Rétrospective : Le président Modibo Keita à l’éclatement de la Fédération du Mali

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Modibo Keïta, premier président du Mali, dans les années 1960. © © AFP

C’est 55 ans après l’évacuation des bases militaires françaises que la France revient avec force au Mali en monopolisant  les secteurs dits de souveraineté. Voici quelques réactions lors du congrès qui a suivi l’éclatement de la Fédération du Mali.

L’éclatement de la fédération du Mali a eu pour effet de renforcer l’unité nationale. Les militants du parti de Modibo Keita l’U.S.R.D.A., le parti unique de fait, et ceux du PSP  de Fily Dabo Sissoko l’opposant le plus acharné, exprimèrent leur adhésion aux options. Le leader du parti d’opposition monta même  à la tribune du Congrès pour proclamer sa disponibilité pour la construction nationale; affirmant ainsi, que malgré les divergences, il restait un nationaliste. Les premières prises de position de la jeune République, en matière de politique extérieure furent le soutien à l’Algérie en lutte pour son indépendance, l’évacuation des bases militaires françaises qui stationnaient au Mali, la condamnation des essais nucléaires français dans le Sahara.

Ce qui n’améliorait pas les relations franco-maliennes, déjà très affectées par les évènements liés à l’éclatement de la fédération du Mali. De Gaulle dépêcha André Malraux auprès de Modibo Keita et lui adressa une lettre qui laisse transparaître les “incompréhensions” entre les deux pays. Les rapports entre le nouvel État indépendant et l’ancienne puissance coloniale, à qui le leader malien reprochait des arrière-pensées néo-colonialistes, furent souvent “très tendus”, mais, n’ont jamais été véritablement rompus. Ceci, grâce aux pragmatismes politiques et aux efforts des uns et des autres.

Le 20 janvier 1961 au moment de l’évacuation des bases militaires françaises, Modibo Keita expliquait :
« la République du Mali a affirmé sa volonté de coopérer avec la France sur la base de la non-ingérence dans nos affaires intérieures et du respect de notre souveraineté. La décision de mon parti et de mon gouvernement ne met nullement en cause cette volonté »
.  En fait, la diplomatie malienne suivait quelques principes : Souveraineté nationale, Unité africaine et non-alignement, Défense de  l’Émancipation du tiers-monde.

En 1977, le journal “Jeune Afrique” évoquait la disparition du président malien en ces termes : « Il se conduisait sans complexe, avec les dirigeants de l’Est et de l’Ouest qui venaient proposer de l’aide à son pays. Avec Modibo Keita à la tête du pays, aucun compromis n’était possible en ce qui concernait la souveraineté nationale, de cela, nous sommes sûrs. Seul entrait en ligne de compte l’intérêt du Mali … Socialiste par nécessité, progressiste à cause de la qualité de ses hommes, sa perte cause un grand tord au mouvement d’émancipation de l’Afrique ».

La politique intérieure des dirigeants maliens avait notamment comme objectifs, l’édification d’un socialisme adapté aux réalités maliennes ; la décolonisation des mentalités ; l’affirmation de la personnalité africaine ; la consolidation de l’indépendance nationale dans tous les domaines.

                                                                                                  Youssouf Sissoko

                                                                                     youssouf@journalinfosept.com

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