Résistance de Daban contre la pénétration française : Le combat de Naba Traoré et ses compagnons expliqué aux élèves

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Le combat de Naba Traoré et ses compagnons du village de Daban contre la pénétration française a été expliqué aux élèves du Lycée Scientifique de Bamako. C’était le 16 janvier dernier dans l’enceinte de cet établissement secondaire au cours d’une conférence-débat.

16 janvier 1883-16 janvier 2025 ! Il y a 142 ans, le village de Daban, situé à 80 km de Kati, mena une résistance héroïque contre l’invasion française. Pour commémorer cet anniversaire, les associations Obara et Faso Kanu, en collaboration avec l’Association des ressortissants de Daban à Bamako et l’Ecole Modibo Kéita (EMOK) ont organisé une conférence-débat au Lycée Scientifique de Bamako, sis Faladié en Commune VI du District.  Animée par Yama Bandian Traoré, enseignant à la retraite et descendant direct de l’un des chefs de guerre de Naba Traoré, la conférence a commencé par un geste symbolique de remise, à l’administration du lycée, d’un carton de craie et des paquets de stylos. Un don de Mamadou Doua Fofana de l’association Obara.

Avant de donner la parole au conférencier, Ibrahima Kébé de l’association politique Faso Kanu, a insisté sur la bravoure de Naba Traoré et ses compagnons qui ont préféré la mort à la honte.

Daban dans les livres de plusieurs historiens

Selon Yama Bandian Traoré, l’histoire de Daban n’est pas connue officiellement au Mali. Et pourtant, souligne-t-il, de nombreux historiens en parlent dans leur ouvrage. Le conférencier a cité «Les grandes dates du Mali» d’Adame Ba Konaré et Alpha Oumar Konaré, «Les pionniers du Soudan» du Français Jacques Méniaud. Feu Bakary Kamian et Jean Bosco Konaré, selon lui, ont aussi évoqué la résistance de Daban contre la pénétration française. «A l’entrée de Koulouba, Daban figure parmi les villes qui ont mené la résistance contre la pénétration française. Au Fort de Médine à Kayes, le nom de Daban figure parmi les villes qui ont refusé de se soumettre aux ordres des blancs ».

« Ce que nous allons raconter n’est ni un conte ni une légende. C’est de la réalité», a lancé le conférencier devant les jeunes scolaires. Selon Yama Bandian Traoré, Daban sous le leadership de son chef Naba Traoré, a mené deux guerres contre les blancs. En 1880, les hommes de Naba Traoré ont attaqué et vaincu la délégation du Joseph Simon Gallieni qui avançait vers Ségou à la rencontre de Sékou Amadou. Ce dernier, a reconnu l’orateur du jour, était farouchement opposé aux Bamana de Bélédougou.

Si une partie de la délégation de l’armée coloniale parvint à s’échapper pour rejoindre Bamako, a détaillé le conférencier, le chef de guerre de Daban et sa troupe sont retournés avec des butins de guerre, dont des fusils et un canon.

Après cette bataille, les Français ont dépêché une délégation chez Naba Traoré pour négocier un accord. Aux dires de Yama Bandian Traoré, un des émissaires a été égorgé sur le fétiche du village. Un autre a vu sa tête rasée et forcer à aller rejoindre les gamins pour garder les chèvres. Un troisième émissaire a été retenu auprès du chef pour ses petites commissions. Les gens de Daban ont laissé partir les autres, afin qu’ils puissent raconter ce qui s’est passé.

En 1883, Borgnis Desbordes est venu avec de gros moyens pour conquérir Daban. Aux dires du conférencier, les combats ont été intenses pendant trois jours. Les blancs ont tiré sur le village 204 coups de canon. Dont plusieurs ont été déviés par les forces mystiques. Des essaims abeilles quittaient le marigot sacré du village pour piquer les blancs qui mourraient de façon mystérieuse, a raconté Yama Bandian Traoré.

Au bout du compte, le 16 janvier 1883, Daban tomba entre les mains des envahisseurs coloniaux. Sentant la guerre perdue,  les combattants de Daban ont fait partir les femmes, les enfants et les personnes âgées à l’ouest du village. Naba Traoré a dit à ses épouses d’abandonner le village avec les autres, mais celles-ci ont refusé. C’est alors qu’il s’est enfermé avec ces dernières dans sa poudrière à laquelle il a mis le feu. Les autres grands chefs de guerre également préférée se suicider afin de ne pas tomber entre les mains des blancs.

Borgnis Desbordes pénétra alors à Daban où il récupéra les fusils et le canon qu’ils avaient été contraints d’abandonner lors de la précédente bataille.

Hommage aux martyrs et aux résistants

Le conférencier a vanté les qualités de leader et de grand résistant de Naba Traoré et la bravoure des populations de Daban, un village qui assurait la  protection de nombreuses localités. Yama Bandian Traoré a appelé les autorités à se remémorer  l’histoire de Daban, notamment son grand résistant, Naba Traoré.

Selon lui, Daban regorge d’importants sites touristiques. A Daban, a-t-il fait savoir, il y a une fosse commune où sont enterrés les blancs, la tombe d’un officier français, le marigot sacré. Le conférencier a appelé les autorités à promouvoir ces sites touristiques.

Pour Ibrahima Kébé, «Cette commémoration a permis de rendre hommage aux martyrs et aux résistants qui ont défendu avec courage leurs terres et leur dignité, contre le colonisateur. Cet événement rappelle que l’émancipation des peuples ne peut être réalisée que par une lutte consciente et organisée contre toutes les formes d’exploitation et de domination».

Moussa Touré, Censeur du Lycée Scientifique de Bamako, salue cette initiative qui aide les jeunes à découvrir l’histoire de leur pays. L’administrateur scolaire a invité les élèves à partager les connaissances apprises au cours de cette conférence.

Au nom des associations organisatrices de cette conférence, Ibrahima Kébé a exprimé leur profonde gratitude au promoteur ainsi qu’aux responsables du Lycée Scientifique de Bamako pour leur collaboration précieuse, qui a contribué de manière décisive à la réussite de cet événement, reflet de l’engagement collectif en faveur du progrès social et éducatif.

Par Chiaka Doumbia

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