C’était au temps de Tiécoro Bagayoko, tout-puissant Directeur général de la Sécurité. Un soir, il roulait à tombeau ouvert, au volant de sa D.S noire, aux vitres teintées, avec ses lunettes, non moins noires, posées sur le nez. A un feu tricolore, il faillit écraser un piéton, qui s’apprêtait à traverser la voie.
Tiécoro freina net, dans un crissement de pneus. Il s’éjecta du bolide et vint à la rencontre du piéton, l’air menaçant. Les passants, terrorisés, se mirent à chuchoter :
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– Waï ! Yé ! Pati Sakana ! Ce gars –là est mort !
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Tiécoro va le tuer, le pauvre ! C’est fini pour lui !
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Mais dès que le pauvre homme vit Tiécoro se diriger vers lui, menaçant, il marche vers lui, en guelant :
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– Hé toi –là, qu’est –ce qui te prend ? Crois –tu avoir le droit de vie ou de mort sur nous ? Tu te prends pour Tiécoro Bagayoko ?
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– Et il se tourne vers les passants, qu’il prend à témoin :
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– Voyez ces parvenus du dimanche ! Dès qu’ils se payent un tacot, ils se prennent pour Tiécoro Bagayoko, alors que leur pouvoir n’est rien, face à celui de Tiécoro.
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Puis il se tourne vers Tiécoro, lui –même, en l’invectivant :
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– Regardez –moi ce minus ! Si Tiécoro était là, est –ce que tu oserais rouler ainsi ?
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Tiécoro Bagayoko, stupéfait, le regarda longuement, avant de reprendre son chemin. Ce qui fit, le pauvre homme, sans se retourner.
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Ben Laden
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