Lycée scientifique et technologique de Bamako : La résistance de Daban en 1883 contre la pénétration coloniale racontée aux élèves

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Dans sa mission d’éveil de conscience et de prise de conscience, les Associations Obara, Faso Kanou et l’Association des ressortissants de Daban à Bamako, célèbrent chaque année, le 16 janvier 2025, date anniversaire de la résistance de Daban (1883) contre les troupes coloniales. Cette année, l’honneur est revenu au Lycée scientifique et technologique de Bamako, sis à Faladié, d’abriter la cérémonie.

Le conférencier principal, Niaman Badjan Traoré, membre de l’Association des ressortissants de Daban à Bamako, a tenu à préciser que la résistance de Daban contre la pénétration française est loin d’être un conte encore moins un mythe. Elle appartient à la page glorieuse des héros qui ont combattu les envahisseurs français, a-t-il précisé. Il a rappelé que la résistance de Daban est mentionnée dans le livre Les Grandes du Mali, écrit par Alpha Oumar Konaré et Adam Ba, dans le Livre d’Or de Médine-Kayes et dans Les Pionniers du Soudan de Jacques Meniaud.

À l’entrée du palais de Koulouba, le nom de Daban (3ème sur la liste) figure sur le monument des localités qui ont affiché une résistance à la pénétration coloniale. Les historiens Bakari Kamian, Jean Bosco Konaré reconnaissent l’histoire des batailles de Daban contre les colons.

Selon le conférencier, la première bataille qui a opposé Daban aux troupes coloniales s’est déroulée à Dio (Kati). Informé par Naballa Diarra, chef de village de Dio, de la présence des Blancs armés sur son territoire, Naba Traoré, chef de village de Daban ordonna à ses guerriers d’abandonner tous les projets pour aller récupérer le chargement dont il est question pour qu’il en fasse son prix de dolo. Ainsi, le 11 mai 1880, précise-t-il, les hommes de Naba ont attaqué le convoi français. Après des combats acharnés, le bilan évalué est de quatorze (14) indigènes tués, des vivres et armements (01 canon, 04 espingoles) récupérés par les guerriers de Naba Traoré.

Face à la violence des combats et à la résistance des hommes de Daban, les troupes coloniales ont pris la tangente. Ce coup a été fatal pour la suite de la mission, dont l’objectif était d’atteindre Ségou en passant par Bamako, où des accords devraient être signés pour l’installation de leur représentant.

  1. Niaman B. Traoré dira qu’après la bataille de Dio, la France envoya des émissaires pour négocier la récupération des matériels saisis. Elle se buta au niet de Daban. Il ajouta qu’en du non, trois (03) émissaires ont subi la colère de Daban. Le premier a été immolé au fétiche protecteur du village, le crâne du deuxième a été rasé et transformé en berger et le troisième fut gardé comme serviteur auprès du chef de village. Trois (03) ans après, aux dires de M. Traoré, le village de Daban, protégé par un tata, a été attaqué par une troupe française conduite par Borgnis Desbordes.

Selon lui, le combat a duré trois jours. Les combattants de Daban, munis de fusils de fabrication locale, ont tenu tête devant les français équipés d’armes modernes. Deux cent quatre (204) coups de canons ont été tirés sur le village, dont un seul a atteint le toit d’un grenier. Malgré cette différence des forces, la bataille a fait des morts innombrables des deux (02) côtés.

Le village, sentant sa défaite, a pris soin d’évacuer par le côté ouest les femmes, les enfants et les personnes âgées.

«Le 16 janvier 1883, un mardi noir, funeste, Daban a capitulé. Naba Traoré, le grand Naba de Dio, se fait sauter dans la poudrière en compagnie de ses épouses, son adjoint, Moriba Traoré, appelé Souma Moribou ainsi que les chefs de guerre: Bloco Mamary, Tiécoura se sont tous donné la mort», dira M. Traoré. Il précise que malgré cette défaite, la devise «Plutôt mourir que de vivre dans la honte ou l’esclavage», reste encore d’actualité à Daban.

L’Association des ressortissants de Daban, à travers Niaman Badjan Traoré, plaide pour une reconnaissance de la résistance de Daban et demande aux autorités maliennes d’inscrire le nom de Naba Traoré sur la liste des grandes figures de la résistance de notre pays, afin qu’il soit réhabilité. Il a souhaité que l’histoire de la résistance de Daban soit enseignée à l’école. Il a mis l’accent sur les sites touristiques dont Daban regorge comme la fosse commune des envahisseurs tués au combat, la tombe d’un officier français, les tombes des résistants de Daban et la rivière pleine de mystères.

Les élèves interrogés se disent satisfaits de la résistance racontée par un des descendants de Naba Traoré. Ils ont souhaité qu’un support papier soit produit pour une large diffusion.

Le censeur du lycée scientifique et technologique de Bamako, Moussa Touré, s’est réjoui que son établissement a été choisi pour honorer la mémoire d’un grand résistant.

La cérémonie a été couplée d’un don, composé d’un carton de craies et deux paquets de Bic, offert au lycée scientifique et technologique de Bamako par l’association Obara.

Au présidium, on notait la présence de Ibrahima Kébé, Mantala de Faso Kanu, des membres de l’Association Obara et des descendants de Nana Traoré.

Yoro SOW

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