Rétrospective : Le discours pour la Côte d’Ivoire que n’a pas prononcé Laurent Gbagbo (première partie)

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L'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, le 28 janvier 2016, lors d'une audience à la Cour pénale internationale de La Haye (Pays-Bas) © ICC-CPI

En rejetant sa défaite, Gbagbo a-t-il perdu une occasion historique d’affirmer sa grandeur ?  Il était une fois la fiction politique… L’auteur Jean-Louis Sagot-Duvauroux réagit à l’actualité de la crise ivoirienne et écrit pour J.A. un texte dans lequel il imagine ce que le président sortant Laurent Gbagbo aurait pu dire à l’annonce des résultats de l’élection présidentielle du 28 novembre dernier. Bonne lecture !

« Abidjan, le 1er décembre 2010

Mes chers compatriotes,

La Commission électorale indépendante vient de me remettre son décompte des résultats de l’élection présidentielle. M. Alassane Dramane Ouattara y est crédité de 54,1 % des suffrages. Avant de vous indiquer quelle est la conduite que je me fixe dans cette circonstance, permettez-moi de vous rappeler les conditions très particulières dans lesquelles j’ai été amené à exercer le pouvoir suprême.

Élu en 2000, j’ai tenté de mettre en pratique les idéaux qui depuis l’origine ont guidé mon engagement politique : souveraineté effective de la Côte d’Ivoire, avancée vers une plus grande autonomie économique, souci des besoins sociaux, respect d’institutions démocratiques essentielles comme le multipartisme ou la liberté de la presse… Ma politique s’est heurtée à l’hostilité des grandes puissances, qui, avec le Premier ministre Alassane Ouattara ou le président Henri Konan Bédié, s’étaient habituées à une Côte d’Ivoire docilement soumise à leurs intérêts. La rébellion militaire de 2002 aurait dû être réduite avec le concours de la France, si ce pays avait respecté l’accord de défense qui le liait à nous. Mais cet accord avait été signé avec d’autres et pour d’autres buts que la souveraineté de l’État ivoirien. Ces forces étrangères furent au contraire utilisées pour entériner la division du pays. Par nécessité et pour ne pas aggraver les tensions, j’ai tenté de faire avec. J’y ai mis, c’est vrai, cette adresse que vous me reconnaissez quand vous me donnez le sobriquet de « boulanger ». Je ne me repens pas d’avoir, comme vous dites, « roulé mes adversaires dans la farine ». J’ai au contraire le sentiment d’avoir répondu, avec les moyens qui me restaient, au mandat du peuple.

Je me suis également attaché à rétablir des conditions à peu près acceptables pour une élection libre et démocratique. M. Alassane Ouattara avait été écarté des scrutins précédents sous l’effet d’une loi électorale rédigée sur mesure par son nouvel ami Henri Konan Bédié. Il a pu cette fois se présenter et faire campagne sans entraves. Je connaissais pourtant sa vertu démocratique à géométrie variable : Premier ministre, il m’avait fait emprisonner pour délit d’opinion ! Confiant dans les vertus démocratiques de la controverse, je me suis soumis à l’exercice d’un débat télévisé en direct. Et vous êtes allés voter.

Maintenant, que faire ? Beaucoup, dans mon entourage, me suggèrent de refuser un résultat dont tout indique qu’il force la réalité. Le président du Conseil constitutionnel me propose d’annuler le vote de plusieurs départements soumis à l’intimidation des Forces nouvelles. La pression frénétique de la France, des USA et du panier de crabes nommé « communauté internationale » me donne à penser que l’étranger tient beaucoup à l’investiture de l’accommodant M. Ouattara. Ces interventions m’inciteraient plutôt à ne pas m’incliner…. »

Youssouf Sissoko

youssouf@journalinfosept.com

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8 COMMENTAIRES

  1. Les acteurs de l’histoire peuvent ne pas être présents à un moment donné, mais le peuple qui transmet l’histoire de génération en génération est toujours présent.
    On peux forcer le destin et dieu te l accordera mais tôt ou tard la vérité fera jour et s imposera à tout.
    Es africains devraient faire leur propre état de conscience au vu de ce que la communauté internationale à dit en côté d ivoire et ce qui a été dit du Gabon.
    C est notre amour,notre hauteur de vue et notre crainte de voir des frères, des soeurs, amis tues,ou sur le chemin de l exil qui devraient nous guider et non le soutien d ailleurs.
    Aujourd’hui on te suit pour écraser ton adversaire,demain on suivra un autre pour t écraser et on ira dans cette alternance juste pour des intérêts.
    Pourquoi,cherons nous pas à régler nos contentieux sans une partie tierce?
    Algore à conteste bush,les voix ont été recompte sans faire appel à la russie,ni à la Chine encore moins à la france..et pour éviter des candidats potentiels de menacer leurs poulains,on crée la CPI.
    Kabila à été aide pour interner jean pierre,et kabila ne faisant plus leurs affaires,kabila est traité de tous les mots et sans la menace de retrait des pays africains,fatou ben soudan la cuisinière aurait déjà boucle le dossier kabila.
    La faute,c est nous même les africains.

  2. Le President Laurent Gbagbo n’est pas encore mort alors nous croyons qu’il indecent pour des individus de mettre des discours dans sa bouche.
    La question qu’il est a posee a Bensouda le jour ou il lui a ete donne de prendre la parole a son audience en dit long:”Qui a gagne les elections?”
    Cela ne ressemble certainement pas a la parole de quelqu’un qui avait deja reconnu sa defaite dans un discours.
    Vous ne pouvez que mentir aux personnes denuees d’esprit critiques….

    LHomme Faust
    Boston, MA.
    USA

    • “Qui a gagne les elections?”

      C’est effectivement la grande question!
      Après avoir été reconnu vainqueur par la cour constitutionnelle, le président a même proposé qu’on recompte les voix, à plusieurs reprises: ouatarRAT fort de ses soutiens français et de l’onul, a dit “NON”, et a dit “oui à la guerre”…

      Cette même onul a recompté les votes ailleurs, comme en Afghanistan, après les élections contestées!

      Beaucoup de gens au mali ont soutenu ouatarRAT, par pure tribalisme, parce que dioula… et soit disant musulman, ce qu’il n’est pas…

  3. J’ai donc longuement réfléchi. J’ai repris les comptes. Devant les graves irrégularités constatées dans les régions sous contrôle des Forces nouvelles, de nombreux recours ont été déposés auprès du Conseil constitutionnel. Mais ces réclamations additionnées ne permettent pas de renverser le résultat. Quant à la suggestion du président du Conseil constitutionnel, elle est un signe d’amitié à mon égard, mais elle contrevient au code électoral accepté par tous. La logique institutionnelle veut donc qu’Alassane Ouattara soit reconnu président de la République.

    • “La logique institutionnelle veut donc qu’Alassane Ouattara soit reconnu président de la République”

      LA VÉRITÉ est que la commission électorale ivoirienne n’a jamais reconnue la victoire ou prononcé la victoire de Alassane, ni de Gbagbo d’ailleurs!!!

      ———————————————> JAMAIS!

      C’est le président de la commission électorale, appartenant au parti de ouatarRAT, a été pris en otage par les ambassades de franSS et des USA qui l’ont emmené dans le QG (!!!), de l’Alasanne DRAMTIQUE ouatarRAT, pour qu’il prononce la victoire de ouatarRAT!

      Donc, c’est le seul président, sans la commission électorale, qui a dit que son patron ouatarRAT avait gagné, devant la presse française, sans la télé ivoirienne!

      Car la commission électorale a repassé le temps alloué pour prononcer un résultat!

      Donc la commission électorale a passé la main à la cour constitutionnelle qui elle, toute la cour ensemble, contrairement au cas de la commission électorale et son seul président, a dit que Gbagbo avait gagné…

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