Au sujet des Tall-Tall, on dit qu’ils tirent leur origine des Maures. Cette hypothèse vient du fait qu’ils descendraient des Peuls Hondorbé, je crois que ce n’est qu’une hypothèse, une supposition. Les Hondorbé, comme l’a déclaré Soulaymane Lamtafua, sont issus des Tagua ; or les Tagua et les Lemtuna et d’autres font partie des plus importantes tribus Maures, Berbères qui composaient l’armée d’Abu Bakar Ibn Omar, un lemtounite, appelé Boubacar Boun Amir par les Maures. J’ai reçu cette autre information de Souleymane Lamtagua qui habitait à Hondorbé : « Tagua et Hondorbé constituaient deux tribus proches par le sang, chacune avait son chef ; elles nomadisaient et campaient l’une non loin de l’autre, mais Dieu a décidé qu’elles se sépareraient à Boilokké en Mauritanie par suite d’une bataille qui les avait opposées.
Malgré des pourparlers qui avaient duré toute une journée, elles n’arrivèrent pas à trancher leur litige ; alors elles se sépareraient, chacune regagna ses habitations après un accord qui stipulait la fin prochaine des hostilités par de bonnes négociations le lendemain et qui interdisaient à chacune d’elles de porter les armes par peur de voir éclater une bataille plus terrible que la première. Mais les Tagua par traitrise trompèrent les Hondorbé en allant enfouir leurs armes au fond de la vallée de Baylokké. Le lendemain, les deux tribus, se réunirent dans l’emplacement de la veille, elles immolèrent un bœuf pour consommer la chair au repas de midi. C’est alors que les étourdis des deux tribus se disputèrent au sujet de Biwol, chacun de deux camps voulait le réserver à son chef. Les Hondorbé et les Tagua en vinrent aux mains, les Tagua déterrèrent leurs armes qu’ils avaient cachées au fond de la vallée, les en combattirent ; ils en tuèrent beaucoup et le reste quitta cet endroit qui échut ainsi aux Tagua. Les vaincus, depuis ce temps-là jusqu’à nos jours, se sont séparés de leurs vainqueurs. Il se peut aussi, dis-je qu’après cette bataille une partie des Hondorbé allât s’installer en Mauritanie entre Walaldé et Dirol-ce dernier se trouvant entre Sintiou Ahmadou Mairam et Dawalèle. Cette partie qui a émigré pouvait bien être ces Tall-Tall. Dieu le Très-Haut connait mieux que nous ce qu’il en était. Il est bien établi que les hommes de condition libre parmi les Hondorbé portent maintenant l’un de ces quatre noms pas plus : Korera, Tall, Nguette et Traoré. Ils possédaient un très grand nombre d’esclaves. Ce qu’il y a d’étonnant encore, c’est la thèse selon laquelle l’éclaireur des Hondorbé était aussi celui des Diawbé se dit dans notre langue Korowo, aussi disait-on Korowo Arto Arih ce qui veut dire : « l’éclaireur d’Arto est arrivé ». C’est de là qu’est venu le mot Korera comme nom de famille. J’ai dit que cela est possible, car on est unanime à dire que les Diawbé sont des Maures. Sans doute tirent-ils leur origine des Berbères, puisqu’ils remontent jusqu’à la tribu des Fazaza, à ce qu’on dit, or celle-ci est une tribu berbère. Voilà pourquoi les Diawbé disent souvent qu’El Fazazi, l’auteur des odes de vingt vers chacune en l’honneur du Prophète est leurs, c’est-à-dire qu’il faisait partie de leurs premiers ancêtres. Dieu sait que nous ce qu’il y a de vrai dans ces questions ambigües.
Source : La vie d’El Hadji Omar Tall par Cheikh Moussa Kamara