Rétrospective : Discours prononcé au meeting consacré au premier anniversaire de la proclamation de l’indépendance de la République du Mali (22/09/1961)

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Maliennes et Maliens
Chers camarades,
II y a un an, jour pour jour, vous avez, dans l’enthousiasme, proclamé votre volonté de vivre dignes et libres ; le Congrès de notre Parti, appelé à statuer, honorant la mémoire de tous ceux qui ont versé leur sang pour que vive indépendant notre pays, a traduit une fois de plus dans les faits, les principes qui depuis leur naissance ont fait de l’Union Soudanaise-R.D.A. et de vous, Maliens, les ennemis implacables du colonialisme et les défenseurs acharnés de l’Afrique ; vous avez puisé vos forces dans la glorieuse tradition de courage indomptable, d’engagement sans recul, de dévouement sans réserve propres à notre peuple, pour réaliser, dans la totale abnégation, l’amour de votre frère, pour imposer à un monde où nous ne comptions pas que des amis, l’existence, l’audience, l’autorité morale de votre nation. Mais vous avez surtout appliqué scrupuleusement les décisions de notre Congrès historique du 22 septembre 1960. A l’heure des bilans et des espoirs projetés dans l’avenir, il est bon, il est réconfortant de constater la fidélité et la célérité avec lesquelles les Résolutions du 22 septembre ont été exécutées. La tâche était difficile à un pays comme le nôtre, de mener la seule politique internationale valable, celle du neutralisme positif, sans calcul ni marchandage, celle de neutralisme jamais équilibriste, du neutralisme vrai qui n’abdique jamais, et qui s’exprime sur chaque problème, avec la conscience aiguë de ses responsabilités et le respect de la morale internationale ; bref, celle de l’engagement sans alignement sur un bloc, contre les colonialistes, contre toute forme de domination étrangère. Nous avons été le premier pays africain à être représenté auprès du Gouvernement légitime du Congo, vice présidé par M. Antoine Gizenga.
Nous sommes solidaires de tous les peuples écrasés par le colonialisme et qui luttent pour se libérer du joug étranger. Cette solidarité africaine a été un des points essentiels des résolutions de notre Congrès. Tirant les leçons du passé, nous avons œuvré inlassablement à la réalisation de l’union de nos Etats et à détruire les divisions artificielles. C’est ainsi que, fidèle à notre Parti, le Mali a envoyé des missions en Haute-Volta, en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Niger, au Togo, au Dahomey, au Ghana, au Maroc, en Tunisie, en République Arabe Unie, en Libye, au Libéria, etc. . . En retour, l’honneur nous a été donné de recevoir sur notre sol des missions gouvernementales africaines diplomatiques, économiques, culturelles, sociales.
Soucieux de ne rien négliger pour développer avec les Etats voisins indépendants les liens de fraternité qui doivent être les nôtres, nous avons renforcé les relations diplomatiques déjà existantes. Camarades, la coopération que vous avez recommandée a été instituée avec nos voisins et avec les pays frères d’Afrique. Chaque fois que cela était possible, le Mali n’a pas hésité à pousser à l’harmonisation et même à la coordination des efforts de nos pays dans le sens de la conquête ou de la consolidation de l’indépendance des jeunes États africains.
L’Union Ghana-Guinée-Mali est une réalité en Afrique occidentale, et la charte de Casablanca brise les barrières entre l’Afrique dite blanche et l’Afrique dite noire.
Nous pouvons donc affirmer que nous avons appliqué sans défaillance la politique de main tendue à tous les États frères désireux de se libérer totalement du colonialisme sous toutes les formes, et convaincus de la nécessité de réaliser l’union de tous pour l’avènement d’une Afrique telle que nous la voulons. Sur la scène internationale, notre jeune République a fait son entrée et non des moins brillantes. Dès son admission à l’Organisation des Nations Unies, elle a joué le rôle que vous savez, honoré ainsi nos martyrs et fait la fierté de nos militants. A la pratique tortueuse dans les relations internationales qui fait taire ce que l’on pense et fait affirmer ce que l’on ne pense pas, que l’on appelle la diplomatie, nous avons préféré la définition claire et brutale de nos pensées et de nos positions…..

A suivre

Youssouf Sissoko

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