Les parcours des trois chefs d’Etat qui se sont succédés à la tête du Mali indépendant de 1968 à nos jours dans le cadre des relations africaine est criard. d’où le lieu pour l’écrivain Doumbi Fakoly de poser un diagnostic sans appel: « le travail remarquable, patriotique et panafricaniste du premier président malien, Modibo Kéita, en faveur de la libération et de l’unité de l’Afrique a été dilapidé par ses successeurs ».
Les relations africaines du Mali indépendant sont à l’image de chacun des différents chefs d’Etat qui ont servi notre pays. Ce bilan reflète la vision, la politique et la détermination de chacun d’eux pour l’essor de l’Afrique.
Selon le livre de Doumbi Fakoly sur les cinquante ans d’indépendance du Mali, les œuvres de notre premier Chef d’Etat, Modibo Kéita, n’ont pas été poursuivies par ses successeurs.
Pour cette raison, il explique que le président Modibo Kéita nourrissait du panafricanisme et défendait partout où il passait. Mais aussi, qu’il a rappelé ce combat de sa vie en 1962, au palais du Kremlin à Moscou : «le Mali ne saura considérer sa mission comme accomplie tant qu’un seul pouce du sol africain sera occupé par des colonialistes avides ». Mieux, cette déclaration est en parfaite harmonie avec notre constitution qui stipule que la République du Mali peut conclure avec tout Etat d’Afrique des accords d’association et de communauté comprenant l’abandon partiel ou total de souveraineté en vue de réaliser l’unité africaine.
En clair, le premier Chef d’Etat du Mali fut l’un des premiers dirigeants de l’Afrique à investir dans la création et l’élaboration de la charte de l’Organisation de l’Union Africaine (OUA). Il voulait cette union de l’Afrique. Coûte que coûte. Et quoiqu’il en coûte.
Par ailleurs, la diplomatie malienne au temps de Modibo Kéita a manifesté une solidarité agissante envers tous les combattants de libérations sur le continent. Ainsi, dès 1960, le Mali reconnaît le Gouvernement Provisoire de la Révolution Algérienne (GPRA). Et en 1961, notre pays a reconnu le gouvernement congolais d’Antoine Gizenga tout en envoyant des représentants auprès dudit gouvernement.
d’autre part, le Mali a apporté son soutien constant à la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. En 1963, le Mali a pu obtenir un accord immédiat sur la fin du conflit frontalier de la « guerre des sables » qui opposait l’Algérie au Maroc. A cet effet, Hailé Sélassié d’Ethiopie a été reçu à Bamako, lors de la rencontre entre le roi Hassan II et le Général Oufkir. A l’époque, la diplomatie volontariste de Modibo a valu au Mali d’être l’un des centres majeurs du nationalisme africain. Bref, le panafricanisme du président Modibo était sans faille. Ou presque.
Les exploits de Modibo Kéita aux oubliettes
La vision du premier Chef d’Etat du Mali, selon Doumbi Fakoly n’a pas été bien entretenue par ses successeurs.
Sous Moussa Traoré, les relations africaines de notre pays se résument, seulement, à trois faits. A savoir l’entrée du Mali dans la CEDEAO en 1975 ; puis dans l’Union Monétaire Ouest-Africaine (UMOA) en 1984 et la désignation de Moussa Traoré à la présidence de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) en 1988. S’y ajoutent, les deux conflits frontaliers déplorables avec la Haute Volta, en 1974, et en 1985 sous le règne de Thomas Sankara. Par la suite, le Général Moussa Traoré a passé le reste de son règne, sans entretenir, les relations d’amitié africaine conclues par son prédécesseur.
Pour sa part, le Mali sous le régime d’Alpha Oumar Konaré, a érigé quelques monuments en hommage à l’Afrique et à quelqu’un de ses grands leaders : Kwamé Kruma.
Par ailleurs, le président Alpha Oumar Konaré a déçu ou trompé ses homologues. Du moins, si l’on en croit les témoignages de l’auteur du livre.
Selon notre écrivain, Olusegum Obansajon a asséné ses quatre vérités à notre président (Alpha) : « cet homme ne dit jamais deux fois la même chose ». d’autre part, le message de l’ex président guinéen, en sa qualité de Secrétaire exécutif de la CEDEAO est clair : « Alpha ne trahit que ses amis ».
Autant de critiques des leaders d’Afrique à l’endroit du président Konaré.
Néanmoins, après son mandat Alpha a occupé le poste de la présidence de la commission de l’Union Africaine.
Quant à ATT, il s’est contenté d’entretenir les étroites relations tissées avec le président libyen. Et contre toute attente, il libère en 2010 un otage français en échange de quatre prisonniers islamistes algériens. Sans consulter les voisins algérien et mauritanien avec qui, notre pays partage le même combat contre le terrorisme islamique. Du coup, l’Algérie et la Mauritanie protestent en rappelant leur ambassadeur. Respectivement.
Autrement dit, aucun des successeurs du premier chef d’Etat malien, Modibo Kéita, n’a rehaussé le degré de la diplomatie malienne dans les relations africaines qu’il avait entamé.
Oumar Diakité
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