Licenciés il y a six mois, des travailleurs de l’Huilerie cotonnière du Mali (Huicoma) ont organisé lundi un sit-in devant la direction de l’entreprise, à l’immeuble Graphic industrie, pour réclamer le paiement de leurs droits.
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« Non à la violence », « Non au chantage », « Nous voulons nos droits », « Non au protocole », tels sont les slogans qu’on pouvait lire, hier matin, sur des banderoles déployées par des travailleurs licenciés de l’Huicoma. Ils étaient en sit-in devant les locaux de la direction générale de l’entreprise pour réclamer leurs droits de licenciement.
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« En juin, la direction a arrêté l’usine et nous a mis en chômage technique pour trois mois. A notre retour en septembre, elle a choisi quelques-uns pour reprendre le travail. Le 5 octobre, nous avons reçu nos lettres de licenciement par le biais d’un huissier. Depuis ce jour, nous n’avons pas encore perçu nos droits. C’est pourquoi, nous sommes là, sans violence, pour exiger nos droits », a expliqué le porte-parole des travailleurs, Modibo Sidibé.
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Ils sont, au total, 409 travailleurs qui ont été licenciés par Alou Tomota, le nouveau patron d’Huicoma depuis sa privatisation en 2004. « Depuis six mois, les gens souffrent, ils n’ont rien. Imaginez des chefs de famille qui se retrouvent du jour au lendemain au chômage, sans droit et sans certificat de travail », s’est insurgé M. Sidibé qui a dénoncé le « chantage » dont les licenciés sont victimes de la part de leur ex-employeur.
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« Parce qu’ils savent que nous sommes à bout de souffle, ils veulent nous contraindre à signer un protocole à la place du plan social tout en nous empêchant de poursuivre la société en justice. Nous disons non ! C’est à la limite du chantage, sinon de l’escroquerie », a-t-il encore dénoncé.
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Fausses promesses
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Selon M. Sidibé, le nouvel acquéreur aurait violé, de bout en bout, le cahier de charges de la privatisation. « Il s’était engagé à mettre en place un plan social avec une offre de 3 milliards, deux mois après la reprise, pour désengager les travailleurs. Trois ans après, rien n’est encore fait », a-t-il regretté.
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Les travailleurs licenciés, après avoir adressé une lettre de protestation à la direction de l’entreprise, ont été reçus, hier, par la directrice des ressources humaines, Konda Kadidia Haïdara. Cette dernière aurait demandé aux licenciés d’aller récupérer leur chèque avec Me Lamissa Coulibaly, l’avocat d’Huicoma.
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« C’est pour nous rouler encore dans la farine », a lancé un travailleur, désabusé. « C’est le même langage qu’ils ont tenu la semaine dernière. Quand nous sommes allés voir l’avocat vendredi dernier, il nous a dit qu’il ne disposait d’aucun chèque et qu’ils n’avaient pas encore fini de calculer nos droits. Et quarante-huit heures après, on nous dit de retourner voir l’avocat, c’est quoi ce jeu », s’est-il interrogé.
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En tout cas, après le sit-in, ils se sont fixés rendez-vous chez l’avocat, tout en jurant de porter plainte contre le groupe Tomota et l’Etat, garant de la société, s’ils n’entraient pas en possession de leur dû dans les 48 h.
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Sidiki Y. Dembélé
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