HUICOMA dans le coma : Nécessité de revoir tous les contrats

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         Notre pays a signé la première phase du Programme d’ajustement structure (PAS) 1980-84 et la deuxième phase 1987-90. Durant cette période, plusieurs de nos sociétés et entreprises d’Etat ont été privatisées. Les architectes de cette privatisation ne sont autre l’actuel Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga, et le ministre de l’Economie et des Finances Abou- Bakar Traoré, à l’époque des faits tous experts maliens de la banque mondiale. Le processus a conduit à la privatisation de plus d’une dizaine de sociétés et entreprises d’Etat et la mise au chômage des milliers de chefs de familles.

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On pensait que l’échec de la privation allait pousser les autorités à arrêter le processus. Mais c’était sans compter sur la capacité de nos dirigeants à s’accaparer du reste sous le couvert des prête- noms comme le cas de l’HUICOMA.

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Cette société, qui faisait la fierté des Maliens dans un passé récent, n’est que l’ombre d’elle-même. Elle vit ses derniers instants avec le licenciement illégal d’une bonne partie de ses travailleurs et la mauvaise gestion des fonds de la société.

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       Le 17 juin  2007, 462 travailleurs de l’huilerie cotonnière du Mali (HUICOMA) sont mis en chômage technique (probablement une fermeture définitive de l’usine de Kita).

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Le 20 juin 2007 les travailleurs apprennent avec amertume la suppression de toutes les indemnités octroyées dans le cadre de l’accord d’établissement CMDT-HUICOMA.

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Deux ans seulement après la vente de 84,13% des actions de l’Etat au groupe Tomota, nous assistons à la faillite de la société, conséquence d’une gestion désastreuse et irresponsable.

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Faillait-il céder les actions de l’Etat au groupe Tomota ? La réponse est évidemment non. Le cahier de charge recommandait que le repreneur justifie une expérience dans l’industrie agro-alimentaire ou soit associé à une structure ayant cette expertise.

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Malgré tout, la Mission  de restructuration du secteur coton (MRSC) accepte les négociations qui aboutirent à la signature du protocole de session le 02 juin 2005.

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L’arrivée  de plusieurs missions d’audit organisationnel et technique nous a fait croire à une bonne approche du repreneur quant à la réorganisation des différentes structures et l’expression correcte des besoins d’investissements et de financement.

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Mais l’absence totale de stratégie réaliste de développement de  l’entreprise   apparaîtra. Cela se confirmera par le départ des techniciens américains et ivoiriens.

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On assistera à l’avènement de cadres courtisans incompétents qui vont privilégier des propositions fantaisistes au détriment d’un débat serein, impliquant toutes les compétences de la société. Les organes de direction (réunion des DC, comité de direction, etc.) sont occultés. Les cadres sont exclus des prises de décisions.

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Devant l’incapacité du groupe Tomota à faire face aux besoins d’investissement, on procéda au démantèlement de l’outil industriel (transfert d’équipement d’une usine à l’autre), au bricolage des installations en lieu et place d’une vraie maintenance.

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Le résultat ne s’est fait pas attendre. La capacité journalière de toutes les unités  va chuter de manière drastique (-50%). Les arrêts pour rupture de matières consommables sont devenus fréquents.

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Quelles sont les raisons évoquées pour justifier cette prise de décision ? Le manque de graines de coton.

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La production de graines de coton de la CMDT pour la campagne 2006-2007 est de 200 000 tonnes seulement.

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HUICOMA avec une capacité de trituration installée de 1350 tonnes  par jour (700 tonnes par jour à Koutiala, 500 tonnes par jour à Koulikoro et 150 t/j à Kita) peut  elle absorber la totalité de la production CMDT.

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 La direction de l’HUICOMA avait l’information comme quoi les seules graines de la CMDT ne suffirent pas à boucler la campagne 2007.

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En ce moment quelles activités complémentaires (achat de graines, achat d’huile neutre etc.) ont été retenues dans le cadre de l’élaboration du plan de campagne ?

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HUICOMA avait elle la trésorerie nécessaire pour financer ces activités ?  

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Signalons au passage que la gestion de la trésorerie est totalement opaque.

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  Visiblement rien n’a été fait pour compenser le manque de graines.

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Mieux. Nous constatons que HUICOMA n’a pas pu enlever dans les cadences souhaitées la quantité de graines à la quelle elle pouvait prétendre.

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Les évacuations de graines ont été confiées à la société Tata transport dans le cadre d’un contrat à 53F la tonne kilométrique.

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Force est de constater que Tata n’avait pas les moyens logistiques nécessaires et s’est engagée dans une politique de sous-traitance avec des particuliers à 40f la tonne kilométrique.

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En définitive, l’usine de Koutiala n’a pu enlever et triturer que 54 800 tonnes.

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 L’usine de Koulikoro était à 21 973 tonnes.

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Le chiffre d’affaires de HUICOMA, qui était environ de 26 milliards avant privatisation, a chuté aujourd’hui autour de 6 milliards.

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 Comment comprendre qu’avec toutes les facilitées accordées par l’Etat : exonération d’impôts et taxes sur huit ans, diminution du prix de la graine de 45 000 francs la tonne TTC à 12 500 francs tonnes TTC, on enregistre de si mauvais résultats ?

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Nous interpellons les pouvions publics pour qu’ils s’investissent dans la recherche de solutions aux problèmes de HUICOMA. Pour celui qui connaît le poids de la filière coton dans notre économie nationale, HUICOMA ne peut pas être laissée aux mains d’opérateurs économiques auto proclamés, grands manager incapables de la gérer.

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HUICOMA ne peut être laissée à des opérateurs économiques qui mettent en péril le devenir de centaines de travailleurs et fragilise un secteur aussi important de notre économie nationale.

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N’oublions jamais que l’histoire des peuples est l’histoire de la lutte émancipatrice des travailleurs. Les vérités cachées de la privatisation de HUICOMA apparaîtront au grand jour.

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Ce jour là, le peuple souverain saura se réapproprier d’un de ses fleurons économiques dont il a été spolié.

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MOUSTAPHA GUITTEYE

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