenu à préciser, toutes les autorisations que nous avons données sont temporaires et avions précisé à l’avance qu’il ne doit y avoir que des installations démontables puis qu’à tout moment, elles peuvent être démontées en cas de besoin de l’Etat.
Le cas de Toguna
« Je suis surpris qu’on me traine dans la boue de la sorte parlant de la société de Toguna dont je ne connais pas le PDG. Je rappelle ici qu’à l’époque, c’est le Ministre du Commerce qui m’a écrit pour me demander de faire des facilités à cette société afin qu’elle puisse construire son usine de phosphate du Tilemsi. En plus des 10ha qu’elle a bénéficiée avant nous, nous lui avions octroyé 20 autres hectares à 50FCFA le mètre carré ainsi que 16 ha (qui n’ont pas de baux) pour son espace vert pour la bagatelle d’un Milliard de FCFA par an que Toguna devrait payer à l’Etat ». Selon le Ministre Sagara, cette facilité a été offerte à Toguna pour avoir réussi à démarrer l’usine de phosphate du Tilemsi et devrait créer des milliers d’emplois sans compter la manne financière dont bénéficie l’Etat ».
La CASCA avait classé ce dossier
Dans cette affaire où l’actuel Ministre des Domaines, Tiéman Hubert Coulibaly, qui a reçu des mains de Dabid Sagara tous ces dossiers, se permet-il d‘annuler ses arrêtés ministériels après d’énormes sacrifices consentis, un travail fouillé effectué?
Ce qu’il faut savoir, c’est que la CASCA avait classé ce dossier qui fait tant de bruit. Et tenez-vous bien depuis novembre 2013, cette affaire couvait avant d’éclater au grand jour. De fins connaisseurs du Ministre Sagara ne comprennent pas cette traque, voir l’humiliation qu’on vient d’infliger à leur camarade qui n’a fait que son travail sur instruction de sa hiérarchie ?
Il faut un cadastre
Et pour Sagara : « Tant qu’il n y aura pas un Cadastre pour lequel un devis avait été élaboré, soit 20 milliards de FCFA pour son élaboration que la Banque Mondiale était prête pour financer, nous n’en finirons pas avec les problèmes ».
En tout cas, qu’il s’agisse de son parti la CODEM dont les cadres et militants ont été surpris par la tournure des évènements, puisque l’affaire a été amplifiée alors qu’elle n’en valait pas la peine puisqu’il n y avait pas de feu à la maison ; encore moins une action pénale contre l’ancien Ministre du Logement. « En tout cas, il ne faut pas se servir de l’Etat pour régler des comptes politiques même si David était l’un des rares cadre de notre aprti lors de la présidentielle, à défendre le candidat du RPM, El Ibrahim Boubacar Kéïta pour avoir parlé de ralliement. En un mot, les enquêteurs se sont plantés. C’est un dossier pour distraire les maliens. Et pour se faire, il faut trouver un bouc émissaire », a martelé un cadre de la CODEM très remonté.
Wait and see !
Bokari Dicko