Il aimait l’Afrique et son pays, le Mali de toute son âme, il s’est battu, acceptant des sacrifices pour que l’Afrique et le Mali puissent lever un jour la tête et vivre dignement. Il s’est battu pour fonder une base politique solide et visionnaire. Il a été grand par la taille mais aussi en esprit. Cet homme qui est désormais un héros pour le peuple malien, cet homme que l’Afrique mais surtout sa chère patrie le Mali n’oubliera jamais a voulu nous laisser un héritage : une Afrique et surtout un Mali libre, unie et prospère. A l’occasion de son 60ème anniversaire, soloni se souvient de ce grand Africain. Qu’est-il devenu ce qu’il nous a légué ?
Qui est Mamadou Konaté ?
Mamadou Konaté est né en 1897 à Kati en république du Mali de Tieblemba Konaté, un homme reconnu pour sa droiture morale et son engagement pour les nobles causes et de Fatoumata Mama SYune dame réputée pour une généreuse particulière. Ce sont donc d’abord ces deux personnalités, au caractère trempé, d’une grande piété, qui imprimeront au jeune Mamadou une éducation rigoureuse, remarquablement reflétée tout au long de son existence. A l’Ecole normale William ponty son parcours est exemplaire. Il Sort major de sa promotion de William Ponty en 1919 comme instituteur.
Un instituteur, syndicaliste et politicien chevronné
Mamadou Konaté après des études à l’École normale William Ponty (Gorée, Sénégal) devient instituteur-formateur-enseignant entre 1919 et 1946 dans différentes localités comme Bafoulabe, Macina, Kolokani avant de prendre la direction de l’École régionale de Bamako.En 1937, il crée le Syndicat des instituteurs de l’Afrique occidentale française.
En 1945, il fonde le Bloc soudanais avec le 1er président Malien son excellence Modibo Keïta, leur parti devient l’Union Soudanaise en octobre 1946, une section du Rassemblement démocratique africain qui donna (US-RDA).
Élu député en 1946, il siège à l’Assemblée nationale française au sein du groupe de l’Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR) et est membre notamment des commissions de l’Éducation nationale et des Territoires d’Outre-mer. La liste du RDA est arrivée en deuxième position après celle du Parti progressiste soudanais (PSP) de FilyDabo Sissoko. En 1951, la liste du RDA arrive de nouveau en deuxième position et Mamadou Konaté siège de nouveau à l’Assemblée nationale.
Une vie sociale bien remplie
Socialement, M. Mamadou Konaté était irréprochable comme le témoigne Mahamane Alassane Haïdara, Président de l’Assemblée Nationale pendant la 1ère République du Mali : « Konaté logeait à la Cité des instituteurs. Il menait une vie simple et bien ordonnée. Bon musulman, il ne buvait pas d’alcool, ne fréquentait pas les lieux de plaisir. Respectueux des nobles traditions familiales, il prenait, quoique marié, ses repas dans la grande famille avec son père et ses jeunes frères. A la fin de chaque mois, il remettait la totalité de sa solde à son père qui en disposait comme il voulait ».
Grâce à sa conduite exemplaire il acquit une grande notoriété fondée sur sa réputation de grand serviteur du peuple. Il avait le don de remettre sur le droit chemin certains jeunes collègues auteurs de fautes professionnelles graves et leur inculquait une conscience professionnelle dont ils ne se départissaient plus.
Infatigable, il s’est toujours mobilisé avec une lucidité et une détermination jamais démenties pour défendre les opprimés, pour faire triompher la justice. Dans un discours célèbre sur l’institution en Afrique du code de travail qui n’était en vigueur que dans la Métropole, il déclarait : « Il est si commode de recourir à la main d’œuvre à bon marché, surtout quand son utilisation n’exige de l’employeur aucune garantie sérieuse, en l’absence de toute réglementation du travail ».
Dénonçant les conditions d’exploitation particulièrement dures des travailleurs africains par les colons français peu enclins à protéger les droits de leurs employés, Mamadou Konaté justifiera sa mobilisation aux côtés des Africains maltraités sur leurs lieux de travail par une boutade pleine d’ironie assassine : « Comme le dit le bon sens, ce n’est pas au loup que l’agneau confie le soin de le défendre ».
Combattant jusqu’à la mort
Peu de temps après son élection lors des élections de janvier 1956 où la liste du RDA dépasse celle du PSP, Mamadou Konaté meurt atteint d’une hépatite le 11 mai 1956. Un leader venait de s’éteindre après une vie bien remplie tant sur le plan professionnel que social. AS
60ème anniversaire du décès de Mamadou Konaté : L’AMK se souvient d’un grand homme !
Le vendredi 5 mai 2016 marquait le 60 ème anniversaire du décès de Mamadou Konaté, précurseur de la création de l’Etat du Mali. L’association Mamadou Konaté(AMK), née de la volonté de réhabiliter les idéaux et les valeurs de ce grand homme à tenue à commémorer la mémoire de ce grand homme. Les activités se sont déroulées à l’école Mamadou Konaté, à la Galerie d’Art Medina face à l’ECICA et à l’Assemblée Nationale. Une journée qui était placée sous la présidence du président de la république son excellence M. Ibrahim Boubacar Keïta et plusieurs membres de son gouvernement. Le ministre de l’éducation M. Barthélemy Togo dans son allocution à salué la mémoire d’un précurseur de la création de l’Etat du Mali. Le président de la république M. Ibrahim Boubacar Keïta a lui aussi salué la mémoire d’un grand homme qui a fait honneur au Mali et salué la famille de feu Mamadou Konaté pour cette de commémoration. Oui, ainsi va la vie. Les grands hommes ne meurent jamais.
Pierre Poudiougo
ALLOCUTION DU MINISTRE DE L’EDUCATION NATIONALE DU MALI A L’OCCASION DU 60EME ANNIVERSAIRE DU DECES DE MAMADOU KONATE, PRECURSEUR DE LA CREATION DE L’ETAT DU MALI
Excellence, Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat,
Mesdames et Messieurs les Présidents des Institutions de la République,
Mesdames et messieurs les membres du Gouvernement,
Mesdames et messieurs les membres de la famille de Mamadou KONATE,
Mesdames et messieurs les membres de la famille politique de Mamadou KONATE,
Mesdames et messieurs les administrateurs scolaires,
Mesdames et messieurs les membres de l’Association Mamadou KONATE,
Chers enseignants et élèves de l’école Mamadou KONATE,
Distingués invités,
Mesdames et messieurs,
Je voudrais à l’entame de mes propos, m’acquitter d’un agréable devoir ; celui d’adresser mes très sincères remerciements aux membres de l’Association Mamadou KONATE d’avoir bien voulu m’ associer à une cérémonie qui célèbre un très Grand Malien, un si Grand Africain, un Grand Homme.
En effet, il est des hommes auxquels le Destin attribue une dimension hors du commun. Je serais tenté de dire qu’il s’agit d’êtres humains exceptionnels tant leur œuvre, surpasse ce qui est communément perçu comme « ordinaire »!
Ces hommes sont rares, très rares même ! Pourtant, notre patrie, qui, émergeant de la nuit des temps, a repris son nom d’antan, « Mali », symbole de grandeur et de gloire, a abrité quelques-uns de ces hommes rarissimes. Monsieur Mamadou Konaté, que nous célébrons aujourd’hui, est de ceux-là.
Monsieur le Président de la République,
Mesdames et messieurs,
A voir cependant de près la sa grandeur est loin de relever de quelque hasard. Qu’il suffise à l’origine de rappeler que sa vénérable maman, Fatoumata Mama SY avait la réputation d’une femme particulièrement généreuse et son père, Tieblemba Konaté, était reconnu pour sa droiture morale et son engagement pour les nobles causes. Ce sont donc d’abord ces deux personnalités, au caractère trempé, d’une grande piété, qui imprimeront au jeune Mamadou une éducation rigoureuse, remarquablement reflétée tout au long de son existence.
Mesdames et messieurs
Rares sont les hommes, au Soudan français devenu république du Mali, à son indépendance en 1960, et au- delà dans le monde à avoir été autant adulés, glorifiés que Mamadou Konaté à toutes les étapes de sa vie ; une vie prodigieusement riche et bien remplie.
Dès ses premiers pas à l’école coloniale, il se révéla doué dans les études, tant et si bien que premier de sa classe, il eut le mérite d’être choisi pour intégrer la célèbre École Normale William Ponty, à l’Île de Gorée, au large de Dakar, prestigieuse école fédérale de l’Afrique-Occidentale française (AOF) d’où sont issus plus de 2000 élèves parmi lesquels des noms célèbres comme Félix Houphouët-Boigny, 1er Président de la République de Côte d’Ivoire, ami intime et compagnon de lutte de Mamadou Konaté, Modibo Kéita, 1er Président du Mali, qui fut son élève. Tous les trois furent, en 1946, les cofondateurs du Rassemblement Démocratique Africain (R D A).
Monsieur le Président de la République,
Mesdames et messieurs,
Sorti major de sa promotion de William Ponty en 1919 comme instituteur, il propagera à travers le Soudan français le savoir, le savoir-faire, le savoir-être à des centaines de jeunes pendant 27 ans jusqu’en 1946, année de sa première élection à l’Assemblée nationale française dont il deviendra, à sa troisième élection en 1956, Vice-président.
Tous les supérieurs de Mamadou Konaté reconnaissent ses grandes qualités d’éducateur à l’école comme dans la vie civile où, inlassablement il donnait toujours l’exemple de la bonne conduite à tenir.
Cet homme, de l’avis général, discret, simple, humble, n’était pas initialement porté sur la politique. Pourtant, il finira en effet par se laisser convaincre sous la pression de son entourage, admiratif de ses talents de syndicaliste, de défenseur opiniâtre des membres de sa corporation.
Désormais engagé en politique, avec la même détermination, il sera un militant acharné de l’émancipation des populations autochtones de l’Afrique de l’ouest à l’Océan indien. C’est ainsi, entre autres, qu’il défendit avec une admirable ténacité les victimes malgaches de la répression sanglante du pouvoir colonial français en mai 1947.
Mesdames et messieurs
Homme de conviction, Mamadou Konaté avait fait sien l’adage selon lequel « rien de grand ne peut se faire sans passion ». Ainsi, se donnait –il toujours sans compter dans tout ce qu’il entreprenait.
Les témoignages à son sujet sont légion et le décrivent comme un homme hors du commun par son engagement courageux pour les causes qui lui tenaient à cœur.
Il faudrait certainement des heures et des heures pour témoigner des éloges qui ont jalonné sa vie.
Permettez-moi de partager avec vous les appréciations du Directeur de l’École William Ponty à son examen de fin de cycle de trois ans, le 15 septembre 1919, à 22 ans : « Excellent caractère, posé, sérieux, ferme, dévoué, affectueux, travailleur acharné, et méthodique. A su acquérir beaucoup d’autorité sur ses condisciples et a fait un bon surveillant général. Sorti 1esur 30 élèves au certificat de fin d’études normales avec la mention très bien. Conduite : très bien. Travail : très bien ! ».
Voici encore une autre appréciation, prise au hasard, six ans après celle que je viens de lire : « Mamadou Konaté est un de nos meilleurs instituteurs. Son travail est excellent et il obtient des résultats remarquables. Mérite compliments et promotion au choix ». 15 novembre 1925. Signé : Inspecteur des écoles avec l’approbation du Gouverneur du territoire (Soudan) ».
Monsieur le Président de la République,
Mesdames et messieurs,
Dans d’autres domaines, c’est la même tonalité dans l’appréciation comme le témoigne Mahamane Alassane Haïdara, Président de l’Assemblée Nationale pendant la 1ère République du Mali : « Konaté logeait à la Cité des instituteurs. Il menait une vie simple et bien ordonnée. Bon musulman, il ne buvait pas d’alcool, ne fréquentait pas les lieux de plaisir. Respectueux des nobles traditions familiales, il prenait, quoique marié, ses repas dans la grande famille avec son père et ses jeunes frères. A la fin de chaque mois, il remettait la totalité de sa solde à son père qui en disposait comme il voulait ».
Grâce à sa conduite exemplaire il acquit une grande notoriété fondée sur sa réputation de grand serviteur du peuple. Il avait le don de remettre sur le droit chemin certains jeunes collègues auteurs de fautes professionnelles graves et leur inculquait une conscience professionnelle dont ils ne se départissaient plus. A Bamako Coura où la famille Konaté avait élu domicile après avoir quitté Kati où Mamadou Konaté vit le jour vers 1897, il jouissait de la confiance de tous ses voisins dont il réglait souvent les litiges, en tout genre, y compris conjugaux.
Il était le conseiller juridique de bon nombre d’illettrés auxquels il prêtait assistance jusque devant les tribunaux, essayait autant qu’il le pouvait d’apporter assistance morale et matérielle à des nombreux solliciteurs et toujours dans la bonne humeur, le sourire permanent.
Mesdames et Messieurs,
Il ne s’agit là que d’un aperçu sommaire de l’action d’un homme qui a aimé son pays et l’Afrique de façon obsessionnelle. Son exemple pour l’amour du travail bien fait, pour l’amour de la nation méritent encore aujourd’hui d’être médités et méritent surtout que les actuelles et futures générations s’en imprègnent pour une gestion saine et efficace de notre société.
Infatigable, il s’est toujours mobilisé avec une lucidité et une détermination jamais démenties pour défendre les opprimés, pour faire triompher la justice. Dans un discours célèbre sur l’institution en Afrique du code de travail qui n’était en vigueur que dans la Métropole, il déclarait : « Il est si commode de recourir à la main d’œuvre à bon marché, surtout quand son utilisation n’exige de l’employeur aucune garantie sérieuse, en l’absence de toute réglementation du travail ».
Dénonçant les conditions d’exploitation particulièrement dures des travailleurs africains par les colons français peu enclins à protéger les droits de leurs employés, Mamadou Konaté justifiera sa mobilisation aux côtés des Africains maltraités sur leurs lieux de travail par une boutade pleine d’ironie assassine : « Comme le dit le bon sens, ce n’est pas au loup que l’agneau confie le soin de le défendre ».
Monsieur le Président de la République,
Mesdames et messieurs,
Il n’est que justice que de rendre hommage à ce défenseur infatigable de la justice pour tous les hommes, ce grand combattant pour la dignité et l’honneur de l’homme asservi et humilié dans ses droits. Ses messages légués à la postérité doivent continuer à nous inspirer.
Une dernière réflexion de Mamadou Konaté. Je cite : « Il est essentiel de pas se complaire égoïstement dans la seule satisfaction de ses besoins matériels. L’aspect civique et moral, la dignité, l’honneur doivent nécessairement avoir le pas sur la vile satisfaction des besoins matériels. Se battre, lutter, se sacrifier au bénéfice du groupe. Lorsque la cause est juste, la foi, le courage, la détermination ne peuvent pas échouer ».
Ainsi avait coutume de s’exprimer Mamadou Konaté qui a laissé orphelins les siens, son pays, l’Afrique, il y a 60 ans, le 11 mai 1956. Puissent son sacrifice et son exemple demeurer immortels afin de nous rendre meilleurs !
MERCI POUR VOTRE AIMABLE ATTENTION !
Bamako, le 6 mai 2016