DEVOIR DE SOUVENIR : Il y a 90 ans, la révolte des Bwa de 1916

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Le jeu en valait la chandelle car malgré le silence qui entoure cette révolte, comme l’a dit  le Professeur Kamian, elle n’est pas anodine dans les indépendances futures de nos Etats intervenues en 1960.

Bref historique de la révolte de 1916

Comme la révolte des Bamiléké au Cameroun, la révolte des Bwa est l’expression d’un ras-le-bol des populations Bwa contre les exactions de l’administration coloniale. En effet, le Bwatun n’avait jamais connu une occupation permanente, même l’organisation en grandes entités comme les royaumes et les empires lui était inconnue. Le colonisateur a plutôt occupé cette partie du Soudan  Français de façon progressive et pacifique sans en réalité lever le régime de l’indigénat et les travaux forcés avec la complicité des gardes "indigènes". Déjà les années 1914, une sécheresse avait amené de mauvaises révoltes. Avec la première guerre mondiale (1914) la métropole exigea aux colonies un contingent militaire, des contributions volontaires  (mil, arachides)..) le port du courrier s’intensifia, les travaux forcés aussi. C’est ainsi qu’il fallait construire la route San-Tominian-Bénéna-Nouna, Dédougou-Koudougou.

La révolte éclata à Bouna (Boura) dans l’actuelle Burkina Faso. Sur le chantier, les gardes étaient impitoyables. Une femme en grossesse du nom de Tenin Coulibaly demanda la permission pour aller accoucher au village. Le garde Alamousson Diarra lui refusa la permission mais pire lui infligea des coups de cravache. Tenin sur le chantier donna naissance à un garçon devant les travailleurs. Une fois délivrée, elle aux travailleurs du chantier "que moi Ténin  je survive  ou pas mon enfant s’appellera Hiambé" c’est à dire chef de guerre. Ecoeuré et frappés dans leur amour  propre, les hommes du chantier se ruèrent sur le garde et le tue. Aussitôt, l’alerte est donnée dans toute la région  pour désormais refouler l’envahisseur. Les batailles suivantes ont eu lieu côté malien :

27 décembre  1915 : Bénéna

9 janvier  1916 : Sabara vers Mandiakuy

4 Mars  1916 : Tominian

1er  Mai 1916 : Sienso

14 juillet : Tenini

16-19 Juillet  1916 : Koro

 

Programme de la commémoration

Au programme de la commémoration figuraient : deux conférences animées par Mafing Kondé du Burkina Faso et l’Abbé Joseph Tandin Diarra du Mali, appuyés par le  Professeur Kamian sur l’historique et les impacts de la révolte sur les Bwa le Mali, le Burkina Faso et sur le Soudan Français voire l’Afrique.

Pour la circonstance, d’éminentes personnalités de la communauté Bwa du Burkina Faso ont fait le déplacement comme le triple décoré  Professeur Wétian Bognounou, botaniste, parrain de la dernière Semaine nationale culturelle de Faso. Le Docteur  Mafong Kondé connu pour ses multiples conférences dans la sous-région, Mlle Suzanne, Journaliste à la télévision nationale du Burkina Faso (RTB). Quant au Professeur André Ouezzin Coulibaly, cardiologue et fils  de feu Ouenzzin Coulibaly, grande figure de la lutte des indépendances, il a envoyé ses salutations et s’est excusé de son absence.

De l’intervention du Représentant de président de la République, parrain de l’événement, on peut retenir :

– il y des valeurs qu’on ne découvre nulle part que chez nous et qu’il nous faut préserver contre vents et marées : le Diatiguiya, le Sinagounya, le Nagadoumouniké… comme il en existe entre les Peulh et les Bwa

– l’honnêteté, l’amour du travail bien fait, la bravoure, valeurs sont fortement ancrées dans les traditions  Bo.

-Le Mali où la tolérance est la diversité culturelle au lieu d’être un handicap constitue une richesse incommensurable dans laquelle nous devons en permanence nous plonger. Pour preuve, dira t-il, ont pris part à cette révolte des populations autres que les Bwa : Zié Sogoba, Karamokodjo, El Hadj Adama Dembélé… Enfin, il a déclaré que les combattants Bwa et les figures comme Bazani doivent constituer des exemples pour les nouvelles générations tout  comme le sont : Bambemba, Tiéba, Samory, El Hadj Oumar Tall,  Firhoun. Son voeu que la révolte de  1916 fournisse de la matière première aux chercheurs de tous horizons : historiens, sociologues, anthropologues, ethnologues, artistes et romanciers… car si le Bô est connu pou r une chose, c’est son silence qui fait qu’il est souvent incompris.

Dans son intervention, Me Koné Hyacinthe du Bureau de NIIMI-Présence Bwa association, organisatrice de l’événement a souhaité que cette route sur laquelle la révolte a éclaté soit  goudronnée pour plusieurs raisons : à savoir pour des raisons historiques. Il s’agit aussi d’une route d’intégration non seulement pour la communauté Bwa mais aussi pour nos deux Etats. Enfin, il s’agit d’une voie vitale pour l’économie du Bwatun.

Pour terminer, il a révélé que l’apport de cette route est précieux pour l’économie du Mali et qu’on y gagne par cette voie environ 200 km de routes par rapport à celle de Bobo-Dioulasso.

Quant au président de NIIMI, Raphaël Diarra, il a déclaré qu’il s’agit  par cette commémoration d’entamer une marche vers le centenaire puis il a demandé à la communauté Bo et à ses amis et sympathisants de leur donner un coup de main pour les préparatifs du centenaire. Enfin ce fut l’occasion de savourer la riche culture des Bwa en particulier la musique qui regorge de multiples genres allant du Jazz aux rythmes les plus dansants.

Alifa Habib KONE

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