Propos mémorables: Alpha Oumar Konaré président de la République (4 décembre 2000)

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Nous devons condamner sans ambigüité les prises de pouvoir par la force.

On ne saurait condamner un coup d’Etat en Afrique et applaudir un autre au Pakistan. Tout coup d’Etat est le fruit d’un échec.
Que les candidats putschistes sachent à l’avance que notre cercle de famille ne leur sera jamais ouvert, qu’il ne leur sera jamais permis d’organiser des élections pour se faire élire !.

Les auteurs des coups de force comptent sur la lassitude- « laissez-les faire », après les condamnations, les sanctions seront levées pour ne pas pénaliser les peuples. Ils jouent les partenaires les uns contre les autres. Ils prennent les peuples en otage. Ils croient aussi pouvoir profiter des valeurs d’écoute et de tolérance des démocraties. Cela devient possible chaque fois que les démocraties sont vidées de leur dimension de solidarité et de justice sociale. Elles deviennent alors des proies innocentes exploitées par les dictateurs.
La seule légalité, prenant prétexte que c’est conforme à la Constitution, ne suffit pas à justifier des coups de force.
Les Constitutions ne sont pas inodores et incolores. Une Constitution fondée sur l’exclusion, la xénophobie, le rejet du pluralisme ne saurait être, ce nous semble, une Constitution démocratique, surtout en ces temps de démocratie ouverte.

« La Cour l’a dit ! » Cour constitutionnelle ou Cour suprême, tout dépend de la façon dont cette Cour est établie, de sa représentativité, de la qualité des hommes qui l’animent. Sans oser remettre en cause leurs prérogatives en ces temps de souveraineté concertée, ne peut-on pas imaginer d’autres recours, régionaux ou internationaux, pour d’éventuelles contestations ?
Dans tous les cas, finie à jamais, l’ère des « jojos » et des commandants suprêmes !
Nos partis politiques doivent développer une culture de la majorité et une culture de l’opposition. Ainsi, pour être démocratique, la majorité doit-elle agir dans le respect de la Constitution et de l’opposition, dont le statut et les droits doivent être sauvegardés. L’opposition pour sa part doit accepter de jouer pleinement et loyalement le jeu démocratique car la réussite de tout processus démocratique est une responsabilité partagée. Sortons des visions manichéennes de la démocratie, où toute majorité est suspecte, toute opposition est louable. C’est oublier que toute opposition n’est pas démocratique. L’opposition doit participer à l’exercice du pouvoir, mais dans l’opposition, pas nécessairement dans le partage des poste.

L’expérience des dix dernières années atteste la fragilité des institutions républicaines. C’est en leur sein que s’anime la vie démocratique. Il ne saurait y avoir d’état de droit sans un Etat for et démocratique, éduqué au respect des droits humains et à la culture de la paix, et soumis à l’autorité civile.

La question des partis politiques est aussi fondamentale car il n’y a pas de démocratie sans partis politiques.
Nombre de partis existant aujourd’hui sont le plus souvent des appareils électoraux, alors qu’il revient à leurs chefs d’accroître leur rôle de formation des consciences politiques, de formation civique, de faire respecter l’intérêt public. Tâche prioritaire de la diffusion d’une culture démocratique. L’expérience des dix dernières années nous conduit à souhaiter également le financement publique et de la presse, et à souhaiter la moralisation de ce financement public comme privé pour réduire l’action de puissances d’argent, pour éviter tout enrichissement personnel et abus de bien social.

L’un de défis actuels est l’organisation des élections. Les élections sont aujourd’hui en Afrique l’Object de toutes les crispations (autour des listes électorales, de la transparence des scrutins…). Les périodes électorales deviennent de plus en plus des périodes conflictuelles. Aussi est-il impératif pour nous de rester attachés à la tenue d’élections équitables faisant plus de place aux femmes, d’élections libres, transparentes et régulières, garantissant l’alternance. Nous ne pouvons que manifester beaucoup d’inquiétude aujourd’hui face au coût de plus en plus élevé des élections, financées essentiellement par l’extérieur ( ce qui est peu compatible avec nos souverainetés), et face au risque de corruption que l’organisation des élections sécrète, avec très peu d’actes civiques, beaucoup d’actes marchands, d’actes monnayés ! Réfléchissons bien ! Peu de place est laissée au bénévolat.
Les partis politiques paient pour avoir des militants ; les citoyens sont payés pour être des électeurs. Des recours, des médiations doivent être crées sur le plan local, national, régional et international (multiplions les expériences de conférences nationales, de concertations régionales, de rencontres intercommunautaires, de forums politiques, etc.) pour renforcer l’écoute mutuelle, le dialogue l’échange, pour sortir des logiques de blocage, d’affrontement, des logiques de ceux qui ne peuvent imaginer perdre que si leurs adversaires ont triché !

Hélas ! La culture de la violence et de la tricherie se développe.
Nous devons veiller à la transparence et à la fiabilité des élections parce qu’elles sont indispensables à l’alternance démocratique, la nécessaire alternance qui devrait, pour sa survie, aller au-delà d’un « jeu de ping-pong » ou de tennis pour conduire à un renouvellement des acteurs du politique.

La réussite d’un homme politique, singulièrement d’un chef d’Etat, doit se mesurer aussi à sa capacité à passer le relais ; c’est pourquoi, il est important de définir les statuts des anciens responsables, singulièrement des chefs d’Etat. Pour un chef d’Etat en exercice, être ancien chef d’Etat doit être l’objectif de plus recherché.’’
(Source : Ensemble Debout. Edition Cauri livres).

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4 COMMENTAIRES

  1. Nos vieux voleurs vautours ventrus aiment la demoncassie deh!!!

    Ils mangent, mangent, mangent… rien à foutre de a souffrance, de la sécurité, de l’éducation … du peuple…

  2. C’est lui qui a été le premier à déstructurer l’armée malienne, en disant qu’il n’y a plus de guerre entre État sans savoir que le type de guerre évolue sans cesse et que pour avoir la paix , il faut préparer la guerre. Il se tait maintenant alors que le pays qui l’a fait ce qu’il est brûle. Rappelons que cet usurpateur a été le principal bénéficiaire des mouvements de grèves de l’AEEM en 1991 où ils ont amplifié par des mensonges à travers le journal “les Echos”.

  3. Mr konare, pourkoi se cacher derriere la democratie pour voler, pier, detruit le pays. depuis 2000 de nos jours qui sont les millionnaires du pays ????
    croyez vous que la democratie est faite pour les pauvres pays. en tant que professeur et president, l’ecole Malienne est mort devant tes yeux????
    moi je regret GMT avec qui on mangeait bien, la vie etait moin chere, la securite 100%. le MALI est incapable et malade avec cette democratie.
    le Mali avec les structures calcinees de cette democratie mal pratiquer.
    Mr KONARE qu’a tu fait pour aider le Mali mourrant dans les mains de IBK et son clan ????
    Merci.

  4. Alpha Oumar Konaré, fils d’un enseignant et lui même est enseignant de profession. Naturellement, son arrivée au pouvoir devait être un Salut pour ce milieu. Mais Hélas, il a complètement bradé ce milieu aux plus offrants! Depuis, le Mali a du mal à se relever de cette bassesse intellectuelle.
    C’est également sous son règne que le vol des deniers publics de l’Etat a été légitimé. Comment? UN ministre qui ne pouvait faire entrer dans la caisse de l’Etat plus de 500 000 F CFA par mois gagnait des dizaines de millions par mois. Ainsi, sous règne, on verra apparaître pour la première fois dans l’Histoire de notre pays DES MINISTRES milliardaires.
    Sous son règne, à force de prendre des mesures drastique contre les politiques, il a fini par dépolitiser le champ politique.
    Sous son règne, c’est avec lui que commence la privatisation à l’aveuglette des sociétéss d’Etat. L’une d’elles ayant fait plus de mal à la population rurale (le Mali est majoritairement rural) est la CMDT.
    Le comble dans tout ça, il va obliger Pascal Baba Coulibaly pour que celui-ci lui consacre un livre.
    Alpha Oumar Konaré, merci à vous pour avoir sacrifié nous les jeunes de la génération 1991- 2002!!!

    Je suis en retard, le boulot m’attand, on se rattrape après.

    Bonne journée à tout le monde!!!

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